En Tunisie comme dans les autres pays du Maghreb, on entend souvent cette expression de la part des médias : «nos grandes compétences à l’internationales». Mais en jetant un œil sur le dernier classement de Forbes Middle East, on se rend tout de suite compte qu’on exagère un peu.
D’ailleurs, il y a un peu plus d’un an, au cours d’un entretien, un cadre dirigeant dans une banque de la place avait attiré notre attention sur cette question. Il nous avait dit ceci (en off bien entendu) : « ici en Tunisie, vous entendez souvent dire que “nous avons des compétences…“, mais cherchez ces compétences dans les grandes entreprises internationales, vous n’en trouverez rien… ».
Aujourd’hui, Forbes vient d’apporter la parfaite preuve de ce qu’avait notre banquier.
En effet, dans le texte de présentation de son classement, Forbes Middle East souligne que «… le monde d’aujourd’hui se mondialise de plus en plus grâce à la puissance de la technologie améliorant l’évolutivité des entreprises internationales. Aujourd’hui, pour la première fois dans l’histoire, il existe plusieurs monopoles mondiaux “non étatiques“ contrôlant des secteurs clés. Les valeurs marchandes des cinq plus grandes entreprises du monde sont supérieures au PIB de la plupart des pays ».
« Cependant, pour Forbes Middle East, gérer une entreprise mondiale prospère est bien plus complexe que de disposer de la bonne technologie et d’énormes capitaux. Le succès des entreprises dans le monde dépend généralement de leur capacité à comprendre des régions spécifiques. Être le leader régional d’une entreprise mondiale est un rôle très complexe. Les responsables régionaux doivent garder à l’esprit la culture locale, les normes sociales et d’autres facteurs tels que la démographie et l’infrastructure, tout en maintenant et en respectant l’éthos de la marque ».
Ainsi, dans ce classement (Top 50), on trouve beaucoup de nationalités, notamment des Européens (français, allemands, italiens, belges, britanniques…), mais aussi Américains, Brésiliens, Canadiens, voire Jordaniens, Egyptiens et Libanais, mais aucun Tunisien, aucun Algérien, aucun Marocain. Alors où sont-elles passées nos compétences qu’on chante sur tous les toits ?
L’équipe de rédaction de Forbes Middle East souligne que trois femmes s’ajoutent à la liste de cette année. « Dans le classement Global Meets Local 2019, Melda Yasar Cebe, directrice générale pour le Moyen-Orient et l’Afrique chez Kraft Heinz, a fait sa première apparition et était la seule femme sur la liste. Cette année, elle est rejointe par Reem Asaad, vice-présidente pour le Moyen-Orient et l’Afrique chez Cisco, et Marzena Kulis, directrice générale pour le Moyen-Orient chez Johnson & Johnson Medical Devices ».
Quid de la méthodologie ?
Pour créer cette liste pour 2020, Forbes Middle East indique avoir « d’abord rassemblé toutes les entreprises mondiales figurant dans le classement Forbes Global 2000 qui ont d’importantes opérations commerciales directes au Moyen-Orient (les bureaux de représentation n’étaient pas inclus). Ensuite, nous avons pris les dirigeants les plus hauts gradés de leur siège au Moyen-Orient et nous les avons classés en fonction:
- L’impact et la portée de leur rôle, y compris le nombre de pays sur leur territoire
- Leur rang au sein de l’organisation mondiale
- L’ancienneté et l’impact de leurs subordonnés directs
- Leurs réalisations personnelles au cours de la dernière année, y compris les mandats d’administrateur et les initiatives sociales
- Honneurs et récompenses des gouvernements et des associations reconnues ».