Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) estime que la décision du Commissariat régional de développement agricole de Bembla (gouvernorat de Monastir) de détruire la totalité de la récolte de piments de la région, suite à l’apparition d’un virus inhabituel, est irresponsable, et que cette affaire traduit un manquement de l’Etat qui “aggrave la crise de souveraineté alimentaire” que connaît la Tunisie.
Il a également, critiqué la faiblesse du contrôle agricole et l’absence d’accompagnement des agriculteurs durant tout le processus de production à compter de l’approvisionnement en semences dans la région.
Les agriculteurs des zones irriguées de la région de Bembla ont détecté, fin novembre 2020, une maladie inhabituelle s’attaquant à leurs plantations de piments. Il s’est avéré être un nouveau virus inconnu des services du Commissariat régional de développement agricole. Ce virus a touché les plantations de 400 agriculteurs et provoqué la destruction de plus de 700 serres.
Le forum a, à ce titre, souligné que ” la non-indemnisation des pertes supportées par les agriculteurs suite à la destruction de leurs récoltes est la raison principale derrière les protestations des agriculteurs qui ont eu lieu le 3 décembre 2020 “.
Suite à ces protestations, les services de la Direction générale de la protection et du contrôle de la qualité des produits agricoles a procédé à des analyses qui ont prouvé la présence de plusieurs variétés inconnues de virus, a encore précisé le FTDES.
Le forum a ainsi dénoncé le silence du ministère de l’agriculture face à cette affaire, bien qu’il ait été prouvé que les semences importées soient derrière cette catastrophe, fustigeant l’inaction de ce ministère qui n’a pris aucune mesure ou position contre les enseignes productrices des semences en question ou les parties responsables de leur importation.
Pour le FTDES “cette affaire reflète un manquement de la part de l’Etat en matière de contrôle des semences et des plants. Un manquement qui aggravera la crise de souveraineté alimentaire dans le pays et renforcera la dépendance à l’étranger accentuée par l’abandon des semences locales plus résilientes aux maladies au profit des semences importées sous prétexte qu’elles ont un meilleur rendement.
A cet égard, l’Etat est appelé à e retrouver son rôle en matière d’accompagnement des agriculteurs et de préserver les semences nationales en favorisant leur multiplication et en facilitant l’approvisionnement des agriculteurs en ces semences.
Le gouvernorat de Monastir compte près de 1 846 zones irriguées (publiques et privées) et est considéré comme le premier producteur des primeurs à l’échelle nationale avec 47% de la production nationale.
Pour notre part, nous pensons que ce qui est grave et irresponsable, c’est de condamner (de la part du FTDES) la décision du CRDA de Monastir. On ne doit pas jouer avec la santé des citoyens.