La Tunisie est l’un des pays les plus touchés par les effets des changements climatiques. Elle fait face aujourd’hui à un grand enjeu, celui de la rareté des ressources en eau, qui se fait de plus en plus sentir dans le contexte du réchauffement de la planète.
L’hydroponie, technique de culture hors sol pourrait en partie être la solution à ce problème, d’après des jeunes promoteurs du Cap Bon, qui ont réussi à lancer leur propre projet de culture hydroponique.
En effet, cette agriculture hors sol et sans pesticides utilise 95% moins d’eau et elle est 2 fois plus rapide à donner ses fruits que l’agriculture traditionnelle, a expliqué à l’Agence TAP, Salem Darej, chercheur doctorant en biologie des systèmes aquatiques et l’un des 4 jeunes entrepreneurs du projet de la première et plus grande ferme des cultures hydroponiques “Souaqi Farms “. Cette ferme, située à Hammamet et qui s’étend sur une superficie de 800 m2, sert à à la culture des légumes à feuilles, herbes fines et plantes aromatiques.
Cette technique, qui utilise des solutions nutritives renouvelées et un substrat inerte (minéral ou végétal) pour se passer du support et des apports d’un sol, n’est pas très connue des agriculteurs tunisiens, mais des jeunes entrepreneurs investissent désormais dans cette approche moderne.
Il s’agit d’une agriculture innovante adaptée aux évolutions climatiques et respectueuse de l’environnement d’autant qu’elle offre la meilleure solution pour optimiser la consommation d’eau, des pesticides et des engrais, selon Darej.
Les promoteurs de ” Souaqi Farms ” assurent aujourd’hui, des formations pour les jeunes voulant se spécialiser dans cette technique nouvelle en Tunisie, a-t-il ajouté à TAP.
L’objectif est de leur permettre de contrôler le système d’irrigation des cultures hydroponiques et les apports optimaux en substances nutritives dans des conditions idéales (oxygène, pH, etc.). Car, l’intérêt de l’hydroponie réside dans le contrôle total des conditions de développement des plantes, très utile pour la recherche végétale ainsi que pour la production, puisqu’elle permet de surmonter les aléas météorologiques et les variables pédologiques.
En outre, cette technique assure des rendements de production végétale élevés, y compris dans des milieux défavorables aux végétaux.
“Nous avons passé deux ans à effectuer les procédures administratives pour pouvoir lancer notre projet en 2017. Car cette culture est nouvelle et il fallait revoir les règlementations pour pouvoir profiter des subventions accordés aux projets agricoles”, a encore indiqué Salem Darej.
Avant de lancer leur ferme, les 4 jeunes promoteurs Aymen Rommen, master en marketing ULT, Mohamed Rayan Hassouna, investisseur en éco-tourisme, Nizar Alaya et Salem Darej, élèves doctorants en biologie des écosystèmes aquatiques (FST Manar), avaient passer un stage de 15 jours en culture hors sol (hydroponie et aquaponie) en Egypte.
“Dans ce pays nord-africain, l’hydroponie existait depuis les Pharaons et elle est bien maitrisée contrairement, à la Tunisie”, a encore expliqué Darej.
Pour lui, les cultures hydroponiques pourraient être la solution pour faire face à la rareté des ressources en eau, en Tunisie et réduire l’utilisation des pesticides.
“Puisqu’il s’agit d’un circuit fermé, la consommation d’eau est contrôlée, la lutte contre toutes les pathologies végétales est biologique (en utilisant des coccinelles…), la croissance des plantes est aussi contrôlée et les cultures sont plus rentables que les cultures au sol”, développe le jeune promoteur.
Grâce à ses nombreux avantages, les cultures hydroponiques, appelés parfois “cultures d’appartements” ou “culture urbaine”, commencent à gagner du terrain dans plusieurs pays.
Mais, certains experts estiment que l’hydroponie, bien qu’elle constitue une solution en termes d’économie d’eau et pourrait permettre l’accès, tout le temps, à des produits de haute valeur nutritive, elle donne des produits totalement, dépourvus de saveur.
Cette technique agricole fait aussi partie des champs de recherche de la conquête spatiale dans le domaine de l’approvisionnement en nourriture et en oxygène dans l’espace ou sur d’autres planètes.