“Dans les décombres du colonialisme, nous avons trouvé cet outil merveilleux, la langue française”, aimait à répéter le poète Léopold Sédar-Senghor, ancien président du Sénégal ancien membre de l’Académie française. Une formule qui, dans les années 70, reflétait la philosophie des pères fondateurs de la Francophonie institutionnelle, Senghor du Sénégal, Bourguiba de la Tunisie, et Hamani Diori du Niger, et qui consiste à mettre à profit la langue française au service de la paix, de la solidarité, du développement et du rapprochement des peuples par le dialogue des civilisations. Le projet francophone a sans cesse évolué depuis.
Cinquante ans après, la Tunisie, membre fondateur de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), accueillera la XVIIIe édition du Sommet de la Francophonie sur le thème “Connectivité dans la diversité : le numérique vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone”.
“Ce Sommet sera le plus grand événement d’envergure jamais organisé par la Tunisie”, a déclaré Sarra Maâouia, conseillère auprès du président de la République chargée de la coopération diplomatique.
“Il constitue un nouveau défi pour la Tunisie et une échéance importante de par l’affluence et le nombre de délégations participantes”, a-t-elle expliqué dans une interview exclusive accordée à l’agence TAP.
L’OIF compte 88 Etats et gouvernements (54 membres, 7 pays associés et 27 pays observateurs).
Des organisations internationales et plusieurs pays non-francophones seront présents lors de Sommet, a-t-elle ajouté.
L’organisation de ce Sommet est aussi et avant tout un engagement de la Tunisie, déclare Maâouia, rappelant que la Tunisie a réaffirmé sa volonté d’abriter le XVIIIe Sommet de la Francophonie. “Un engagement qui a été salué par l’OIF”.
Recevant la secrétaire générale de l’OIF, Louise Musikiwabo, en janvier 2020, au Palais de Carthage, Kaïs Saïed, avait affirmé la volonté de la Tunisie de faire de cet important rendez-vous un succès, et ce, dans le cadre de l’accomplissement de ses obligations et de son ouverture à son environnement méditerranéen.
Le XVIIIe Sommet devait se tenir en décembre 2020, année de la célébration du cinquantenaire de l’organisation, mais a été reporté en raison de la crise sanitaire mondiale liée au covid-19.
Et c’est à l’Ile de Djerba, candidate pour l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, que reviendra l’honneur d’accueillir, les 20 et 21 novembre 2021, le prochain Sommet de l’OIF.
“C’est sur une initiative du président de la République, Kaïs Saïed, et en coordination avec la Secrétaire générale de l’OIF que les assises du Sommet se dérouleront, non pas à Tunis, mais à Djerba, dans le sud tunisien”, a déclaré Mme Maâouia.
A travers le choix de Djerba, le président Kaïs Saïed a voulu adresser “un message fort” et confirmer “un objectif ambitieux” à savoir, celui de “consacrer la décentralisation” et de “créer une dynamique nouvelle”. “Une dynamique économique, sociale et culturelle du sud tunisien”, a-t-elle précisé.
Plusieurs investisseurs francophones attendus
Il est vrai qu’aux yeux de plusieurs observateurs, le Sommet de la Francophonie représente
une politique axée sur des échanges au sujet des valeurs de la Francophonie, notamment la paix, les droits humains, la démocratie et l’Etat de droit, mais il ne faut pas non plus oublier l’aspect économique de ce grand événement.
En effet, le Forum économique francophone qui se tient en marge de chaque sommet revêtira, à Djerba en 2021, une importance majeure du fait “d’une participation palpable d’hommes d’affaires de tous bords, Tunisiens, Africains et étrangers”.
Mme Maâouia a, dans ce sens, rappelé que l’espace francophone constitue, déjà, un espace de relations économiques et commerciales privilégiées, de par son histoire et sa langue.
D’ailleurs, lors de la réunion de la 37e session de la Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF), fin novembre dernier, à Paris, l’accent a été mis sur la nécessité de développer le volet économique, a-t-elle relevé.
La Tunisie, en la personne du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, M. Othman Jerandi, a présidé cette réunion de la CMF, en présence de la Secrétaire générale de l’OIF et avec la participation, en visioconférence, de ministres et secrétaires d’Etat représentant une quarantaine de pays membres de l’Organisation.
Mme Maâouia a précisé que la réunion a été l’occasion pour la Tunisie de présenter un état des lieux des préparatifs du prochain Sommet de Djerba. Le logo et le film promotionnel du Sommet de la Francophonie y ont été dévoilés, pour la première fois. “Les échos ont été très positifs”, a déclaré Mme Sarra Maâouia.
Et d’ajouter que “Toutes les délégations présentes, virtuellement, à cette réunion ont exprimé leur volonté de participer au Sommet de Djerba”. “Parmi les principaux axes présentés, l’annonce officielle du nouveau calendrier De ce Sommet qui prévoit, notamment, les réunions du Conseil permanent de la Francophonie (CPF) et de la 38e session de la CMF. Cette dernière se déroulera les 18 et 19 novembre 2021”.
Et d’ajouter que la Conférence ministérielle francophone veille à l’exécution des résolutions et décisions arrêtées lors du précédent Sommet, prépare le Sommet suivant et recommande l’admission de nouveaux membres.
Le Village de la francophonie lieu d’échange interculturel
Autre rendez-vous du Sommet de Djerba : le village de la francophonie sera une occasion pour les différentes délégations participantes de se réunir et de se présenter à travers leurs pavillons.
L’un des principaux objectifs de ce Village qui sera installé au “Parc Djerba Explore” est de mettre en valeur la diversité culturelle qui constitue l’une des richesses de la Francophonie. Grâce au Village, les pays participants auront l’opportunité de faire connaitre leur culture et leur patrimoine.
Le Village de la francophonie sera un véritable lieu d’échange interculturel dynamique. “La jeunesse et la société civile y occuperont une place de choix”, a tenu à souligner Mme Sarra Maâouia.
Plusieurs autres événements sont prévus à l’occasion de cette grande rencontre, dont des programmes culturels et touristiques, organisés, notamment par le ministère des Affaires étrangères, le ministère des Affaires culturelles et le ministère du Tourisme, pour les chefs d’Etat et les délégations officielles qui prendront part au Sommet de Djerba.
L’objectif étant de mettre en valeur la diversité culturelle de l’Ile, de diffuser le message de paix et de tolérance véhiculé par les différentes communautés religieuses qui y cohabitent et de consacrer la solidarité, principe fondateur de la francophonie.
Dans l’attente de cet événement, un website verra bientôt le jour et sera consacré aux préparatifs en cours pour la tenue de ce Sommet “Djerba 2021”.