De toute l’histoire des relations du FMI avec la Tunisie, jamais le Fonds n’a eu un ton aussi incisif s’agissant de la reprise du programme d’assistance financière à notre pays. Le Fonds exige, entre autres, un pacte social -indispensable- engageant la responsabilité des partenaires sociaux dans toutes les négociations à venir. Mais pas seulement, il appelle avec clarté à des réformes effectives -pas fictives- de la Caisse de compensation, la réduction de la masse salariale et la restructuration des entreprises publiques.
Le communiqué faisant suite à la mission effectuée par les équipes du FMI au mois de décembre 2020 a été sévère avec un Etat peu respectueux de ses engagements avec les bailleurs de fonds internationaux, le FMI et la Banque mondiale entre autres.
Le clash public qui a eu lieu récemment entre la présidence de la République et les deux présidences (du gouvernement et l’Assemblée des représentants du peuple) fragilise encore plus la Tunisie, montrant une rupture consommée entre les plus hautes institutions du pays.
« La Tunisie a épuisé son crédit temps », déplore Radhi Meddeb, économiste et président de COMETE Ingeneering.
Lecture.
WMC : Face à l’instabilité politique et à la profonde crise institutionnelle que vit la Tunisie avec des relations tendues entre les trois présidences, comment l’Etat tunisien pourrait négocier avec les bailleurs de fonds internationaux et en prime le FMI ?
Radhi Meddeb : Le Fonds monétaire international vient de renouer le dialogue avec la Tunisie après une suspension de plus d’un an et demi. Les dernières discussions sérieuses avec la FMI avaient eu lieu en juillet 2019. Elles s’inscrivaient alors dans le cadre du suivi de la mise en œuvre des recommandations de la 5ème revue du Fonds qui avait donné lieu au 5ème déblocage dans le cadre de l’accord conclu avec la Tunisie au titre du Mécanisme Élargi de Crédit, alors encore en place.
Nous nous souvenons tous de la situation en Tunisie en juillet 2019. Béji Caïd Essebsi était encore en fonctions mais dans l’incapacité d’exercer ses fonctions depuis un mois. Tout le monde lorgnait du côté des élections présidentielle et législatives, et personne ne se préoccupait de mettre en œuvre les engagements pris par le gouvernement avec le FMI au mois de mai 2019 à l’occasion de la 5ème revue.
Le FMI est revenu en Tunisie entre les deux tours de l’élection présidentielle, en octobre 2019, pour une visite anachronique de quelques jours. Je m’étais alors posé la question de la pertinence de cette courte visite en ce moment précis d’autant plus qu’il n’y avait pas de vis-à-vis disponible avec qui le Fonds aurait pu négocier.
En fait, les représentants du FMI voulaient probablement délivrer un message à tous ceux qui étaient encore en course : « vous pouvez développer tous les discours que vous voulez, mais n’oubliez pas que vous êtes sous un programme avec le FMI et qu’il y a des engagements qui ont été pris et qui n’ont pas été respectés ».
Ensuite, le lien entre le FMI et la Tunisie a été rompu. Le Fonds a mis fin à l’accord en cours sans que celui-ci n’ait donné lieu à un déboursement intégral. Par cet acte exceptionnel, le FMI marquait son mécontentement sur la manière dont les engagements pris par la Tunisie étaient gérés. C’est la première fois que cela arrive, dans l’histoire des relations entre la Tunisie et le Fonds. Le crédit de 745 millions de dollars octroyé à la Tunisie en avril 2020 ne change rien à la nature de la relation. En aucun cas l’octroi de ce crédit exceptionnel ne traduisait une normalisation des relations entre la Tunisie et le Fonds. Il s’agit d’un crédit conjoncturel accordé dans le cadre d’un programme global du Fonds pour la lutte contre la Covid-19.
Aujourd’hui, le Fonds monétaire international a renoué le contact avec les autorités tunisiennes et a conduit une assez longue revue qui s’est étalée sur 3 semaines pleines (du 13 décembre 2020 au 13 janvier 2021), officiellement dans le cadre de l’article IV de ses statuts. Suite à cela, le Fonds a publié un communiqué comme c’est la règle. Et pour une fois, le communiqué n’a pas été enrobé dans un langage diplomatique qui eut abusé le commun des lecteurs non habitué à décrypter les non-dits du FMI.
