Une étude nationale sur les connaissances, les attitudes et les pratiques parentales liées au développement de la petite enfance révèle un manque de sensibilisation des parents à l’importance de l’éducation préscolaire et à la surveillance des enfants en plus du recours à l’automédication pour soigner les enfants et l’interruption précoce de l’allaitement maternel.
Cette étude, dont les résultats ont été présentés vendredi 20 novembre 2020, lors d’un colloque national organisé par le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors sous la tutelle de la présidence du gouvernement et en coopération avec l’UNICEF, s’inscrit dans le cadre d’un programme national de soutien à la parentalité positive dans le cadre de la stratégie nationale multisectorielle pour le développement de la petite enfance (2017/2025).
Cette étude concerné 5 074 parents (biologiques ou tuteurs) résidant en Tunisie et ayant au moins un enfant de moins de six ans afin de cartographier les connaissances, les attitudes et les pratiques des parents en Tunisie en relation avec les quatre dimensions du développement de la petite enfance qui sont à l’origine des menaces auxquelles l’enfant est confronté.
Education préscolaire: l’importance de jouer et de communiquer avec les enfants
L’étude a conclu que 43% des parents sondés ne sont pas conscients de l’importance de l’éducation préscolaire dans le développement de l’enfant, et que 52% d’entre eux n’acceptent pas d’impliquer l’enfant dans la prise de décisions qui le concernent, et 31% ne cherchent pas à renforcer la confiance en soi de l’enfant.
Elle a également révélé que le taux de couverture de l’éducation préscolaire est encore faible (il ne dépasse pas 49,5% pour les enfants qui ont atteint l’âge de trois ans), et que 62% des enfants interrogés s’inscrivent dans des jardins d’enfants, outre la non inscription de cette catégorie dans les écoles et les jardins d’enfants qui est due, dans 19% des cas, à des raisons financières.
Selon les parents interrogés, la plupart d’entre eux (81%) jouent quotidiennement ou constamment avec leurs enfants. En revanche, environ 3% des enfants souffrent d’un vide émotionnel, et 48,1% des parents déclarent ne jamais avoir lu une seule histoire ou un seul livre à leurs enfants.
L’étude recommande de mener des campagnes de sensibilisation sur l’importance de l’éducation préscolaire dans le développement de l’enfant et l’importance de jouer et de communiquer avec les enfants pour développer leur psychisme dans le cadre de la stimulation précoce de l’enfant, ainsi que de se concentrer sur les jeunes parents qui ont plusieurs enfants et un faible niveau socio-économique et d’éducation.
Protection: la nécessité de mettre en place des programmes spécialisés pour améliorer la maîtrise de soi des parents
En ce qui concerne l’axe de protection, l’étude a révélé une carence conc2ernant l’encadrement des enfants, soulignant que le niveau d’éducation des parents, en particulier de la mère, est étroitement lié au taux de punitions verbales et physiques. L’étude démontre que 40% des parents expriment leur besoin de recourir à la violence verbale plus d’une fois par semaine, et 24% ont recours à la violence physique.
Selon l’échantillon interrogé, 78% d’entre eux ont souligné l’impact des fréquentes disputes conjugales devant les enfants sur leur psychisme, à l’exception des zones rurales, et 58% des parents expriment leur besoin d’accompagnement pour développer leurs compétences parentales.
L’étude a recommandé dans ce domaine le renforcement des programmes de soutien parental visant à améliorer les compétences des parents en matière de maîtrise de soi et de résolution de problèmes de manière pacifique, et d’aider les parents à développer leurs compétences et à adopter des méthodes appropriées pour résoudre les problèmes sans recourir à la violence verbale et physique envers les enfants, en plus d’encourager la formation d’équipes et de réseaux pour le soutien des parents. L’étude recommande également la mise en place de Services de protection sociale et communautaires pour les familles touchées par la violence et la toxicomanie.
Santé: établir des normes pour surveiller le développement sain et psychologique de l’enfant
Dans le domaine de la santé, l’étude a révélé que la moitié des parents sont incapables de détecter les premiers signes de retard de croissance psychomotrice ou linguistique, et que 30% d’entre eux recourent aux herbes médicinales pour soigner leurs enfants, 60% recourent à l’automédication pour réduire la température et seulement 16% d’entre eux se rendent immédiatement aux soins de santé.
Selon cette étude, 10% des parents interrogés recourent à un guérisseur traditionnel (Arrafa) pour soigner leurs enfants, et 19% d’entre eux utilisent rarement le carnet de santé pour suivre leurs enfants.
Parmi les recommandations à cet égard, l’étude a appelé à développer des programmes de soutien aux pratiques parentales positives tels que l’établissement de normes de suivi du développement psychologique, intellectuel, linguistique et social de l’enfant, la mise en garde contre les dangers de l’automédication, des plantes aromatiques et médicinales, en plus de la réactivation du carnet de santé pour les parents et les professionnels de la santé.
Nutrition: la nécessité de mener des campagnes d’information liées aux bonnes pratiques d’alimentation des enfants
Quant à l’axe relatif à la nutrition, l’étude a démontré que les connaissances des parents sont limitées, notamment en ce qui concerne la durée de l’allaitement maternel exclusif, et que 47,4 pour cent ont adopté l’alimentation mixte et / ou la diversité alimentaire précoce, et 50 pour cent des répondants ont arrêté d’allaiter avant d’atteindre l’âge de 4 mois, tandis que 17 pour cent des bébés n’ont pas été allaités ou sevrés avant l’âge de deux mois.
L’étude estime nécessaire de mener des campagnes médiatiques pour encourager l’allaitement maternel exclusif et continu après six mois, de développer un programme de soutien aux pratiques parentales positives liées à la prévention et au traitement de l’anémie et de l’obésité, en plus de mettre en place des campagnes de sensibilisation liées aux bonnes pratiques d’alimentation et aux risques d’anémie et d’obésité chez l’enfant, en particulier pour les parents de niveau éducatif limité.