Des associations et organisations de la société civile ont appelé mercredi à l’adoption d’une approche volontariste et exhaustive pour lutter contre les violences faites aux femmes et qui soit basée sur la prévention, l’éducation aux droits humains, à l’égalité et à la non-discrimination.
Dans un communiqué conjoint publié à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, les signataires ont souligné l’impératif de consacrer un budget conséquent qui permet de mettre en application tous les engagements de l’Etat en matière de lutte contre les violences ainsi que toutes les mesures qui n’ont pas dépassé l’effet d’annonce, en particulier en ce qui concerne la protection et la prise en charge des victimes et leur accompagnement vers l’autonomie, loin de toute action de minorisation, de substitution ou de tutelle.
Il s’agit également, selon le communiqué, de mettre un terme au traitement symptomatique des violences en s’attaquant à l’ordre patriarcal et ses innombrables ramifications juridiques, politiques, sociales, économiques et culturelles, qui constituent le terreau et le ferment des violences et d’en finir avec le climat régnant d’impunité, en veillant à la responsabilisation des auteurs.
Les organisations et associations signataires soulignent que la violence faite aux femmes est une affaire de sécurité nationale estimant que les statistiques ne suffisent pas et que l’Etat et la société civile doivent prendre des mesures urgentes pour protéger les victimes et obtenir la justice.
Le communiqué ajoute que près de trois ans après l’entrée en vigueur de la loi n°2017-58 relative à l’élimination des violences à l’égard des femmes, force est de constater que le phénomène des violences ne cesse de monter en puissance.
Le contexte épidémique et sanitaire, l’instabilité et les tensions politiques ainsi que la crise économique et sociale sans précédent que traverse la Tunisie, ont rendu visible au grand jour une réalité longtemps niée et occultée, voire justifiée et excusée, lit-on de même source.
Les signataires estiment que “la montée inquiétante des courants conservateurs et rétrogrades aux dernières élections, a renforcé de façon indéniable le climat d’impunité et de banalisation des violences, donnant libre cours aux attaques qui ont ciblé plus particulièrement les militantes féministes, les femmes politiques, journalistes, artistes et syndicalistes et toutes les forces vives de la population”.
Dans ce contexte, ils dénoncent l’inertie et l’immobilisme assourdissants des autorités publiques face à la montée spectaculaire de ce phénomène qui menace sérieusement la paix sociale et entrave de façon manifeste la possibilité des femmes tunisiennes d’accéder à une citoyenneté à part entière.
Suite aux dégâts causés par la Covid-19, les organisations et associations signataires annoncent la transformation des murs de leurs sièges en fresques murales pour briser l’isolement des victimes des violences.
A noter que le communiqué est signé par l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), l’Association Beity, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), l’Institut arabe des droits de l’Homme, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) et l’Association tunisienne de défense des libertés individuelles.