Stratégie Consulting, cabinet de consulting suisse, a effectué au mois d’octobre 2020 un sondage sur les obstacles qui entravent la croissance et le développement en Tunisie. Les entités sondées sont des banques, des cabinets de consulting, d’audit, d’avocats, des multinationales, des industriels et autres ONG.
Abou SARRA
Objectifs du sondage : déterminer les différents obstacles affrontés par un décideur et/ou investisseur étranger avant la prise de sa décision et identifier les difficultés qui empêchent la Tunisie d’avancer dans les secteurs vitaux.
Les questions posées ont porté sur le degré d’exploitation du positionnement stratégique de la Tunisie, les ressources humaines, l’administration publique, le système financier, la corruption et d’autres questions.
En voici les principaux résultats.
Le positionnement géographique de la Tunisie est mal exploité
“Sur le plan économique, la Tunisie tire-t-elle profit de sa position géographique ?“. A cette question, 69% des sondés ont estimé que cette position est mal exploitée, 24% pensent le contraire, et 7% ne se prononcent pas.
A la question “comment évaluez-vous le niveau des ingénieurs tunisiens ?“, 74% des sondés considèrent que les ingénieurs tunisiens sont bien qualifiés avec des nuances toutefois. Car 19% d’entre eux estiment que les ingénieurs tunisiens sont très bien qualifiés, 33% sont bien qualifiés et 22% sont qualifiés, mais 8% des interrogés pensent qu’ils sont peu qualifiés.
Au sujet de l’administration publique et de l’évaluation des charges administratives liées à l’investissement en Tunisie, 71% des interrogés ont qualifié de « lourdes » ces charges, c’est-à-dire que la bureaucratie pèsent négativement sur l’investissement. 13% pensent que ces charges sont « allégées ».
Par ailleurs, 64% des sondés estiment que le niveau de corruption est élevé, dont 11% “trop élevé“, 53% “élevé“ et 21% “moyen“.
Concernant l’efficacité ou la non efficacité de la lutte contre la corruption, 59% des interrogés considèrent qu’elle est inefficace, 9% modeste, 11% prometteuse.
Enfin, quand on leur a demandé « comment évaluez-vous le système financier tunisien ? », 68% des sondés ont répondu que ce système est assez mauvais, dont 43% mauvais et 25% très mauvais. Seuls 9% et 17% le trouvent respectivement “bon“ et “rassuré“.
Pour présenter autrement ces résultats, on dira qu’au niveau de la position géographique, 2/3 des sondés estiment que cette position est mal exploitée.
Au plan des ressources humaines, 74% des sondés estiment que les ingénieurs tunisiens sont bien qualifiés.
Quant aux charges administratives liées à l’investissement, 71% des voix jugent les contraintes administratives lourdes.
L’Etat ne lutte pas assez contre la corruption
Au niveau de la corruption, la situation est jugée alarmante. Plus de la moitié (64%) des sondés considèrent que le niveau de la corruption est élevé (seuls 2% pensent qu’il est faible).
A propos de la lutte contre la corruption, les sondés pensent que l’Etat tunisien ne s’implique pas assez dans cette lutte, malgré l’existence d’une instance dédiée, en l’occurrence l’INLUC (Instance nationale de lutte contre la corruption). 59% des sondés considèrent que les actions prises par l’État sont inefficaces.
Vient ensuite le système financier, 68% des sondés le qualifie de “mauvais“, 9% le jugeant “bon“.
In fine, l’enquête fait le constat suivant : la Tunisie est un pays qui bénéficie d’une position géographique très avantageuse, accablée par un fardeau administratif trop lourd et majoritairement corrompu, signe d’un système financier affaibli, qui n’encourage pas les investissements et la productivité.
Le Cabinet Stratégie Consulting suggère un examen approfondi des résultats de ce sondage et insiste sur l’enjeu pour les autorités tunisiennes de réformer, dans les meilleurs délais, le système administratif et financier du pays.
Selon ledit cabinet, la Tunisie doit lutter contre la lourdeur de son système administratif. « Une bureaucratie trop lourde, freine la productivité et la croissance économique », conclut-il.