Une étude publiée vendredi 20 novembre par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) et réalisée en partenariat avec Avocats Sans Frontières vient de révéler que 83,6% des jeunes considèrent que la société tunisienne est inéquitable et 83,1% pensent qu’elle est inégalitaire.
Dans le cadre de cette étude intitulée : pensée sociale et résonnances avec l’extrémisme violent, un questionnaire a été établi auprès de 805 jeunes (entre 18-30 ans) issus de quatre quartiers du grand Tunis : Kabaria, Sidi Hassine, El Mourouj et El Menzah et trois focus groupes avec des jeunes de ces quartiers. Le choix des quartiers a été fait avec l’objectif de travailler sur deux types de quartiers structurés et non structurés de Tunis.
L’étude montre aussi que 57,38% des personnes interrogées considèrent qu’elles sont elles-mêmes victimes de violence de la part de l’Etat et 76,23% considèrent qu’elles sont victimes de violence de la part des autres Tunisiens.
71,3% considèrent que la société tunisienne n’est pas fondée sur de bonnes bases et 76,4% considèrent que les classes favorisées ne se soucient pas de celles défavorisées.
Plus de 60% considèrent que l’Etat ne répond pas aux besoins de base
69,7% pensent que l’Etat ne répond pas aux besoins de base. 41,9% des interviewés pensent que l’Etat ne répond pas aux besoins de santé, 65,7% estiment qu’il ne répond pas aux besoins d’éducation et 79,2% indiquent qu’il ne répond pas aux besoins économiques. 76,2% des répondants estiment que l’Etat ne se soucie pas des vrais problèmes des gens, qu’il n’est pas bienveillant (70,2%) et qu’il pratique la violence (70,1%).
La majorité des répondants (80,4%) pensent que l’Etat n’avantage pas les pauvres et privilégie les riches (81,6%).
La plupart (82,4%) pense aussi que les lois ne s’appliquent pas de la même manière pour tous.
De manière générale, chez plus de la moitié des personnes interrogées, la vie en Tunisie, l’Etat et la société sont perçus comme formant un environnement hostile. Selon les perceptions, l’Etat ne remplit pas son rôle et est lui-même facteur de violence sociale (inégalités, injustices…), symbolique (irrespect, marginalisation…) et physique (violence réelle subie). Les focus-groups ont permis de mettre en lumière cette idée d’un Etat qui ne remplit pas son rôle, voire même, qu’il va à l’encontre de ce à quoi il est destiné, à savoir la régulation économique et sociale.
Quant à la société, elle est représentée comme source de violence et de clivages en elle-même. Société et Etat paraissent se faire écho au niveau des représentations, quant à la violence, à l’inégalité et à l’iniquité, perçues.
C’est un mal-être général (personnel, dans ses relations avec l’Etat et avec la société) qui se dégage de ces résultats. S’en dégage également une idée de grande fracture entre classes sociales, entre décideurs et citoyens, entre gouvernants et gouvernés.
Parmi les principales menaces perçues, on retrouve les politiciens, les ” terroristes “, la ” mentalité ” et la corruption. Quant aux raisons de l’absence de fondements solides de la société, on retrouve des arguments très semblables hormis celui de la ” pauvreté ” qui devient assez fréquent concernant cet aspect.
Il est à noter que le recours à l’argument ou aux cadres de référence religieux est rare dans ces attributions causales.
Cependant, lorsqu’on demande explicitement si la personne fournirait ” un effort supplémentaire pour ses proches, son pays ou sa religion, il apparaît que la religion tient un statut plus important que le pays ou toute autre affiliation à défendre (région, quartier, amis…), hormis la fratrie et les parents. Elle constitue clairement une cause très importante, sinon la plus importante après la famille proche.