Le Conseil d’analyses économiques s’est mis en veilleuse. Sans le plan de sauvetage de cet éclaireur en pointe, l’économie se trouve déboussolée et en mode survie. C’est la porte ouverte à tous les risques.
L’économie a besoin de se donner du champ. Et de réintégrer cette course au positionnement sur la scène internationale. C’est dans cette arène que l’on valide la compétitivité d’une économie. Et que l’on étalonne son degré d’équité sociale, devenu critère de sélection. Hors ces balises, l’on est vite disqualifié. Et c’est précisément l’esprit du rapport final du Conseil d’analyses économiques. On ne comprend donc pas que cette institution se soit autodébranchée alors qu’elle tient son bréviaire en mains.
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Le tissu institutionnel
A l’instar de la politique, l’économie a aussi besoin d’un tissu institutionnel pour son encadrement. On ne sait par quel calcul le pays a sacrifié le Conseil économique et social (CES), un véritable Parlement économique. Pas plus qu’il n’a cherché à reconstituer le Conseil supérieur du développement, qui agissait comme un directoire.
Et avec négligence, le voilà qui se désintéresse aujourd’hui de l’éclipse du CAE. Il s’agit là pourtant d’une structure officielle rattachée à la présidence du gouvernement. C’était, elle aussi, une chambre haute pour l’économie. Elle assurait la jonction, tant désirée, entre universitaires et décideurs du public et du privé. C’était à la fois l’“observatoire de prospective“ et le “laboratoire de palification“.
Son rapport final est assorti d’une approche nouvelle du développement. Préfigurerait-il ce fameux nouveau modèle économique tant recherché ? C’est vraisemblable. Le Conseil a pris le pouls du pays et évalué son potentiel de réinsertion dans le marché mondial.
Enfin, il a élaboré un plan de redéploiement autour d’un business model en rupture avec tout ce qui se faisait auparavant. Il donne l’espoir d’un deuxième départ dans la vie au processus de développement, dans le pays.
La pertinence de l’audit technique
L’économie a été affectée au cœur. C’est son secteur exportateur qui a été asphyxié, dans ses trois compartiments. Les trois secteurs, autant manufacturier, énergétique qu’industries extractives, tous exportateurs, ont été mis hors circuit. Le déclin industriel de notre économie est bien amorcé. Bien entendu il est accompagné d’une hécatombe en matière d’emplois du fait des plans sociaux. Et par ricochet cela a fait le lit de l’informel et du “made in China et and Turkey“.
Comment dès lors renverser la vapeur et créer le choc de confiance ?
Pactes pour la compétitivité et l’équité sociale
Pour relancer une machine, il faut user d’effets de motivation, sans tomber dans les effets d’aubaine. Ne rien donner pour rien. Tout ce qui est concédé doit pouvoir générer des retours conséquents.
Méthodiquement, le CAE montre qu’à travers 87 mesures, 53 à la charge de l’Etat et 34 pour les partenaires sociaux et à l’aide de 20 pactes sectoriels, on pouvait remettre l’économie tunisienne dans la course mondiale. Les mesures en question sont toutes à caractère pragmatique et n’entraînent pas de gros chamboulements. Des “Quick wins“ de longue durée et de grande portée.
Sans s’encombrer de grandes réformes, on pouvait, par des retouches bien inspirées, procurer du punch à l’ensemble. Au prix d’arrangements ciblés et rapides du cadre réglementaire et incitatif, d’optimisation de l’infrastructure, d’objectifs d’emplois et de formation, enfin d’un engagement d’innovation, on pouvait composer les pactes de compétitivité et d’équité sociale. Ces pactes négociés en bonne intelligence entre les pouvoirs publics et les partenaires sociaux pourraient redorer la physionomie de l’économie. A horizon de 5 ans, on renouerait avec un taux de croissance à 4-5%, à un total export de 90 milliards de dinars tunisiens, de même qu’à un taux d’investissement de 24% du PIB, ainsi qu’à la création annuelle de 84 000 emplois nouveaux.
Et pour couronner le tout, on pourrait réintégrer le Top 50 des classements de Davos et de Doing Business de la Banque mondiale (BM). Nous serions de retour dans les écrans radars des investisseurs internationaux.
Un premier pacte a été conclu avec le secteur textile/habillement en 2019. Nous en présenterons le degré d’avancement dans un entretien avec le président de la FTTH.
Un deuxième était en cours avec le secteur des pièces automobiles, mais non encore conclu. L’année en cours, le pays doit reprendre son souffle pour un nouveau plan quinquennal. Alors, ne convient-il pas de réactiver le CAE ?
Ali Abdessalam