Le dossier des martyrs et blessés de la révolution n’est pas encore tranché, dix ans après la révolution. Les familles des martyrs et blessés de la révolution continuent les mouvements de protestation pour réclamer la publication, au JORT, de la liste définitive après sa parution sur le site du Comité supérieur des droits de l’Homme et des libertés fondamentales depuis octobre 2019. La liste comporte 129 martyrs et 634 blessés.
Les blessés de la révolution et les familles des martyrs ont redoublé les mouvements de protestation pour demander la publication de la liste définitive avant le 14 janvier 2021, marquant le dixième anniversaire de la révolution de 2011.
Depuis, le 21 décembre 2020, ils observent un sit-in à l’entrée de l’Instance générale des résistants, des martyrs et blessés de la révolution et des opérations terroristes pour demander la publication de la liste définitive. D’autres associations actives dans ce domaine protestent, quant à elles, contre l’absence de noms de blessés et martyrs de la révolution sur cette liste.
Dans une interview accordée à l’agence TAP, le président de l’Instance générale des résistants, des martyrs et blessés de la révolution et des opérations terroristes, Abderrazak Kilani a indiqué que l’instance qu’il préside (désigné à ce poste en octobre 2020) n’est pas habilitée à publier la liste définitive des martyrs et blessés de la révolution, précisant que ce dossier relèvera de la compétence de l’instance, une fois la liste définitive publiée au JORT.
D’après lui, c’est à la Commission des martyrs et blessés de la révolution, qui relève du Comité Supérieur des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales, que revient légalement la mission d’établir cette liste.
Abderrazak Kilani a dit comprendre les revendications des familles des martyrs et blessés de la révolution et de l’importance de la reconnaissance de leurs droits par l’Etat, regrettant, toutefois, la tournure qu’a prise cette protestation après l’intrusion des protestataires dans son bureau pour poursuivre leur sit-in et l’empêchement du personnel d’accéder au siège de l’instance.
Il a ajouté, dans ce contexte, avoir informé la présidence du gouvernement des revendications légitimes des protestataires, dès lors que l’autorisation de publier la liste finale des martyrs et blessés de la révolution est du ressort du chef du gouvernement.
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Au sujet des deux listes qui concernent les martyrs et blessés de la révolution, Abderrazak Kilani a estimé que la liste établie par l’Instance Vérité et Dignité (IVD) revêt, elle aussi, un caractère légal. Ce qui ouvre la voie, selon lui, à l’ajout de certains noms recensés par l’IVD dans la liste établie par la Commission des martyrs et blessés de la révolution, légalement habilitée à le faire.
Evoquant le Fonds Al Karama, Abderrazak Kilani a indiqué que l’Instance qu’il préside et la commission de gestion de ce fonds, créée récemment en vertu d’un décret gouvernemental, se doivent de respecter la décision-cadre de l’IVD fixant les critères de réparation et d’indemnisation des victimes ainsi que les priorités et les modalités de leur versement.
En ce qui concerne, le Fonds Al Karama chargé d’accorder des réparations au profit de 29950 bénéficiaires tels que établis par l’IVD, Abderrazak Kilani a fait valoir que son financement provient, pour l’essentiel, des dons et des parts qui seront prélevés sur les sommes à récupérer dans le cadre des affaires de corruption traitées par le Comité d’arbitrage de réconciliation de l’IVD.
Dans un tout autre registre, Abderrazak Kilani a annoncé un projet d’amendement du décret portant création de l’instance qu’il préside, dont la mission sera élargie pour englober le parachèvement du processus de justice transitionnelle et l’exécution des recommandations issues du rapport final de l’IVD.