37,2% des entreprises tunisiennes actives au cours du 3ème trimestre 2020 ont déclaré être confrontées au risque d’une fermeture définitive, dans les conditions actuelles. C’est ce qui ressort des résultats d’une enquête publiée vendredi 4 décembre par l’INS, sur l'”Impact de la crise COVID-19 sur le secteur privé” (2ème phase).
Réalisée en collaboration avec IFC (Société financière internationale, membre du Groupe de la Banque mondiale), cette enquête, en trois phases, a concerné un échantillon de 2 500 entreprises représentatives du secteur privé formel.
Cette deuxième phase s’est déroulée en septembre et octobre et s’est intéressée, entre autres, à l’évolution des facteurs impactant l’activité des entreprises et les mesures destinées aux entreprises pour faire face à la crise.
L’enquête a fait ressortir, aussi, que 5,4% des entreprises étaient définitivement fermées et 86,9% des entreprises étaient ouvertes au 3ème trimestre 2020, dont 74,7% ont rouvert après une interruption.
Elle révèle également que la crise sanitaire a fortement perturbé les activités des entreprises malgré une légère amélioration post-déconfinement, soulignant que 82,3% des entreprises ont déclaré avoir subi une baisse de leur chiffre d’affaires pendant le mois de juillet contre 88,8% en avril.
Parmi celles qui ont travaillé en juillet, 87,4% ont enregistré une baisse de leur cashflow, 79,8% ont enregistré un repli de la demande adressée, 59,9% ont déclaré rencontrer des difficultés d’accès aux services financiers, 52% ont signalé des difficultés d’approvisionnement en matières premières, et 45,6% sont confrontées à une baisse des heures travaillées.
Ainsi, 59% des entreprises ont procédé à des ajustements liés à l’emploi en juillet, dont 17,7% ont procédé à des licenciements, 18,2% ont accordé des congés payés et 7,2% des congés sans salaires.
Par ailleurs, 10,9% des entrepreneurs ont eu recours à des réductions salariales et 27,1% ont procédé à la réduction du nombre d’heures travaillées. Face à cette situation, la majorité des entreprises réclament plus de mesures de soutien pour faire face à la crise, revendiquant surtout des exonérations/ réductions d’impôt (42,7%), des injections directes de liquidité (37,6%), et le report de paiement d’impôts (27,9%).
Il est à noter que 14% des entreprises tunisiennes déclarent avoir reçu un soutien gouvernemental contre 28% en Italie, 24% en Jordanie, 22% au Maroc, 33% en Roumanie et 36% en Turquie.
” Les résultats de cette seconde phase de l’enquête sur l’impact de la crise de COVID-19 sur le secteur privé tunisien montrent un recours accru à des mécanismes d’ajustement liés à l’emploi en juillet, y compris les licenciements, malgré une légère amélioration des indicateurs d’activité à cette date. A la fin du troisième trimestre, la perception du risque sur la pérennité des entreprises semble également se détériorer “, a déclaré Adnen Lassoued, directeur général de l’Institut national de la statistique.
” Cette deuxième phase nous permet notamment de mieux suivre l’évolution de l’impact de la crise de COVID-19 sur des secteurs clés de l’économie tunisienne, afin d’apporter des mesures de politiques publiques qui sont mieux ciblées. Le secteur privé tunisien, comme dans de nombreux autres pays, a été affecté négativement par la crise. L’essentiel, maintenant, c’est d’implémenter effectivement les mesures de soutien et de relance “, estime Georges Joseph Ghorra, représentant-résident d’IFC en Tunisie.
A souligner que cette étude s’inscrit dans le cadre du programme d’amélioration du climat des affaires d’IFC en Tunisie, avec le soutien du secrétariat d’Etat suisse à l’Economie et de l’Union européenne.