Qu’est-ce qui différencie ce communiqué de ceux qui l’ont précédé ?
Cette fois-ci, le langage est clair ! Le FMI dit à la Tunisie : « vous avez deux défis à relever. Le premier consiste à faire face aux effets de la Covid-19 et sauvegarder la vie des populations. Le deuxième est de ramener les déséquilibres budgétaires et externes sur une trajectoire soutenable ». En clair, il faut remettre de l’ordre dans la maison.
Partant de là, le Fonds développe toute une litanie de recommandations, digne d’un programme de gouvernement. Il énumère dans le détail ce que l’État doit faire pour sauver l’économie tunisienne. Cela va de la réforme du système des subventions -inefficace et qui aboutit à des gaspillages importants- au traitement de la situation des entreprises publiques.
Il précise à cet effet que leur situation doit être analysée en fonction de leurs fondamentaux financiers, de leur positionnement et de la nature de leurs activités.
En clair, il dit que l’État ne peut plus aujourd’hui continuer à subventionner des entreprises publiques qui ne relèvent pas de sa mission stratégique. Il n’appelle pas clairement à la privatisation mais il adresse au gouvernement tunisien le message que les lignes rouges imposées jusque-là doivent être levées.
Le FMI appelle, et c’est la première de ses recommandations, à s’attaquer à la hausse « inconsidérée » de la masse salariale publique, et il en profite pour rappeler qu’elle est « la plus élevée au monde ». Encore une fois, le message est clair !
Il en profite enfin pour mettre en garde le gouvernement contre le refinancement du budget de l’Etat par sa monétisation à travers la Banque centrale.
Passer des recommandations aux « diktats », est-ce la conséquence de la visible ignorance des acteurs et décideurs politiques de la chose socioéconomique… ?
Le FMI nous rappelle cela dans son communiqué. Il nous appelle à mettre en place un « pacte social » qui intègre les parties prenantes. Il y a un petit bout de phrase qui peut paraître insignifiant dans une lecture rapide du communiqué mais qui est plein de significations. Il interpelle toutes les parties prenantes, chacune dans « le cadre de ses responsabilités ». Cela veut dire que les parties prenantes ne doivent pas faire de la politique politicienne, mais chacun doit assumer ses responsabilités dans le cadre de ses prérogatives, et cela s’adresse tant aux syndicats qu’à tous ceux qui prétendent refuser que la Tunisie négocie avec le FMI.
Le Fonds nous appelle à mettre en place un « pacte social » fort, porté par l’ensemble des parties prenantes et partagé avec la population. Nous en sommes très loin. Cette méthode inclusive de gérer le pays à laquelle nous invite le FMI nous ne la connaissons pas dans la pratique. Nos gouvernants n’ont jamais pris l’habitude de consulter, d’associer qui que ce soit à quelque décision que ce soit. Du coup, je ne vois pas aujourd’hui comment on pourrait mettre en place ce pacte social auquel appelle le Fonds monétaire, dans la situation actuelle et avec la guerre déclarée entre les deux sommets de l’exécutif.
Le dialogue national prôné par l’UGTT pourrait-il, si suivi, changer la donne ?
Le dialogue national n’a pas pu se mettre en place, et il ne pouvait pas se mettre en place. Personnellement, j’ai pris le risque d’écrire dès le mois de décembre que ce dialogue national ne verra pas le jour. Un dialogue suppose la réunion de différentes parties pour discuter d’un agenda précis. Nous ne savons toujours pas quelles parties pourraient se réunir et pour discuter de quel agenda ? Nous ne savons pas si c’est un débat de salon ou un dialogue approfondi pour traiter de questions de fond et lesquelles.
Ce qui nous a leurrés jusqu’à présent est le faux consensus. Il nous a donné l’impression d’être toujours d’accord sur beaucoup de choses. En fait, cette histoire de consensus global mise en place comme politique de gestion des affaires publiques n’a pas arrangé les choses. Depuis longtemps, et pas seulement depuis la présidence du défunt Béji Caïd Essebsi, mais depuis les discussions de l’ANC et la création en son sein de la « commission des consensus », à chaque fois qu’il y avait un problème de fond, on le renvoyait aux calendes grecques.
