L’annulation de la grève est tributaire de la réponse du gouvernement aux demandes des magistrats concernant l’importance de l’adoption d’un protocole sanitaire dans les tribunaux, l’amélioration des conditions de travail et la réforme de tout le système judiciaire. C’est ce qu’a indiqué le président de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), Anis Hammadi, qui estime que l’exacerbation de la situation judiciaire résulte des récentes déclarations du ministre de la Justice, en ce qui concerne les mouvements de protestation des magistrats qu’il a qualifiés de ” graves et irresponsables “.
Dans une déclaration à l’agence TAP, en marge de la tenue de l’Assemblée nationale urgente et extraordinaire de l’AMT, Hammadi a souligné la portée d’un dialogue responsable et constructif avec la présidence du gouvernement et la présidence de la République, sur l’encadrement sanitaire des juges, surtout dans cette conjoncture difficile marquée par l’épidémie du coronavirus, ainsi que sur l’amélioration des conditions de travail dans les tribunaux, l’augmentation du budget du ministère de la Justice, l’amélioration des situations financières, la révision de l’échelle salariale des juges et le développement des textes législatifs et lois régissant le système judiciaire.
Il a, par ailleurs, considéré que ” les mouvements de protestations des magistrats et leur entrée en grève de longue durée est un état de fait sans précédent “, faisant valoir que cette situation exige la continuation du militantisme pour protéger le corps judiciaire de la marginalisation, préserver les droits des justiciables et consolider les fondements de la justice.
Et d’ajouter : “nous sommes obligés de défendre le corps judiciaire pour éviter l’effondrement de l’Etat. Notre espoir est de poursuivre le dialogue avec la présidence du gouvernement sur des bases solides pour mieux servir les citoyens et garantir l’indépendance du corps judiciaire et sa neutralité”.
Hammadi a évoqué, dans ce contexte, la compréhension de l’ensemble des juges pour ce qui concerne la situation financière du pays, mais l’amélioration des situations financières des juges, selon les normes internationales, devient une condition sine qua non pour éviter toute suspicion pouvant caractériser l’environnement des juges, nuisant ainsi à leur crédibilité et leur indépendance.
Le débat instauré dans l’assemblée nationale des juges a tourné autour de l’évaluation de l’ensemble des mouvements de protestation et leur continuité, selon les résultats du dialogue avec le gouvernement, surtout en ce qui concerne les réclamations des juges et les moyens d’améliorer les conditions de travail dans les tribunaux.
Il convient de rappeler que le syndicat des magistrats tunisiens a décidé, à l’issue de sa réunion samedi dernier, de poursuivre la grève générale jusqu’au vendredi 4 décembre 2020, à condition d’exclure les affaires concernant les demandes de libération des personnes arrêtés, les procès de terrorisme et de corruption financière.