L’Entité des Nations unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes) en Tunisie et l’Observatoire national de lutte contre la violence à l’égard des femmes ont organisé, vendredi 27 novembre, une visioconférence nationale consacrée à la violence politique à l’égard des femmes et à la recherche de solutions pratiques pour mettre un terme à ce phénomène, avec la participation de politiciennes, de représentantes de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et des organisations de la société civile.
L’organisation de cette conférence intervient dans le cadre de la campagne internationale “16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre”, qui a démarré le 25 courant à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et se poursuit jusqu’au 10 décembre 2020, date de la Journée internationale des droits de l’Homme.
Lors de cette conférence, les participantes ont été unanimes à mettre en évidence la recrudescence de la violence politique à l’égard des femmes en Tunisie, condamnant “le silence persistant quant à ses dangers”. Des députées ont à cette occasion rendu leurs témoignages attestant avoir été exposées à la violence politique.
Au démarrage des travaux de la conférence, la ministre de la Femme, de la Famille et des Séniors, Imen Zahouani Houimel, a mis en garde contre l’exacerbation de la violence politique à l’égard des femmes et le phénomène croissant de l’impunité, considérant qu’il s’agit de l’un des défis majeurs que le ministère compte réaliser.
Elle a appelé dans ce sens à la nécessité d’énoncer, dans les règlements internes, que la violence politique à l’égard des femmes est considérée comme étant une “faute professionnelle passible de sanctions”, rappelant qu’il existe des moyens dissuasifs pour atténuer ce constat, conformément aux dispositions de la loi 58 relative à l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Elle a révélé que le ministère de la femme, en coopération avec le ministère des Affaires étrangères, avait proposé une initiative émanant de la société civile qui vise à inclure la question de la criminalisation de la violence politique à l’égard des femmes dans l’accord “CEDAW” relatif à l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
De son côté, la directrice générale de l’Observatoire national contre la violence à l’égard des femmes, Monia Kadri, a affirmé la recrudescence du phénomène de la violence politique à l’égard des femmes, “devant le mutisme des médias face aux dangers de la propagation de ce phénomène, au lieu de l’exposer et d’en limiter le développement”.
“La violence politique à l’égard des femmes est une bataille perdue d’avance, quelle que soit sa durée, car c’est une bataille contre des femmes libérées”, a-t-elle scandé, notant que “l’amélioration de cette situation tient à l’implication des femmes dans le travail politique, associatif et syndical”.
Lors de ce séminaire, des femmes députées et des membres des conseils municipaux ont apporté leur témoignages sur les diverses formes de violence verbale et physique qu’elles subissent, outre la diffamation dont elles sont victimes de la part de leurs collègues.