La transformation digitale du secteur bancaire devrait mettre la technologie au service du développement
Une transformation digitale réussie du secteur bancaire doit aller au-delà d’une simple digitalisation des process pour insuffler une nouvelle culture de l’innovation à même de révolutionner la relation-client, de mieux inscrire les banques dans leur environnement global et de mettre la technologie au service du développement. Telle est la recommandation principale du webinaire organisé, mercredi 25 novembre 2020, par l’Association professionnelle tunisienne des banques et établissements financiers (APTBEF) portant sur le thème “Le secteur bancaire tunisien face au défi de la transformation digitale” .
Pour Lotfi Debbabi, DG de la QNB (Qatar National Bank), quatre préalables sont nécessaires pour réussir la transformation digitale du secteur, à savoir:
- le leadership et du management -qui doivent être suffisamment impliqués pour mener le projet de digitalisation;
- la stratégie de digitalisation qui doit être orientée vers la relation-client;
- la structure dédiée à la transformation digitale qu’il ne faut pas confondre avec celle en charge des systèmes informatiques;
- la veille technologique qui doit suivre toutes les évolutions technologiques de par le monde.
Outre ces quatre préalables, Debbabi pense que pour réussir la transformation digitale, il faut miser sur un capital humain suffisamment conscient de l’enjeu de la digitalisation, sur un écosystème global favorable à la digitalisation et sur une synergie entre les différents intervenants.
De son côté, Atef Bayar, directeur Recherche et développement fonctionnel à la BFI (Banque Finance Internationale), a souligné que ” la transformation digitale des banques est dictée par l’émergence d’une nouvelle génération de clientèle plus exigeante, plus à l’aise avec le digital qui impose le passage d’une relation client classique à une relation client qui exige de la banque d’être un partenaire agile qui sait cibler et anticiper les besoins du client, mais également par l’avènement de nouveaux acteurs avec de nouveaux modèles d’affaires (Fintech, établissements de paiements, opérateurs de téléphonie…) qui révolutionnent le monde de la finance “.
Et de poursuivre: ” les banques n’ont pas d’autres choix que de suivre en misant sur l’automatisation et l’utilisation des outils technologiques de manière à ce que le curseur classique de la valeur ajoutée des banques traditionnelles soit déplacé vers plus d’expertise et plus d’accompagnent du client “.
Il a par ailleurs souligné l’importance de l’open banking qui permet aux différents acteurs de la finance (banques, prestataires de services de paiements, Fintech…) d’accéder, en toute sécurité, aux données financières et de développer des services financiers digitaux innovants.
Bayar a aussi mis l’accent sur la nécessité pour le régulateur de normaliser les interactions entre les transferts faits par les nouveaux acteurs de paiement et ceux qui se font au niveau du système bancaire en mettant en place des systèmes ou des plateformes nationales d’interopérabilité, ce qui permettra au régulateur d’encourager le “decashing” et de lutter contre le blanchiment d’argent.
Pour sa part, Samir Saied, PDG de Tunisie Telecom, a estimé que ” les opérateurs téléphoniques sont bien positionnés pour être des acteurs majeurs de la digitalisation de toute l’économie “.
Il estime que ” le secteur bancaire est l’un des secteurs les plus évolués en termes de maturité digitale et ça rassure parce que les opérateurs de téléphonie et les acteurs bancaires doivent aujourd’hui, être les locomotives de la transformation digitale de l’économie dans sa totalité. La technologie doit être au service du développement “.
Selon lui ” quatre paramètres importants doivent être retenus dans toute transformation digitale, à savoir l’application technologique, l’interfaçage entre les différentes applications, l’usage et la formation du personnel qu’on a souvent tendance à sous-estimer et enfin l’engagement du personnel, du client et des collaborateurs “.
Saied a en outre déclaré que ” la digitalisation ne doit pas se limiter aux banques mais doit aussi toucher à leurs clients, et là je pense que les PME représentent encore des faiblesses en la matière. C’est un champ énorme de développement pour lequel je pense qu’il y a une complémentarité naturelle entre les banques et les opérateurs téléphoniques, les premières pour tout ce qui est financement et les deuxièmes pour tout ce qui infrastructure “.
En matière d’inclusion digitale, Saied plaide pour une convergence entre la téléphonie et la finance. Il a, à ce titre, fait savoir que ” Tunisie Telecom travaille activement avec les autres opérateurs de téléphonie pour présenter une demande d’agrément d’un établissement de paiement à la Banque centrale de Tunisie “.
“Nous souhaiterons, à travers cela, apporter une solution qui permettrait l’inclusion digitale des milliers voire des millions de Tunisiens, car cette convergence entre la téléphonie et la finance serait vraiment la potion magique pour favoriser cette inclusion digitale qui fera sortir un grand nombre de Tunisiens de l’informalité”, pense-t-il.