Des inconnus ont procédé à l’incinération et l’enfouissement de tonnes de déchets d’origine inconnue, déversés devant la cimenterie “Sotacib” dans la région de Rouissat, de la délégation Chebika (à Kairouan), en infraction de la législation en vigueur.
Les habitants de Rouissat ont découvert, le 30 décembre dernier, 20 tas de déchets en carton et en plastique traités, portant des marques commerciales étrangères et tunisiennes jetés par des inconnus, sur une piste agricole proche de l’usine de ciment de la région. Une partie de ces déchets a été incinérée le 31 décembre 2020 et une autre partie les 9 et 10 janvier 2021, dans une tentative de dissimiler les traces de ce crime environnemental.
La présidente de la section de Kairouan du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes), Saoussen Jaâdi, a indiqué dans une déclaration à l’agence TAP, que la section du Forum, à Kairouan, en coordination avec l’Association de protection de la nature et de l’environnement de la région, portera plainte devant la justice à ce sujet, après avoir rassemblé toutes les preuves.
Jaâdi a estimé qu’il s’agit là d’un “crime environnemental à l’encontre des habitants de la région et une violation flagrante de la loi”.
Des témoins oculaires, parmi les habitants de la région, ainsi que la présidente du conseil municipal de Chebika, Rebeh Melate, ont affirmé qu’un bulldozer appartenant à la cimenterie “Sotacib” a enfoui des tas de déchets, afin réduire les fumées qui se dégageaient de ces déchets.
D’après le député à l’ARP, Badreddine Gammoudi, “les autorités régionales étaient au courant de la décision de l’incinération et de l’enfouissement de ces déchets, et “même si elles n’ont pas donné d’ordres dans cette affaire, elles doivent assumer les conséquences de ces dépassements”.
Gammoudi a noté, également, qu’il existe de grandes similitudes entre les déchets de Rouisset, qu’il avait inspectés il y a quelques jours avec son collègue, le député Khaled krichi, et les déchets italiens au port de Sousse. Il a expliqué que les déchets jetés à Rouissat, contiennent des bouteilles d’eau minérale italiennes et des déchets médicaux espagnols et que la manière dont ils étaient emballés est similaire à celle des déchets importés d’Italie.
Le Gouverneur de Kairouan, Mohamed Bourguiba a infirmé, dans une déclaration à l’agence TAP, avoir donné l’ordre à quiconque d’incinérer ou d’enfouir ces déchets, affirmant que la loi sera appliquée à l’encontre de tout individu dont l’implication serait prouvée dans cette affaires. Il a estimé peu probable que cette affaire ait une relation avec les déchets italiens.
Et d’ajouter que les analyses qui seront effectuées par le Centre International des Technologies de l’Environnement de Tunis (CITET) détermineront si ces déchets sont dangereux. Dans la négative, ces déchets seront transférés par la municipalité de Chebika, à la décharge contrôlée de la région d’El Baten. Dans l’affirmative, ces déchets seront gérés selon les règles en vigueur régissant les déchets dangereux. Toutefois, une source du CITET a déclaré, à l’agence TAP, n’avoir aucune information sur les analyses évoquées par le gouverneur.
Il est à noter qu’aussitôt ces déchets découverts, le ministère public a ordonné l’ouverture d’une enquête pour identifier les responsables et les responsabilités.
Ce crime environnemental intervient suite au scandale d’importation des déchets italiens qui a été derrière le limogeage du ministre des affaires locales et de l’environnement. Ce dernier a été arrêté, en décembre dernier, avec nombre de cadres du ministère et de l’ANGED, sachant que la Justice n’a pas statué sur ce dossier et que les 212 conteneurs de déchets italiens demeurent sur place depuis leur entrée en Tunisie durant le premier semestre de 2020.
L’article 7 de la Loi n° 96-41 du 10 juin 1996, relative aux déchets et au contrôle de leur gestion et de leur élimination interdit l’incinération des déchets en plein air et leur utilisation comme combustible à l’exception des déchets de végétaux et stipule que les opérations d’élimination par incinération ne doivent avoir lieu que dans des établissements autorisés conformément aux dispositions de ladite loi.