Suite aux informations publiées sur les réseaux sociaux au sujet du litige (depuis 2009) qui oppose le ministère de la Culture à l’Espace culturel de Carthage “Acropolium” au sujet de la fin de la concession de l’ancienne cathédrale de Carthage et sa fermeture, l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelle (AMVPPC) précise, dans un communiqué publié dimanche 10 janvier 2021, que cette concession a été effectuée en vertu d’une convention en date du 9/10/1992 et entrée en vigueur le 26/10/1996 pour une durée de dix ans puis renouvelée pour une durée de trois ans à la demande du promoteur et avec l’accord du ministère.
Après la fin des délais fixés, précise la même source, le promoteur (Mustapha Okbi) a refusé de quitter les lieux à l’amiable, ce qui a poussé l’AMVPPC à saisir l’affaire en justice qui a donné gain de cause le 29/11/ 2019 au ministère des Affaires culturelles en ordonnant le promoteur de quitter les lieux pour fin de concession.
Le communiqué explique qu’en vue de lui permettre de payer les dettes cumulées dans des conditions assez raisonnables, un accord de conciliation a été signé le 26/08/2020 en vertu duquel le promoteur devrait payer ses dettes sur plusieurs tranches avant de quitter les lieux le 31/12/2020. Cependant, l’intéressé, en l’occurrence Mustapha Okbi, n’a pas respecté cet accord et n’a pas payé la troisième tranche (15 novembre 2020) en dépit du délai de grâce qui lui a été accordé.
Durant cette période, l’Amvppc indique avoir demandé une autorisation pour dépêcher une équipe de trois experts pour inspecter l’état des lieux qui s’est avéré “dégradé”, et pouvoir ainsi effecteur les travaux de restauration nécessaires en coordination avec l’Institut National du Patrimoine (INP) à la lumière du rapport des notaires ainsi que des experts de l’INP et de l’AMVPPC).
Après cette étape, l’Amvppc a précisé qu’elle va lancer un appel d’offres pour une exploitation dans le cadre d’une nouvelle concession selon un nouveau cahier de charges garantissant la préservation du monument et le respect des engagements financiers.
Cet appel d’offres est ouvert pour tous les investisseurs et porteurs de projets culturel dont Mustapha Okbi. Cet appel d’offres, précise l’AMVPPC sera lancé après le parachèvement des travaux de restauration dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie du ministère des affaires culturelles en matière de partenariat secteur public/privé.
Selon la même source, les travaux de restauration et la préparation du nouveau cahier de charge seront entrepris durant cette année. Outre cette affaire de concession, explique le communiqué, le monument nécessite une intervention urgente de restauration étant donné qu’il a subi des “travaux arbitraires sans consulter l’INP ni à l’Amvppc et qu’il n’a pas connu durant des années des travaux de maintenance comme le stipule la convention régissant la concession.
Il est à noter que des pétitions “plaidoyer pour l’Acropolium” ” menée par un collectif de soutien notamment par l’association des amis de Carthage circule sur les réseaux sociaux. Selon cette pétition, “des employés du ministère des affaires culturelles accompagnés par des huissiers et de la force publique ont renvoyé Mustapha Okbi, animateur des lieux depuis un quart de siècle, lui ont pris ces clés et ont place l’édifice sous séquestre, jetant à la rue 15 travailleurs”. Et d’jouter : “Voila comment sous des prétextes fallacieux, on écrase la culture”.
Depuis quelques mois Mustapha Okbi avait adressé une lettre ouverte au
ministre des affaires culturelles sur les “tenants et les aboutissants de la fermeture de l’Acropolium de Carthage” et dans laquelle il a avancé qu’en ce qui concerne le règlement des redevances cumulées depuis le début du litige en 2009 ce sont “les services du ministère qui rejetaient le paiement annuel qui lui était adressé à chaque échéance”, suivant l’ultimatum qui lui a été accordé.
“Cet ultimatum déguisé”, selon ses dires “aura pour conséquence, et particulièrement en cette période de crise, la faillite de l’entreprise fondatrice, la perte des emplois directs et indirects, la cessation des activités qui animent la région de Carthage-Sidi Bou Saïd et, évidemment, le retour à l’état de ruine, sinon à la disparition totale de l’ancienne cathédrale de Carthage”.
Le promoteur a avancé que la fermeture de l’Acropolium s’inscrit dans le cadre d’un “large programme dont on ne connaît que l’ambition de diversifier l’offre touristique tunisienne, en créant des synergies entre les secteurs du tourisme, de l’artisanat, de produits du terroir et du patrimoine culturel”.
Dans ce contexte il a estimé dans cette lettre ouverte que cette affaire répond aux attentes “d’un comité de pilotage d’un projet répondant au nom de “Tounes Wejhatouna” qui a pour objectif, entre autres le réaménagement et la mise en valeur du musée de Carthage et des zones environnantes (où l’Acropolium occupe de plein droit depuis 30 ans un monument remarquable)”.
Ce comité est composé “de plusieurs ministères et du principal bailleur de fonds, l’Union européenne, secondé par un coordinateur entre les différentes parties, la société “Expertise France”, a-t-il écrit.
Baptisée l’Acropolium en 1993, l’ancienne Cathédrale Saint Louis, cédée à l’Etat tunisien en 1974, a été construite entre 1840 et 1845 à Carthage suite à une donation d’un terrain au roi de France par le bey de Tunis en 1830.
Après plusieurs années d’abandon, l’édifice surplombant la colline de Byrsa et dont le style est influencé par l’architecture byzantino-mauresque a été prise en concession par le promoteur Mustapha El Okbi, pour en faire un espace culturel et artistique dans la banlieue nord de Tunis, attirant de nombreux artistes, visiteurs, passionnés et fidèles, notamment de la manifestation annuelle “L’Octobre musical de Carthage”.