La Commission tunisienne des analyses financières (CTAF), relevant de la Banque centrale de Tunisie, inaugurera, en janvier 2021, sa plateforme dénommée “Hannibal” dédiée aux échanges d’informations en temps réel à des fins de contrôle des flux physiques de billets de banque étrangers, à travers le territoire tunisien. C’est le le président de la CTAF, Lotfi Hachicha, qui l’a annoncé lors d’un webinaire organisé mercredi 16 décembre 2020.
“Nous sommes en train de parachever les dernières démarches pour la mise en service de cette plateforme, prévue début 2021, très probablement au mois de janvier”, a-t-il précisé, lors de ce webinaire tenu par la BCT pour présenter le dernier rapport d’activité de la CTAF (2018/2019).
Concrètement, ce projet permettra, dès son entrée en exécution, d’avoir une idée précise sur la valeur totale des devises importées et non régularisées, conformément à la réglementation des changes en vigueur.
De plus, les investigations sur les fonds non apurés par une intégration dans le système bancaire ou par une réexportation révéleront leur utilisation dans le financement des activités illicites. Enfin, l’origine des fonds, l’identité des passeurs titulaires de déclarations en douane et les destinations privilégiées desdits fonds seront également déterminés par cette plateforme.
Parallèlement, la plateforme Hannibal devrait permettre d’estimer le risque global lié au transport transfrontalier du cash en se basant sur le principe de l’approche basée sur les risques, ce qui permettra de proposer des mesures pour atténuer davantage les risques BA/FT (blanchiment d’argent et financement du terrorisme) et affiner la coopération en la matière avec les autorités chargées de l’application de la loi et le secteur privé.
A l’origine de ce projet, une enquête de terrain, dénommée opération Hannibal, a été menée par la CTAF, durant la période du 20 juin au 20 août 2014, avec la collaboration des secteurs public et privé, à savoir les services de la douane, de la police, de la garde nationale et de l’ensemble des banques de la place. L’objectif recherché est d’identifier les menaces et d’évaluer les vulnérabilités en relation avec le transport physique frontalier du cash.
S’inscrivant, dans le cadre de l’évaluation nationale des risques, cette initiative a permis de proposer des recommandations visant à atténuer lesdites vulnérabilités et menaces entrant dans le cadre de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Ainsi et au terme de cette opération, la CTAF a proposé aux pouvoirs publics le plafonnement des transferts en espèces réalisés par les voyageurs dans la limite de 30 000 dinars par voyage, l’obligation pour les mêmes voyageurs de loger les avoirs dûment déclarés aux services de la douane, dans des comptes ouverts auprès des banques et la mise en œuvre de la création de bureaux de change.
La plateforme Hannibal vient ainsi valoriser cette démarche et cette coopération initiée depuis 2014.