Le montant des fonds qui ont été illicitement transférés depuis la Tunisie vers l’étranger a atteint 4,1 milliards de dollars, soit 11,4 milliards de dinars depuis 2015, a déclaré Abdeljelil Bedoui, professeur d’économie et président fondateur du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux.
Lors d’une conférence de presse tenue à Tunis, mercredi 9 décembre, et consacrée à l’examen de la situation socio-économique dans le pays, il ajouté que les transferts illégaux de fonds vers l’étranger étaient de l’ordre de 1,6 milliard de dollars (4,4 milliards de dinars), avant la révolution.
Le professeur d’économie a souligné que les fonds en devises illicitement transférés vers l’étranger auraient été suffisants pour financer le développement et satisfaire les revendications du peuple en termes d’emplois.
Bedoui a fortement critiqué le modèle actuel de développement qui a fait preuve d’inefficacité et montré ses limites depuis plus d’une décennie, estimant que ce modèle est en totale contradiction avec les acquis constitutionnels garantis par la Constitution de 2014.
Il a, par ailleurs, considéré que la mise en œuvre de ces acquis, requiert un minimum de solidarité nationale, un rôle plus renforcé de l’Etat en tant que garant des différents droits, une meilleure redistribution des richesses et des revenus et un intérêt plus vif pour les questions sociales (santé, éducation…).
Il a également mis en garde contre une présence plus accentuée du secteur parallèle en l’absence d’un véritable modèle de développement, mais aussi contre le risque d’une désintégration de l’Etat et, partant, de la société à défaut de respecter les droits économiques et sociaux, estimant que les indicateurs actuels laissent présager un scénario catastrophique.
En outre, il fait remarquer que la période de transition démocratique aurait dû connaitre la mise en place d’un Etat de droit et des institutions, regrettant le fait que rien de cela n’a été fait.
“Au contraire, la détérioration des indicateurs à tous les niveaux et la cacophonie politique favoriseront l’émergence d’un Etat de contrebandiers et d’organismes parallèles -en allusion au phénomène des coordinations qui prend de l’ampleur dans le pays- ayant pris la place des partis et des organisations nationales”, a-t-il conclu.