Cela revient à jouer sur l’ambiguïté et renvoyer à plus tard tout ce qui est complexe
Le principe, constamment retenu, est d’escamoter les difficultés, en se donnant l’illusion de les dépasser, sans jamais résoudre les problèmes de fond. Cela revient à jouer sur l’ambiguïté et renvoyer à plus tard tout ce qui est complexe.
L’expression célèbre d’un ancien président français « laisser du temps au temps » peut peut-être s’appliquer aux problèmes sociétaux mais certainement pas aux problèmes économiques. En économie, le temps c’est de l’argent. Reporter la résolution de problèmes économiques revient à perdre du temps. Cela ne fait qu’aggraver et approfondir la crise. Quand vous avez une entreprise publique dont le déficit, les impayés, l’endettement sont importants, laisser du temps au temps ou prendre son temps pour ne pas décider, ne ferait qu’aggraver la situation, alourdir la dette et compliquer encore plus la crise.
Reporter la résolution de problèmes économiques revient à perdre du temps. Cela ne fait qu’aggraver et approfondir la crise
C’est malheureusement, actuellement, la situation de la plupart de nos entreprises publiques. Et en la matière, la responsabilité de l’Etat est énorme. Une responsabilité indéniable parce que les entreprises, quand elles sont publiques, sont propriétés de l’Etat. La viabilité d’une entreprise relève d’abord de la responsabilité de ses actionnaires et de ses propriétaires. Si ces entreprises vont mal, c’est parce que leur propriétaire n’a pas assuré. Aujourd’hui, non seulement la gouvernance des entreprises publiques et leur gestion par leur propriétaire, c’est-à-dire l’Etat, est mauvaise et ce depuis très longtemps, mais depuis 10 ans cette situation a empiré à cause de l’irresponsabilité de l’Etat dans sa relation avec les entreprises publiques.
L’Etat n’est pas seulement le propriétaire mais il est souvent le premier client, et il se trouve que le premier client est un mauvais payeur.
Pouvez-vous nous citer un exemple ?
Prenons la situation d’une entreprise comme la STEG. La STEG était un fleuron industriel avec ses capacités à gérer le réseau, à répondre à la demande électrique, à exporter son savoir-faire et ses compétences en Afrique et ailleurs, et à réaliser des prouesses saluées par le reste du monde.
La STEG est aujourd’hui dans une situation financière critique. La responsabilité en incombe essentiellement à l’Etat. Dans les 2,2 milliards de dinars de créances en recouvrement de la STEG, près de 1 milliard de dinars sont imputables à des factures impayées par l’État, d’autres entreprises publiques et des collectivités locales. C’est cela la responsabilité de l’État, mauvais payeur.
C’est aussi la responsabilité de l’Etat parce qu’il y a 5 ans, la STEG achetait son énergie de base, c’est-à-dire le gaz et le pétrole, auprès de la STIR et de l’ETAP. Depuis 2015, la STEG s’approvisionne directement à l’international. La STEG achète, entre autres, du gaz algérien au prix international, l’Etat devant prendre à sa charge la différence entre le prix d’achat et le prix de référence intégré dans les tarifs de la STEG.
Or, ce prix de référence qui permet de calculer les tarifs de la STEG est totalement déconnecté du coût d’achat à l’international. Il est largement inférieur au prix d’achat. La décision de maintenir des tarifs de l’énergie électrique bas est une décision politique. Elle vise à préserver le pouvoir d’achat des pauvres et des plus vulnérables. Mais, ces tarifs bénéficient aussi à des catégories sociales qui n’en ont pas besoin et à des opérateurs économiques.
Je crois savoir que ces tarifs ont été révisés depuis 2015 ?
