Le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement a approuvé, lundi 9 novembre 2020 à Abidjan, la mise à jour et l’extension jusqu’en décembre 2022 du Document de stratégie-pays (DSP) de Djibouti pour la période 2016-2020, dans l’attente de la nouvelle stratégie quinquennale de développement en élaboration.
Le DSP articule la manière dont la Banque entend soutenir les efforts de développement sur une période donnée dans un pays membre régional (PMR). La stratégie est généralement formulée de manière participative, guidée par la sélectivité et alignée, d’une part, sur les objectifs de développement des pays consignés dans les stratégies ou les plans nationaux de développement, et, d’autre part, sur les priorités stratégiques et opérationnelles de la Banque.
Le DSP 2016-2020 de Djibouti était aligné sur les objectifs de développement du pays définis dans la « Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi » (SCAPE) pour la période 2015-2019. La SCAPE est arrivée à terme en décembre 2019 et une nouvelle Stratégie quinquennale de développement comprenant les nouveaux objectifs de développement à moyen terme de Djibouti, en phase avec la « Vision Djibouti 2035 », doit être finalisée et servir de socle à l’élaboration d’un nouveau DSP complet pour Djibouti. Cette nouvelle stratégie nationale n’étant pas encore approuvée, et afin d’assurer une période de transition stable nécessaire pour planifier et livrer les résultats concrets, en attendant la disponibilité d’un nouveau DSP complet pour Djibouti, les administrateurs de la Banque ont décidé d’une mise à jour et de l’extension jusqu’en décembre 2022 du DSP 2016-2020.
Le programme indicatif de financement couvrant la période du DSP mise à jour et étendue jusqu’à fin 2022 comprend quatre opérations d’un coût estimé à 13 millions d’euros (11 millions d’unités de compte) essentiellement couvert par les ressources concessionnelles du Fonds africain de développement.
La mise à jour et l’extension du DSP 2016-2020 de Djibouti propose, d’une part, de recentrer l’orientation stratégique de la Banque pour plus d’efficacité dans ses interventions, compte tenu du volume limité de son financement dans le pays. Elle vise d’autre part, à renforcer la résilience du pays face à de multiples facteurs de fragilité, afin de déclencher une véritable dynamique de transformation structurelle du pays dans l’optique de la « Vision Djibouti 2035 », dont l’ambition est de faire du pays le phare de la Mer rouge et un hub commercial et logistique en Afrique de l’Est.
La mise à jour et l’extension du DSP 2016-2020 de Djibouti s’articule autour d’un pilier unique portant sur le « Développement des infrastructures socio-économiques soutenables et de qualité dans les secteurs de l’énergie et de l’agriculture », tout en prenant en considération les questions transversales telles que le renforcement des capacités institutionnelles, le genre, le changement climatique et le développement du secteur privé.
Cette orientation stratégique diffère quelque peu de celle du DSP 2016-2020, qui reposait sur les deux piliers suivants : « Développement des infrastructures socio-économiques dans les secteurs de l’énergie et la santé » et « Soutien à la bonne gouvernance à travers le renforcement des capacités institutionnelles. » Le choix du secteur agricole au lieu du secteur de la santé se fonde sur la nécessité d’une intervention urgente dans ce secteur compte tenu de l’insécurité alimentaire persistante exacerbée par des invasions acridiennes récurrentes, les effets du changement climatique et l’impact de la crise du Covid-19. De plus, le secteur de la santé a bénéficié au cours de l’année 2020 d’une assistance substantielle des partenaires techniques et financiers, dont la Banque, dans le cadre de la riposte à la crise du Covid-19.
Les quatre opérations du programme indicatif de financement pour la période d’extension du DSP (2021-2022) sont les suivants : le projet d’investissement multinational consacré à la deuxième ligne d’interconnexion électrique entre l’Éthiopie et Djibouti, le projet d’investissement de transformation agricole (faisabilité pour les chaînes de valeur et création d’un centre national d’amélioration génétique des caprins de Djibouti), le programme multinational de renforcement de la résilience pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans la Corne de l’Afrique, et le projet d’appui institutionnel portant sur la réforme et le renforcement de la gestion de la dette.
« L’extension du DSP 2016-2020 permettra à la Banque de maintenir son appui à Djibouti jusqu’au prochain DSP. Dans ce contexte de Covid-19, la Banque est plus que jamais aux côtés de ses pays membres régionaux comme Djibouti pour les aider à faire face aux conséquences sanitaires, économiques et sociales de la pandémie », a déclaré Nnenna Nwabufo, directrice générale par intérim de la Banque africaine de développement pour l’Afrique de l’Est.
Pendant la période de mise en œuvre du DSP 2016-2020, Djibouti a enregistré une croissance moyenne annuelle de 6% de son PIB réel jusqu’en 2019, et les indicateurs sociaux ont connu des améliorations. En 2020, le PIB de Djibouti est estimé à +1,3% dans le scénario de référence et -0,5% dans le scénario pessimiste de la Banque, en raison du ralentissement économique mondial dû au Covid-19. Pour 2021, la Banque table sur une croissance économique de 9,5% (scénario de référence) et 5,2% (scénario pessimiste).
La BAD se dit satisfaite de la mise en œuvre du DSP 2016-2020 en termes d’engagement des ressources concessionnelles allouées à Djibouti. En effet, à la date du 31 juillet 2020, la Banque a approuvé sept opérations d’un montant total de 69 millions d’euros (57,85 millions d’UC) sur une prévision de 36,8 millions d’euros pour la période du DSP, soit un taux d’engagement des ressources de 186,6%.