Une croissance économique basée sur l’humain et protégeant la société contre la précarité, des institutions publiques plus efficaces et redevables aux citoyens, un développement durable reposant sur l’innovation et le respect de l’environnement, sont les principaux axes de changement préconisés dans le cadre ” d’une consultation nationale virtuelle pour une vision économique et sociale de la Tunisie à l’horizon 2025 ” organisée en janvier 2021 par l’organisation Citoyen-Gov.
Cette consultation, à laquelle ont pris part plusieurs experts dans différents domaines (économie, finances, management, politiques publiques, gouvernances, systèmes logistiques, environnement, planification stratégique…), résidents en Tunisie et à l’étranger, s’est déroulée sous forme d’une série de consultations locales qui ont été couronnées par une discussion virtuelle avec les différents experts.
Elle a permis de dégager une vision globale économique et sociale de la Tunisie et d’entamer l’élaboration d’une vision pour la Tunisie pour les 5 ans à venir, prenant en considération les dimensions locales et préparant le terrain pour une vision de long terme conciliant les priorités de la société et les moyens de l’Etat.
Une croissance économique basée sur l’humain et protégeant la société contre la précarité
Au niveau des objectifs du premier axe retenu à savoir ” Une croissance économique basée sur l’humain et protégeant la société contre la précarité “, les experts ont recommandé de mettre les terres domaniales non exploitées à la disposition des jeunes, d’encadrer ces derniers et de les inciter à l’investissement ; de reconsidérer le rôle de la formation professionnelle comme moyen d’incitation à l’innovation et de réintégration des jeunes ayant abandonné les écoles dans le circuit économique, en valorisant leurs compétences.
Il s’agit deuxièmement, d’instaurer un climat d’investissement incitatif en favorisant la transition numérique de tous les services publics, en annulant les autorisations, en allégeant le poids des procédures administratives, à travers une restructuration de l’administration et en abandonnant les lois accablant l’initiative et la concurrence mais également en développant le startup-act, vers une vision globale d’une économie numérique.
Le troisième objectif est celui de protéger les catégories vulnérables, à travers un recadrage de la politique de compensation et l’adoption d’une politique d’autonomisation destinée aux catégories exposées à la discrimination et à l’exploitation économique ( personnes à besoins spécifiques, immigrés, femmes rurales…) et d’une nouvelle politique accordant aux familles nécessiteuses un revenu mensuel pour une période déterminée pour les aider à s’auto-prendre en charge et à mettre en place des projets générateurs de revenus, mais aussi pour créer un observatoire national pour la protection des minorités et d’éducation à la citoyenneté et aux droits de l’homme.
Le quatrième objectif, c’est l’instauration d’une économie solidaire forte et équilibrée. Pour ce faire, il a été recommandé d’intégrer progressivement, les acteurs de l’économie informelle dans l’économie organisée sans les criminaliser, de mettre en place une nouvelle politique d’enseignement supérieur qui incite à l’initiative et à l’entrepreneuriat, de donner aux petits artisans la possibilité d’accès aux marchés extérieurs et de valoriser les atouts et les patrimoines de chaque région.
Des institutions publiques plus efficaces et redevables aux citoyens
Parmi les objectifs recherchés sous ce chapitre, figure celui consistant à faire participer la diaspora tunisienne dans l’élaboration, l’exécution et l’évaluation des politiques publiques.
Pour ce faire, les participants à cette consultation ont recommandé de faire participer la diaspora dans l’élaboration des politiques post-Covid, à travers des partenariats avec les associations les représentant, d’adopter une nouvelle stratégie qui mobilise les compétences des tunisiens résidents à l’étranger pour le développement de l’industrie, du commerce et du tourisme et qui ouvre aux tunisiens des perspectives de formation à l’étranger avec le soutien des TRE. Il s’agit également d’ouvrir des canaux officiels de communication, permettant un échange d’expertises entre les TRE et les responsables des politiques publiques.
Un autre objectif consiste à mettre en place des politiques publiques qui respectent l’égalité des genres. Lequel objectif est réalisable en adoptant de nouvelles politiques d’emploi bannissant la discrimination à l’égard des femmes et garantissant la parité dans les postes de responsabilité et le soutien aux femmes entrepreneures.
La réalisation de cet objectif passe aussi, par la mise en place d’une nouvelle politique d’alphabétisation qui prend en compte les différents aspects de l’analphabétisme, y compris le technologique, et leur impact sur les personnes et les familles, la lutte contre toutes les formes de stigmatisation à l’égard des femmes et des filles dans les discours publics, politiques et médiatiques et la célébration des réussites féminines.
Le troisième objectif consiste à construire des systèmes de prise de décision ascendants et transparents, en intégrant la société civile dans les systèmes de contrôle et de gestion de l’argent public, en numérisant tous les services administratifs, de manière à couper court aux intermédiaires, à la corruption et au clientélisme et en instaurant de nouveaux mécanismes de gouvernance locale, permettant un meilleur contrôle de la gestion de l’argent public et limitant clairement, les champs d’intervention des autorités municipales, locales et nationales.
Un développement durable reposant sur l’innovation et le respect de l’environnement
Pour un développement durable reposant sur l’innovation et le respect de l’environnement, les participants à cette consultation ont recommandé de faire de la recherche scientifique la base du développement, en adoptant la langue anglaise comme langue de recherche, d’enseignement et d’échanges avec les universités et les centres de recherches étrangers.
Ils ont aussi, préconisé de développer des programmes de recherches soutenus par le secteur privé dans les secteurs technologiques et environnementaux , afin de développer des industries propres et à haute valeur ajoutée, y compris dans le domaine de la gestion des déchets.
Ils ont, par ailleurs, appelé à identifier les sujets de recherches sur lesquels les chercheurs tunisiens pourraient être compétitifs pour les aider à accéder aux financements internationaux.
Les experts participant ont, en outre, souligné la nécessité de veiller à garantir un environnement sain, en donnant la priorité d’accès aux financements aux projets économiques à grand impact social et environnemental, en se référant l’agenda 2030 de développement durable pour évaluer les indicateurs économiques, sociaux et environnementaux et en unifiant le cadre des politiques relatives à l’équipement, l’agriculture, l’environnement et l’aménagement urbain, afin de lutter contre les constructions anarchiques et l’étalement urbain sur les terres agricoles et les forêts.
Les conditions du changement
Les participants à cette consultation pensent toutefois que le changement ne sera possible qu’avec une forte volonté politique, une évaluation scientifique de la crise sanitaire devant aboutir à des solutions innovantes et des réformes urgentes du secteur sanitaire, une rationalisation des dépenses de l’Etat, une évaluation scientifique des politiques publiques et une meilleure mise en œuvre de la responsabilité sociétale et de la démocratie économique. Citoyen-Gov une Organisation à but non lucratif regroupant des volontaires promouvant la citoyenneté et la gouvernance démocratique dans la région MENA.