Il est vrai que depuis 2015, la Tunisie s’est engagée à aller vers une plus grande vérité des prix de l’énergie, mais on est encore loin du compte et les problèmes financiers de la STEG ne sont pas pour autant réglés. Quand l’Etat demande à la STEG d’acheter le gaz directement à l’international et s’engage à compenser la différence, et qu’il ne le fait pas, c’est l’existence même de la société qui est menacée. Aujourd’hui, l’Etat doit à la STEG plus de 2 milliards de dinars pour des compensations non payées à temps. Il est dans ses attributions et dans ses prérogatives de compenser l’électricité pour des raisons sociales. Tous les pays le font. Mais quand un Etat prend des décisions pareilles, il doit en assumer la responsabilité et le coût, et ne pas la faire assumer à une entreprise publique pour la mettre plus en difficulté.
nous avons là un Etat actionnaire principal de la STEG, mauvais payeur et qui n’assume pas le coût de ses décisions politiques
Donc nous avons là un Etat actionnaire principal de la STEG, mauvais payeur et qui n’assume pas le coût de ses décisions politiques.
Voilà en quoi notre État est le premier responsable de la situation dramatique des entreprises publiques en Tunisie actuellement.
Comment est-ce qu’avec cette fragmentation politique et un esprit de consensus fatal pour notre pays, l’Etat va pouvoir gérer les crises et elles sont nombreuses ?
Les difficultés sont encore plus importantes et sont, aujourd’hui, disséminées partout, malheureusement. Quand vous prenez la manière dont l’État a géré les crises du pétrole ou du phosphate, la création de ces sociétés dites de « jardinage et d’environnement », on ne peut pas être optimiste. Des dizaines de milliers d’emplois fictifs ont été créés.
Dans les démocraties enracinées, les emplois fictifs ont abouti à des procès, des condamnations de dirigeants politiques et ont mis fin à leurs carrières. En France, les emplois fictifs de la mairie de Paris ont abouti, dix ans plus tard, à la condamnation de l’ancien président Jacques Chirac. Elles ont coûté le reste de sa carrière à Alain Juppé car il les avait couverts.
Ici en Tunisie, les emplois fictifs se comptent par dizaines de milliers et personne ne s’en émeut. C’est malheureusement la situation de la Tunisie aujourd’hui, et elle est beaucoup plus compliquée qu’on ne le dit. Nous ne pourrons pas continuer ainsi éternellement. Il est urgent de mettre de l’ordre dans la maison pour que le toit ne s’effondre pas sur tout le monde.
Il est urgent de mettre de l’ordre dans la maison pour que le toit ne s’effondre pas sur tout le monde.
La situation se complique encore plus avec la grave crise institutionnelle venue s’ajouter à toutes les strates de crises que nous avions. J’ai toujours pensé qu’avant d’être une crise économique et financière, la crise en Tunisie était, d’abord, politique et morale. Aujourd’hui, elle se complique encore plus par une crise institutionnelle. Nous avons assisté, il y a quelques jours, au discours de 26 minutes, à l’adresse du peuple, du président de la République pour faire le procès de la classe politique, des institutions mais aussi de la Constitution, puisqu’il était allé jusqu’à préciser : « une Constitution taillée sur mesureعالمقاس),) pour satisfaire certaines parties ».
Je reviens à ma première question, comment la Tunisie pourrait, dans ce cas, négocier avec le FMI et les autres bailleurs de fonds ?
Un accord avec le FMI aurait pu, en temps normal, être la clé pour certains de nos problèmes. Mais la situation s’est tellement dégradée dans le pays que nous aurons du mal à concrétiser un accord avec le FMI et, surtout, un accord acceptable et crédible et que nous respecterons.
Cela me rappelle, il y a 5 ans, un très haut responsable financier du pays, me disant : « Dans nos relations, le poids du FMI est surpondéré. Qu’est-ce que le FMI nous donne par an ? 150 millions de dollars ? (A l’époque, c’était l’ordre de grandeur de l’intervention annuelle du FMI). Ces 150 millions ne sont rien par rapport à nos besoins et ce n’est donc pas avec ce montant qu’il va nous imposer ses lois ».
La question est beaucoup plus profonde que cela. Il ne s’agit pas des 150 millions. D’ailleurs, le FMI peut ne rien nous donner mais il aura quand même la même influence sur nos politiques publiques. Pourquoi ? J’ai eu l’occasion de discuter avec un très haut responsable financier d’un pays du Golfe, que nos politiques courtisaient à l’époque pour nous apporter une partie des ressources dont nous avions déjà tant besoin. Ce très haut responsable avait été très clair : « Nous n’avons pas la capacité, seuls, d’évaluer la viabilité de l’économie tunisienne et de ses finances. Nous nous mettons derrière une institution qui porte un drapeau, et cette institution c’est le FMI. Quand le drapeau est rouge, nous nous arrêtons. Quand il est vert, nous avançons et apportons notre contribution ».
