“Habib Bourguiba tel que je l’ai connu: révélations d’entretiens à propos de la crise syndicale ” est l’intitulé d’un nouvel ouvrage de Taieb Baccouche publié aux Editions Leaders.
En 200 pages illustrées, Taieb Baccouche revient sur une période de 5 ans, de 1980 à 1985, à peine sorti de prison, et élu secrétaire général de l’UGTT, lors du congrès de Gafsa en 1981, où il devait en effet trouver avec le chef de l’Etat le dénouement de la grave crise syndicale du “jeudi noir”, 26 janvier 1978.
Il en livre dans ce livre (en langue arabe) des révélations fort édifiantes.
Mission quasi-impossible pour Taïeb Baccouche que de remettre l’UGTT sur orbite après l’arrestation de Habib Achour et ses camarades. Il devait y œuvrer auprès du pouvoir et des dirigeants syndicalistes pour la tenue d’un congrès extraordinaire, puis le retour de Achour. Son principal vis-à-vis était Bourguiba en personne. Mais, il n’était pas le seul à convaincre : Mzali et bien d’autres.
En 28 chapitres, l’auteur restitue les propos échangés, les manœuvres déjouées et les avancées accomplies. Le président de la République par intérim (2011) et ancien ministre, Foued Mebazaa, ne manquera pas de le relever dans sa préface. ” C’est un témoignage historique qui éclaire les chercheurs et les analystes politiques, permettant de comprendre certaines positions et de saisir ses détails “, écrit-il. Un témoignage d’autant plus précieux qu’il coïncide avec l’avancement de l’âge de Bourguiba et sa maladie…
Le livre de Taïeb Baccouche revient avec force détails sur ses rencontres avec Bourguiba, mais aussi Wassila, Mzali, Mongi Kooli et Mohamed Ennaceur notamment. Il évoque également les débats internes au sein de l’UGTT, et les discussions parfois animées avec Habib Achour. On y découvre un Bourguiba, habile, visionnaire, certes acquis à la sortie de crise, mais aussi gérant une relation compliquée avec son vieux compagnon, Habib Achour.
On apprend également beaucoup sur Taïeb Baccouche, mesuré et déterminé à faire aboutir les revendications syndicales.
Négocier avec Bourguiba relève de la prouesse. Et avec Achour, d’un exercice ardu. Taïeb Baccouche s’y essayera non sans succès.
Dans son livre publié avec le soutien de la fondation Friedrich Ebert, il en fournit des éléments inédits. Son mérite est d’aider à comprendre le fonctionnement du pouvoir et de sa relation avec l’UGTT, lors d’une crise qui avait failli menacer les fondements de l’Etat. Aujourd’hui encore, ses enseignements demeurent d’actualité et d’utilité.
Détenu politique (1978 – 1980), Taieb Baccouche est titulaire d’un doctorat d’Etat en linguistique générale et appliquée (Université de Paris 1 Sorbonne) et d’une agrégation d’arabe et a été professeur et chercheur à l’Université de Tunis (depuis 1969) et professeur des universités (à partir de 1984).
Il a occupé plusieurs fonctions durant sa carrière politique. Secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe (UMA, Rabat, depuis 2016), il a été ministre des Affaires étrangères (2015 – 2016) et ministre de l’Education nationale et porte-parole du conseil des ministres (2011).
Président de l’Institut arabe des droits de l’Homme (1998 – 2011), Taieb Baccouche a été secrétaire général de l’UGTT (1981 -1984). Il est auteur de nombreux ouvrages spécialisés, des publications et articles scientifiques – plus d’une centaine – traitant quasi-exclusivement de linguistique et de droits humains, publiés dans des revues et des encyclopédies internationales.