A la station de rabattement 10 décembre de l’Ariana, des dizaines de voyageurs attendent l’arrivée des bus ou du métro numéro 2. En petits groupes, certains voyageurs discutent ensemble, leurs paroles se répondent en fumée en cette journée froide de décembre. Cette scène, banale avant la COVID-19, interpelle en temps de pandémie, d’autant qu’un grand des usagers des moyens de transport en commun ne portent pas de masque de protection.
L’arrivée d’un bus provoque une ruée parmi eux, dans une tentative de trouver une place, envenimant encore la situation, pour les usagers du transport public, pour qui le bus ou le métro constitue le seul moyen de se rendre au bureau ou à l’école à l’heure.
Le bus N°27, archicomble, démarre portes ouvertes, avec ses usagers accrochés aux portes et poignets, au mépris des gestes barrières.
” Les moyens de transport publics sont devenus un facteur de contagion selon Yassine, jeune voyageur qui a préféré attendre le prochain bus, prévu dans une demi-heure et ce dans l’espoir d’avoir moins d’encombrement.
Les moyens de transport publics se font rares notamment, pendant les heures de pointe, a-t-il dit. Le protocole sanitaire reste lettre morte, et le bus devient, une boîte d’allumette, a ajouté Yassine qui ne cache pas sa colère contre ses compatriotes qui ne portent pas de bavette, laquelle constitue ” la moindre des choses “, selon ses propos.
Cependant, les bavettes et les désinfectants constituent une charge financière supplémentaire pour de nombreux Tunisiens, pendant cette période marquée par la hausse des coûts de la vie, a affirmé de son côté Jamila, ouvrière chargée de l’entretien. Elle a notamment, exprimé son souhait de voir ses produits fournis gratuitement, aux gens dans le besoin.
Pour Mohamed, chômeur, ayant perdu son travail à cause de la pandémie ” l’acquisition des moyens de protection contre le virus (masques, désinfectants…) nécessite un budget ” qu’il est incapable de mobiliser malgré sa profonde conscience de la gravité de la situation pandémique.
Un autre jeune portant un masque multicolore qu’il a acheté d’un marchand ambulant, a estimé de sa part, que la cherté des masques de protection et des désinfectants a lourdement pesé sur les budgets des citoyens qui se trouvent contraints d’abandonner ces moyens de protection ou de les acquérir auprès de commerces non homologués, dont les produits sont non conformes aux normes sanitaires.
Une autre catégorie de citoyens a choisi de se déplacer sans masques de protection convaincue que ” le coronavirus est une simple rumeur “, comme l’a témoigné une femme âgée. Cette assise sur un banc dans une station de transport public, bavardait avec une autre femme ne portant également pas de masque. “Nos vies sont entre les mains de Dieu”, a-t-elle ajouté.
Et même les pénalités décidées contre les personnes qui ne respectent pas les mesures barrières n’ont pas été efficaces selon l’avis de certains citoyens, ” en raison du laisser aller des responsables chargés de veiller au respect des protocoles sanitaires dans les stations et les moyens de transport public “.
Le nombre d’infractions relevées pour non port des masques de protection a atteint, selon les statistiques du ministère de l’Intérieur, 127 748 infractions entre le 5 octobre et le 24 décembre 2020, outre 13 819 infractions pour violation du couvre-feu.
Asma, une jeune qui porte bien son masque de protection a exprimé son mécontentement quant à la situation dans les bus et les métros où il est difficile selon elle d’appliquer la distanciation physique.
Asma appelle à mobiliser un plus grand nombre de moyens de transport public et à intensifier les campagnes sécuritaires pour imposer le port des masques ” comme seul moyen possible pour limiter la propagation du virus face à l’impossibilité de respecter la distanciation “, estimant que ” la sortie de la crise sanitaire est étroitement liée à la conscience du citoyen “.