Cela sans parler de nos notations souveraines. Il est amusant de relever que quand la notation de Standard & Poor’s plaisait plus à nos gouvernants, ils avaient rompu le contrat avec cette agence, sous prétexte que nous en avions deux autres. Cela rappelle le malade qui ne veut pas admettre qu’il a une forte fièvre et qui casse le thermomètre pour ne pas voir la réalité.
Pouvons-nous dans le contexte actuel nous passer du FMI ?
Si nos finances étaient abondantes et notre situation économique prospère, nous aurions pu nous affranchir de la tutelle de la Banque mondiale, du FMI et de toute la communauté des donneurs de leçons. Malheureusement, nos finances sont exsangues et nos institutions politiques étant ce qu’elles sont, nous sommes condamnés à traiter avec le FMI et ses consorts. Il y a eu quelques exemples dans le monde où des pays ont pu le faire. Je citerais à ce propos la Malaisie, qui a traversé à la fin des années 90 une grave crise économique et financière. Le gouvernement du président Marathi avait rejeté la potion du FMI et ses conditions. Il s’était mis hors de l’approche dite du consensus de Washington, en rupture de ban avec la communauté financière internationale. Il avait une vision et un programme et il les avait appliqués. La Malaisie s’en était sortie bien mieux que ses voisins frappés par la même crise et qui avaient appliqué les programmes du FMI. Le monde avait applaudi, mais a postériori.
Cette démarche ne nous est pas transposable. Nous ne partageons avec la Malaisie d’antan aucune des caractéristiques de sa gouvernance. Aujourd’hui, nous sommes contraints et forcés de trouver un accord avec le Fonds. À défaut de capacités internes, cet accord nous sera dicté et imposé et il sera très difficile à mettre en œuvre. D’ailleurs, le Fonds en est totalement conscient, et dans son communiqué il n’arrête pas d’appeler à mettre en place de multiples filets sociaux pour faire face à ce qui nous attend comme effets des réformes à appliquer.
L’ARP, centre du pouvoir réel, est occupée par des démagogues populistes qui n’arrêtent pas de dénoncer le diktat du FMI et qui rejettent l’idée même d’engager les réformes structurelles qui s’imposent. Ont-ils les moyens de leurs discours ?
Aujourd’hui et malgré le couvre-feu, la crise et la Covid-19, nous voyons des jeunes, chômeurs, rejetés de l’école, sans perspectives qui, tous les soirs, hurlent leur désespoir dans les rues. Ils cassent, ils protestent, ils défient l’autorité et appellent à la rébellion.
Demain si on s’évertue à aller vers des choix démagogiques et irresponsables, c’est la masse des salariés et de ce qui reste de la classe moyenne qui sortira dans la rue, et aucun gouvernement au monde n’a gagné dans une confrontation avec son peuple.
Les réformes doivent donner sa chance à tout porteur d’une initiative
Ce serait dangereux d’aller dans la voie du rejet des réformes. Il est impératif de sauvegarder ce qui peut l’être encore, de remettre les choses sur les rails, de restaurer les valeurs du travail et de l’effort et de reconstruire l’économie, dans l’inclusion, la durabilité et la solidarité. Les réformes sont la seule voie pour s’attaquer aux situations de rentes, de privilèges et de proximité du pouvoir.
Elles doivent permettre de relever le plafond de verre qui limite notre potentiel de croissance, de mettre le pays sur la voie de l’innovation et de la performance, de lever les obstacles devant l’initiative privée mais aussi celle sociale et solidaire, de donner sa chance à tout porteur d’une initiative ou d’une idée et de l’accompagner sur la voie de la réussite, de redonner de l’espoir et du sens à la vie de tous nos jeunes, de recréer du lien social, de redonner de la vigueur à la cohésion nationale.
Entretien conduit par Amel Belhadj Ali