La position du président de la République concernant le remaniement ministériel, notamment la prestation de serment de certains ministres, continue de susciter le débat.
En effet, en recevant, mercredi 3 février 2021, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le chef de l’Etat, Kaïs Saïed, a “réitéré sa position ferme sur le remaniement ministériel (qui doit être) fondé sur le respect de la Constitution”.
Le 25 janvier dernier, lors de la réunion du Conseil de sécurité nationale, il avait indiqué que le remaniement ministériel n’a pas respecté les dispositions de la Constitution, ajoutant que les personnes proposées dans ce remaniement ministériel qui suspectées d’être impliquées dans des affaires de corruption ou de conflit d’intérêt ne pourront pas prêter serment.
Face à ce blocage, les différents groupes parlementaires proposent une sortie de cette crise.
C’est ainsi que le député du bloc démocratique, Abderrazak Aouidet, juge nécessaire une solution politique pour la situation de blocage entre le président de la République et le chef du gouvernement.
Selon lui, malgré le dépassement du délai de nomination des nouveaux ministres et de la prestation de serment, à cause de son refus de certains noms proposés, Saïed peut valider sept d’entre eux, jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée pour les quatre autres (ces derniers pouvant éventuellement être remplacés ou se retirer de leur plein gré pour la résolution du litige).
Abondant dans le même sens, le président du groupe parlementaire Tahya Tounes, Mustapha Ben Ahmed, a estimé que le chef du gouvernement doit changer les quatre ministres controversés pour éviter que le gouvernement ne soit bloqué et incapable de travailler du moment que chaque partie campe sur sa position.
Sur le rôle de médiation que peut jouer le Parlement entre Kaïs Saïed et Hichem Mechichi, Ben Ahmed considère que cela était impossible à réaliser puisqu’il (le Parlement) est à “l’origine du problème”. En accordant la confiance à des personnalités faisant l’objet de suspicions, le Parlement a engendré et soutenu cette crise, a-t-il dit.
De son côté, Hassouna Nasfi, président du bloc La Réforme (Eslah), a déclaré que le Parlement s’est acquitté au mieux de son devoir. Pour lui, le problème se trouve uniquement entre le président de la République et le chef du gouvernement; un problème qui dépasse l’entendement, regrette-t-il.
Le président du groupe parlementaire d’Ennahdha, Imed Khemiri, propose, quant à lui, de privilégier le dialogue et de s’en tenir à la Constitution, estimant qu’il était toujours possible, durant les prochaines heures, de surmonter le litige constitutionnel.
Le mouvement Ennahdha continue de soutenir le chef du gouvernement ainsi que le dialogue entre les deux parties (Saied et Mechichi), a affirmé le député, précisant que le chef du gouvernement s’attèle à trouver une solution dans le cadre de la Constitution, surtout en l’absence de Cour constitutionnelle à qui revient le règlement de ce genre de litiges.
Rappelant la position d’Ennahdha, Imed Khemiri a estimé que la prestation de serment entre dans le cadre de la compétence liée du président de la République “qui ne peut refuser la nomination de nouveaux ministres et la prestation de serment devant lui, dès lors qu’ils ont obtenu la confiance du pouvoir initial du parlement”.