Au regard de la multiplication des affaires d’importations de produits dangereux débarqués à Sousse, le port commercial de la perle du Sahel a tendance à se forger une mauvaise réputation.
Pour preuve, en l’espace d’une année et demie et grâce à des dénonciateurs, ce port a connu trois graves affaires.
La première remonte au mois d’août 2019, lorsque l’ancienne inspectrice du service de contrôle sanitaire aux frontières (au port de Sousse), Nawel Mahmoudi, a alerté l’opinion publique sur l’importation par une holding de l’agroalimentaire de 250 mille tonnes de blé contaminé provenant d’Ukraine.
Mahmoudi (aujourd’hui protégée par la police) révélera davantage, lors d’une conférence de presse tenue début janvier 2020, que la cargaison de blé contaminé n’a pas été retournée au pays exportateur mais distribuée au profit de certaines parties, dont le ministère de l’Agriculture.
Les ministères de l’Agriculture et du Commerce concernés n’ont pas pu, à l’époque, fournir des informations rassurantes sur cette histoire. Même les résultats de l’enquête parlementaire n’ont pas été convaincants.
Début novembre 2020 survint une autre importation frauduleuse. L’émission d’investigation « Les quatre vérités » de la chaîne privée ElHiwar a révélé qu’une entreprise tunisienne déclarait importer des déchets plastiques industriels, alors qu’en vérité il s’agit d’ordures ménagères et industrielles non conformes aux normes nationales et internationales.
Cette fois-ci, l’administration a sévi. Le ministre des Affaires locales et de l’Environnement ainsi que plusieurs cadres de ce ministère et des douanes tunisiennes ont été placés en détention préventive, à compter du 21 décembre 2020, dans le cadre de cette affaire de déchets jugés “dangereux” importés d’Italie.
En outre, le 23 décembre 2020, la direction régionale de la douane à Sousse a déposé une plainte auprès du ministère public, notifiant la présence de 72 tonnes de sorgho (droô) importées d’Inde. Cette quantité est soupçonnée d’être impropre à la consommation, car elle contiendrait un taux élevé de toxicité, mais aussi ne répond pas aux exigences sanitaires.
Espérons que c’est la dernière affaire d’importation. En attendant, il semble qu’il y ait un problème de gouvernance et de contrôle au port de Sousse.
ABS