Pour le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, «la priorité post-Covid-19 pour l’Afrique, c’est la création d’emplois, la promotion des femmes et le financement de l’infrastructure, en respectant l’environnement».
Il a fait cette déclaration alors qu’il prenait part à la conférence de presse du Sommet « Finance en commun », organisé les 11 et 12 novembre 2020 en marge du Forum de Paris pour la paix, aux côtés de Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement.
A cette occasion, Adesina a défini les grandes priorités de l’Afrique à l’ère post-Covid-19 : financer l’infrastructure, créer des emplois et investir dans les femmes.
Pour Akinwumi A. Adesina, même si l’Afrique est durement impactée par la crise de la Covid‑19, le sursaut collectif des banques publiques de développement manifesté lors du sommet « Finance en commun » permet d’inverser la tendance.
L’Afrique pourrait perdre environ 237 milliards $ PIB brut
L’Afrique risque en effet de perdre entre 173 et 237 milliards de dollars américains de produit intérieur brut rien qu’en 2020–2021, avec une conséquence directe : près de 48 millions de personnes pourraient tomber dans l’extrême pauvreté. Et 30 millions de personnes pourraient perdre leurs emplois dans un continent qui accuse des retards importants de développement sur le reste du monde, aggravés par un endettement important qui pourrait s’alourdir si rien n’est fait.
Si les banques publiques de développement harmonisaient effectivement leurs approches et leurs programmes dans la lignée de leur engagement durant le Sommet « Finance en commun », leur volume de prêt cumulé de 2,3 trillions de dollars par an leur permettrait de combler 92% du différentiel de financement des Objectifs de développement durable (ODD).
Encore mieux, prédit Adesina : « Si ces ressources sont bien exploitées, en impliquant le secteur privé et en les alignant sur l’agenda climatique, nous pouvons non seulement atteindre les ODD mais également les dépasser, et il en va de même pour l’agenda climatique ».
Un déficit de financement de l’infrastructure entre 68 et 108 milliards USD par an
La coopération internationale est d’autant plus pressante que l’Afrique revient de loin, avec un déficit de financement de l’infrastructure situé entre 68 et 108 milliards USD par an, un montant que le secteur public seul ne saurait mobiliser.
Ces investissements doivent être toutefois soucieux de l’environnement, préconise Adesina. Cependant, en dépit des besoins énormes en énergie de l’Afrique, nous devons investir dans les énergies propres, car « le futur réside dans les énergies renouvelables », a-t-il lancé, citant l’ambitieux programme Desert to Power doté de 20 milliards de dollars pour produire 10 000 MW d’énergie solaire au Sahel.
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La crise du Covid‑19 a également montré l’impérieuse nécessité pour l’Afrique de bâtir des systèmes sanitaires efficients, sans oublier d’autres secteurs tout aussi vitaux comme les TIC, l’eau potable et l’assainissement, le transport.
Tous ces efforts seraient vains, prédit toutefois Adesina, s’ils n’étaient pas générateurs d’emplois pour les jeunes et d’opportunités économiques pour les femmes. « Quoi que nous fassions, nous devons être guidés par l’impérieuse nécessité de créer des emplois durables pour la jeunesse africaine, dont l’avenir réside en Afrique, pas ailleurs », a martelé Adesina.
Mobilier 5 milliards d’euros pour les femmes en Afrique
Adesina a ainsi salué l’engagement pris par les banques publiques de développement pendant le sommet FIC à mettre l’égalité de genre au centre de leurs stratégies. Les investissements des banques publiques de développement devraient cibler les femmes qui ont un rôle majeur à jouer dans le développement du continent.
L’Initiative pour favoriser l’accès des femmes au financement en Afrique (AFAWA), lancée par la Banque africaine de développement avec l’appui de l’Agence française de développement et du président Emmanuel Macron, vise ainsi à mobilier 5 milliards d’euros pour les femmes en Afrique.
C’est ce rôle avant-gardiste que le sommet FIC a voulu mettre en valeur, explique Rémy Rioux. « Les banques publiques de développement peuvent apporter des réponses contracycliques à court terme pour faire face à la crise, mais également développer des mesures de reprise durables qui auront un impact à long terme sur la planète et les sociétés », a-t-il déclaré. Il a également salué la dynamique collective qui est en train de se mettre en place pour favoriser l’émergence d’une réponse mondiale aux défis mondiaux.
Et c’est là tout le mérite du sommet FIC, s’est félicité Koen Doens, directeur général de la Coopération internationale et du développement à la Commission européenne. « L’impact réellement positif du sommet réside dans son inclusivité et sa large ouverture à toute une gamme d’acteurs. Cela représente pour nous un aiguillon supplémentaire pour être encore plus ambitieux dans les années à venir », a-t-il promis.