La Bourse de Tunis figure parmi les marchés les moins touchés par la crise en Afrique et dans la région MENA, avec une correction annuelle de 4,9%, jusqu’au 31 août 2020, selon la revue recherche publiée mardi, par l’intermédiaire en bourse Tunisie Valeurs.
La bonne gestion de la crise et son faible coût humain, poussant les autorités à entamer le déconfinement progressif ont alimenté une reprise boursière, depuis le début du mois de mai jusqu’au mois de juin. Le mouvement de rattrapage boursier a pris fin au mois de juillet, sur fond d’instabilité politique en raison de la démission du Chef du Gouvernement suivie par l’afflux des indicateurs d’activité du 2e trimestre 2020, laissant entrevoir les dégâts de la crise de la COVID-19.
Après un début d’année “morose” perturbé par les tractations politiques autour de la formation du premier Gouvernement post-élections de 2019, le marché a succombé à un mouvement de panique depuis la découverte du premier cas positif COVID-19 en Tunisie (début mars).
Les pressions vendeuses ont atteint leur paroxysme les séances du 13, 16 et 17 mars derniers au cours desquelles le Tunindex a cumulé une baisse de 10%. Le décret du confinement général à partir du 22 mars, le desserrement de la politique monétaire (baisse du taux directeur de 100 points de base à 6,75% et l’assouplissement de la réglementation prudentielle et de la politique de refinancement) et l’annonce de mesures exceptionnelles par les pouvoirs publics et la BCT en faveur des entreprises et des particuliers ont contribué à restaurer la confiance des investisseurs dans les actions cotées. C’est surtout la décision des autorités du marché d’écourter les séances de cotation et de rétrécir la fourchette des variations des cours à ± 3% par séance (contre ± 6% auparavant) qui a limité le coup de froid sur le marché.
Quasiment toutes les sociétés cotées seront négativement impactées de près ou de loin par la crise actuelle. Les mesures d’endiguement de la propagation du virus, les fermetures des frontières, les restrictions à la circulation des biens et des services et les fermetures provisoires d’usines génèrent des perturbations dans les chaines d’approvisionnement et introduisent des distorsions dans les cycles de production et de distribution des sociétés,
L’épidémie a, par ailleurs, un impact majeur sur la confiance des consommateurs et des investisseurs qui sont portés à l’attentisme et enclins de surseoir à leurs gros achats et à reporter leur programme d’investissement.
Les retentissements de la crise actuelle jettent une ombre sur les perspectives des sociétés cotées au moins sur les deux prochains exercices (période 2020-2021).
Par ailleurs, le constat est moins brillant sur le front des échanges. Le volume des transactions s’est contracté de 15% (depuis le début de l’année et jusqu’au 31 août 2020), comparativement à la même période de 2019.
La crise actuelle a, de surcroît, accentué la défiance des investisseurs étrangers vis-à-vis de la place de Tunis.
Longtemps préoccupés par les difficultés post-Révolution de l’économie tunisienne et par les craintes quant à un nouvel épisode du glissement du dinar, les investisseurs étrangers ont été davantage refroidis par le spectre de la récession en Tunisie et ailleurs dans le monde. Les investisseurs étrangers ont enregistré depuis le début de l’année, un flux net vendeur de 35,5 MD.
Force est de constater que la Tunisie, à l’instar de la crise des Subprimes de 2008, n’a pas connu un retrait massif des investisseurs étrangers comme cela a été le cas pour la majorité des places financières internationales. Représentant 24% de la capitalisation boursière globale, la participation étrangère a pour l’essentiel une vocation stratégique et stable. Une très faible part de la capitalisation des étrangers est flottante et volatile. Estimée aux alentours de 2% à 4%, cette frange d’investisseurs de portefeuille a généralement (à moyen et long termes) peu d’effets sur les mouvements du marché .
Sur le compartiment obligataire, huit émissions obligataires ont pu être clôturées depuis le début de l’année pour une enveloppe totale de 163 MD (contre six levées pour 176 MDt à la même période en 2019).
Cette crise mettra encore sous pression les équilibres macroéconomiques du pays qui allaient mal longtemps avant l’épidémie. Les marges de manœuvre des pouvoirs publics et de la BCT sont minces.
Le Gouvernement préoccupé par le niveau élevé de la dette publique et engagé depuis 2019 dans un processus d’assainissement budgétaire ne pourrait pas mettre en place un plan de relance massif qui subviendrait aux besoins de tous les opérateurs économiques, dont une grande partie est absente des statistiques officielles.
Cette frange des métiers informels et semi-informels assurent une grande partie du fonctionnement normal de l’économie. Sans eux, les pouvoirs publics ne pourraient pas remettre en marche rapidement la roue de l’économie, considèrent les analystes de Tunisie valeurs.