Cette phrase est signée Samir Saïed, le PDG de Tunisie Telecom qui clôturait la première édition de l’événement Tech Trends By TT, organisé en webinaire jeudi 6 novembre 2020 sur le thème « L’inclusion digitale, levier économique et social ».

Les sous-thèmes débattus sont :

  • Enjeux et avantages de l’inclusion digitale
  • Digital et accès à l’éducation
  • Impact socioéconomique
  • Success stories tunisiennes.

Les débatteurs sont entre autres Tawfik Jelassi, qu’on ne présente plus, Christopher Fabian (senior advisor of UNICEF ventures), Dr Zohra Yermiche (directeur du programme Connect to learn Ericsson), Dr Borhene Chakroun, Lasaad Ben Dhieb, Adnen Ben Halima…

A la question de Wassim Ben Larbi de savoir pourquoi TT organise cet événement, Samir Saïed a répondu que « c’est parce que nous vivons une ère de la révolution digitale, et de ce fait, aucun secteur d’activité, aucune industrie ne sera épargné par cette transformation radicale ».

Il constate à l’instar de beaucoup d’autres que « les ICT (technologies de l’information et de la communication) sont en train de transformer radicalement le quotidien et la vie de tous les citoyens. Nous avons aujourd’hui un accès incroyable à l’information, un accès immédiat à la connaissance, on peut traiter toutes ses démarches administratives à distance, faires des opérations chirurgicales à distance. En plus, les ICT nous permettent de nous connecter avec nos plus proches. Donc, Tunisie Telecom, en tant qu’opérateur télécoms historique public, ne peut pas rester à la marge de cette révolution. Nous nous devons de jouer un rôle de promoteur de cette culture, de cette transformation radicale ».

Par ailleurs, en lançant Tech Trends qui sera un événement trimestriel, TT a pour ambition de rassembler les talents et compétences du pays –mais aussi internationaux- pour parler des sujets d’actualité, ajoute M. Saïed. Car, cette actualité ne s’arrête pas dans le monde des télécoms, c’est un monde mouvant. « Nous devons être à la page, et cette plateforme sera partagée par l’ensemble des compétences qui peuvent un peu éclairer le chemin pour les individus pour leur propre épanouissement, pour le suivi de cette extraordinaire révolution. Cela est surtout valable pour la PME qui a un potentiel de développement énorme… ».

Pourquoi le choix de cette thématique ?

La réponse de Samir Saïed est limpide. Aujourd’hui on reproche aux TIC de créer des inégalités. Ce n’est pas tout à fait faux, dit-il. Parce que quand on voit que 1% de la population mondiale possède 50% de la richesse mondiale, essentiellement dans les Fintech, on peut se poser la question de savoir si c’est une force de bien ou une force de mal. « Nous pensons à TT que la technologie doit être un moteur de développement, d’inclusion et de promotion sociale. Jamais dans l’histoire nous avons eu ces moyens pour pouvoir rattraper le retard de développement et aller dans le sens du progrès social ».

En effet, Samir Saïed estime que le gap d’inégalités qui s’est creusé aujourd’hui est “intolérable“, “inacceptables“.

Et il explique –en dénonçant : « Les infrastructures sont concentrées dans les villes en ignorant le monde rural, nous avons les hommes qui sont plus connectés que les femmes, les pauvres moins connectés que les riches. Pour changer cet état de fait, il faut que les gouvernements, les ONG, les opérateurs, les entrepreneurs et toutes les bonnes volontés unissent leurs forces pour réduire ce gap et permettre ainsi aux PME/PMI et autres de bénéficier de l’extraordinaire révolution que représente la transformation digitale ».

Lobna Smida, une leçon d’humilité pour tous…

Dans son intervention de clôture de la session, Samir Saïed a semblé ravi des différentes contributions des intervenants. «J’ai vécu beaucoup de moments forts pour cette 1ère édition. Mais je pense que je ne peux pas ne pas rebondir sur l’intervention de Mme Lobna Smida. Cette dame est un exemple, une leçon de courage. Elle nous a donné à tous une leçon d’humilité. Elle a dit énormément de choses sensées, entre autres « quand on veut on peut ».

En tout cas, pour M. Saïed, le digital justement doit être un outil d’épanouissement. Et pour étayer ses idées, il cite Wilson Churchill qui disait que « l’avenir sera radieux pour moi, car j’ai l’intention de l’écrire moi-même ». Alors, Saied considère Aujourd’hui que, avec la possibilité d’avoir les connaissances au bout des doigts, on peut acquérir toutes les compétences qu’on veut pour pouvoir réussir dans sa vie, individuelle et professionnelle.

Le PDG de TT a aussi rebondi sur l’intervention Tawfik Jelassi, concernant le «… ce moment fantastique à Borj Khadhra, cet accueil avec des pleurs… Je dirais que TT a énormément investi pour justement atteindre cette localité, car la connecter c’est symbolique et primordial pour TT ; c’est plein de sens et de leçons. Je me souviens de la fierté de si Moktar Mnakbi (ancien PDG de TT, ndlr) pour de ce devoir accompli en connectant Borj Khadhra ».

Et il pense qu’on peut maintenant généraliser cette expérience.

TT est une entreprise publique nationale, souligne-t-il, et connecter les zones lointaines ou « zones blanches » n’est pas chose aisée, cela coûte 2 fois plus cher que le reste et c’est 10 fois moins rentable, selon une étude mondiale. C’est pour dire combien il est difficile pour un seul opérateur d’investir pour connecter ces zones.

Heureusement, à travers le fonds E-Gov pour l’installation de la fibre optique, plus de 2 500 établissements scolaires vont être connectés en fibre optique, ce qui permettra à toute la région de s’intégrer par la grande porte au grand débit, à la fibre optique. Ça va ouvrir toutes les possibilités, y compris pour les pme et pmi et les professionnels, explique Saïed.

Il rappellera également que nous avons perdu la montée en cadence dans la valeur ajoutée au cours des années 90, ce qui fait que nous n’avons pas pu exploiter toutes les opportunités offertes dans l’éducation. « Mais aujourd’hui on a une excellente occasion de nous rattraper avec le digital ; nos ingénieurs font partie des meilleurs du monde, même si beaucoup d’entre eux sont en train de quitter le pays ».

Et d’appeler à « … créer l’écosystème qui permet de les retenir et leur permet de s’épanouir et produire. Car il ne s’agit pas uniquement de l’infrastructure –TT et l’Etat s’en chargent-, mais de créer de contenu…». Il estime qu’Internet ne doit pas être un simple moyen de voir des vidéos ou Facebook, il faut que ce soit un moyen de développement et de promotion, individuel et professionnel.

Et c’est aux entreprises, startuppeurs et autres développeurs d’apporter ce contenu.

L’importance des partenariats

Le président directeur général de Tunisie a également évoqué l’intention de Tunisie de travailler avec l’écosystème (startuppeurs, opérateurs ICT…) parce qu’il faut trouver de solutions globales, « car la collaboration et le partenariat amènent de bien meilleurs résultats que si l’on y va solo… ».

Plus important encore, Samir Saïed dira qu’il est maintenant temps d’offrir à la PME tunisienne les moyens d’aller graduellement dans cette échelle de maturation digitale, pour les ICT ne soient plus un moyen d’enrichissement du plus petit nombre (1%) aux dépens du plus grand.

Tallel BAHOURY