“La voie de la reprise dans la région Moyen-Orient et Asie centrale, dépendra d’une multiplicité de facteurs, tels que les mesures destinées à freiner la pandémie, l’accès aux vaccins et la distribution des doses, l’envergure des politiques de soutien à la croissance, et les mesures de nature à réduire les séquelles économiques de la pandémie”. C’est ce qu’indique Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale au Fonds monétaire international (FMI).
Dans un article intitulé ” Les pays du Moyen-Orient et d’Asie centrale doivent coopérer en vue d’une reprise harmonieuse dans l’ensemble de la région”, publié sur le blog du FMI, le responsable au Fonds a rappelé que “la deuxième vague de Covid-19, qui a déferlé sur de nombreux pays de la région à partir du mois de septembre, a entraîné des taux d’infection et de mortalité bien supérieurs à ce qui avait été observé lors de la première vague.
La plupart des pays ont remis en place des mesures restrictives limitées, afin de réduire l’impact humanitaire et économique de la pandémie, et certains ont entamé des campagnes de vaccination”.
Et de préciser que “les disparités observées dans la région sur le plan vaccinal nécessitent la mise en place de mesures volontaristes, sans quoi la crise pourrait se prolonger et la reprise s’avérer inégale d’un pays à l’autre”.
“Les vaccins représentent certes une lueur d’espoir, mais la sortie de crise s’annonce longue et complexe. Dans l’immédiat, il convient avant tout, de veiller à ce que les systèmes de santé disposent de moyens suffisants, notamment en finançant l’achat et la distribution de vaccins et en poursuivant les investissements dans les tests, les traitements et les équipements de protection individuelle. Un redressement durable dépendra en effet, de la bonne santé des populations”,
Il considère que “concilier relance économique et viabilité de la dette ne sera pas chose aisée pour les pays de la région, dans la mesure où leur espace budgétaire est restreint et que beaucoup d’entre eux devront reprendre l’assainissement de leurs finances publiques en 2021”.
“Les pays dont l’espace budgétaire est restreint voire inexistant, et dont le ratio dette/PIB a atteint une moyenne de 72% en 2020, doivent consacrer leurs dépenses au financement de mesures ciblées ayant le plus fort impact socioéconomique possible, notamment pour ce qui concerne les dépenses de santé prioritaires, l’investissement dans la jeunesse et la formation de la main-d’œuvre”.
“L’activité économique ne reprendra pas de façon uniforme partout dans le monde, et les pays ne seront pas tous aussi bien pourvus en vaccins, d’où le rôle essentiel de la coopération, tant au niveau régional qu’au niveau international. Une meilleure transparence des contrats de livraison de vaccins, permettrait d’assurer que tous les pays y aient accès aux mêmes conditions”.
“En revanche, de nombreux pays, parmi lesquels des pays fragiles ou en proie à des conflits, ne peuvent compter que sur la couverture limitée que leur confère l’initiative COVAX de l’Organisation mondiale de la santé. Etant donné les insuffisances de leurs systèmes de santé et le sous-financement de l’initiative COVAX, ces pays font face à des risques particulièrement élevés et devront peut-être attendre le second semestre 2022, pour disposer des quantités de vaccins nécessaires”.
“Pour assurer une distribution équitable des vaccins à travers le monde, il est impératif d’aider les pays les plus pauvres et les pays fragiles ou en proie à des conflits, ainsi que d’augmenter le financement de l’initiative COVAX”, a préconisé le responsable.
“Les pays de la région ont encore fort à faire pour surmonter les conséquences immédiates de la crise, mais ils doivent aussi, agir rapidement et simultanément pour jeter les bases d’une reprise solide, stable et plus inclusive au lendemain de la pandémie. Il faudra pour cela, tenir compte de l’impact inégal de la crise sur les différentes catégories de travailleurs et mettre un frein à l’accroissement des inégalités, renforcer la protection sociale, traiter les séquelles de la crise, en particulier en matière de surendettement, réformer les entreprises publiques et réduire le poids de l’Etat dans l’économie, et combattre la corruption”.
“Pour accélérer la reprise et éviter une décennie perdue, il faudrait dès à présent procéder à des investissements de qualité dans les infrastructures vertes et le numérique”.
Le FMI continuera d’aider les pays de la région, à sortir de la crise actuelle, en leur octroyant des fonds, en leur apportant de l’assistance technique et en leur fournissant des conseils, a assuré Azour.