Des députés ont critiqué, jeudi 5 novembre, le taux d’intérêt élevé des prêts bancaires qui obligent le citoyen tunisien à rembourser plus que le double du montant emprunté en raison de la hausse du taux d’intérêt directeur de la Banque centrale de Tunisie (BCT).
Ils ont appelé, lors d’une séance plénière consacrée à un dialogue avec le gouverneur de la BCT, Marouane Abassi, sur la situation économique et financière du pays et les activités de l’Institut d’émission, à réduire le taux d’intérêt directeur d’au moins 200 points de base pour alléger la charge des prêts sur les familles et booster l’investissement.
Ils ont également pointé du doigt la manière avec laquelle les banques tunisiennes applique la circulaire de la BCT relative au report des échéances de crédits en raison du manque de clarté de ce document, selon la députée Abir Moussi.
Le député Fayçal Derbel s’est dit étonné par le fait que chaque banque se base sur sa propre formule de calcul, appelant à la nécessité d’unifier les formules comptabilités en vue d’obtenir des états financiers comparables à fin décembre 2020.
Pour sa part, Yassine Ayari (indépendant) estime que la Banque centrale a échoué à imposer la surveillance des institutions financières.
Avis partagé avec le député Maher Madhioub, qui a dénoncé les comportements des banques avec les citoyens à l’étranger, en les qualifiant ” d’irresponsables et non professionnels “.
Tout en louant la politique monétaire adoptée par la BCT, notamment depuis le début de la crise de la Covid-19, certains députés ont tout de même critiqué l’absence de tout signal d’alarme de l’Institut d’émission, notamment après la hausse du taux de la dette publique.
Ils appellent en outre la BCT à appuyer le gouvernement afin de réduire l’impact de la crise économique à travers la mise en place d’une nouvelle vision. Il s’agit également de renforcer le rôle de la BCT, laquelle assume une partie de la responsabilité monétaire dans une conjoncture très menaçante pour les entreprises publiques qui enregistrent un taux d’endettement “exagéré”, selon le député Iyadh Elloumi.
Le député Fathi Ayadi souligne la nécessité d’élargir le champ d’intervention de la BCT, et ce dans le cadre de ses prérogatives en matière de coordination entre la politique monétaire et la politique économique du pays.
Il estime que, pour sortir de la crise, il est nécessaire de coordonner les efforts entre l’institut d’émission et le gouvernement, notamment à travers le financement de l’investissement et du secteur public ainsi que les secteurs productifs.
S’agissant du recours au financement intérieur pour aider le gouvernement à boucler son budget de l’exercice 2020, les députés ont estimé que le vrai problème réside dans le manque de coordination entre la BCT et le gouvernement, outre le fait que les programmes mis en place manquent de visibilité.
Les interventions des députés ont, par ailleurs, soulevé une autre problématique liée à la Banque tuniso-française (BFT) qui pourrait coûter aux contribuables tunisiens 4 milliards de dinars, selon Zouheir Makhlouf.