Une étude intitulée “Scénarios fin 2020 et stratégie de sauvetage et de sortie de crise : le vecteur numérique et digital ” récemment élaborée par l’ITES (Institut Tunisien des Etudes Stratégiques), a défini le plan d’action nécessaire pour permettre au secteur du numérique d’exprimer tout son potentiel, à court terme. Ce plan s’articule autour de deux objectifs stratégiques, consistant à assurer une vie décente au tunisien pendant la période COVID et à développer l’industrie du numérique.
Assurer une vie décente au tunisien
Pour concrétiser cet objectif, une série d’orientations stratégiques ont été retenues. Il s’agit de profiter de la crise pour se préparer au futur, en autorisant le fonctionnement normal des structures d’enseignement pouvant assurer les conditions de distanciation et en recourant à l’enseignement mixte (Blended Learning), dans les structures d’enseignement pouvant l’assurer.
Il s’agit également, de renforcer les compétences de la formation en ligne, en promouvant l’enseignement à distance dans les universités tunisiennes, en transformant l’Université Virtuelle de Tunisie en centre de compétence au profit des autres universités et en assurant les soutenances et les examens en ligne.
L’autre orientation stratégique consiste à améliorer l’infrastructure des établissements d’enseignement, en assurant la couverture télécom de toutes les écoles et les structures sanitaires et en réhabilitant les écoles.
Toujours dans le cadre de ce premier objectif, l’étude de l’ITES recommande de mettre en place une solution numérique pour la gestion des files d’attentes et de télé-rendez-vous dans les organismes à forte sollicitation tels que les services de la CNAM, les grandes municipalités, la poste… d’accélérer la mise en œuvre de la télémédecine, de la télésurveillance et des paiements électronique et mobile et de les développer à large échelle et de mettre en œuvre un mécanisme de coordination des activités avec la société civile. //Développer l’industrie du numérique
Sous ce chapitre, les auteurs de l’étude suggèrent de diversifier les marchés et de développer les IDE en promouvant le site Tunisie, en recourant à la diplomatie économique et en développant le concept de co-localisation pour attirer des IDE et renforcer le tissu local des entreprises du numérique.
Ils recommandent par ailleurs, de renforcer le tissu local d’entreprises par la création de TUDIPA (Tunisia Digital Promotion Agency) et d’accélérer la publication de la loi sur la protection des données personnelles. Ils estiment, en outre, nécessaire de renforcer la disponibilité des compétences du numérique en augmentant les capacités de formation des filières du numérique, en reconvertissant les diplômés chômeurs à travers le renforcement de leurs compétences numériques, en généralisant l’enseignement du numérique à toutes les filières et en développant les soft-skills.
Pour booster l’industrie du numérique et l’innovation, cette étude souligne, par ailleurs, l’impératif de généraliser les mesures du Startup Act, à toutes les entreprises du secteur du numérique, d’adapter les procédures de commande publique et le recours au PPP (partenariat public privé), aux services du numérique, de réserver plus de marchés publics aux PME et de mettre effectivement, en œuvre le ” Small Business Act ” tunisien. Cette étude recommande également, l’instauration d’une fiscalité spécifique aux business Angels, pour les encourager à investir et de promulguer une loi spécifique sur l’innovation, la R&D et l’enseignement supérieur L’étude de l’ITES sur le secteur numérique présente, en effet, un diagnostic du secteur du numérique avec une approche prospective, même si l’horizon étudié est un horizon de six mois. Une étude avec un horizon plus long sera entamée suite à la publication de cette étude. Cette étude fait partie d’une étude plus globale menée par l’ITES, intitulée : ” La Tunisie face à la COVID-19 à l’horizon 2025 : Fondements d’une stratégie conciliant l’urgence du court terme et les impératifs du moyen terme ” dans sa deuxième phase : assurer le sauvetage et préparer le redémarrage de l’économie nationale. L’usage du numérique au sein de l’administration fera l’objet d’une autre étude.