Annulée en 2020 en pleine pandémie de la Covid-19, la 56ème édition du Festival International de Carthage (FIC) se tiendra, si tout va bien, du 11 juillet au 17 août 2021, avec un retour à ses fondamentaux doublé d’une une nouvelle identité visuelle.
Dans un entretien accordé à l’agence TAP, l’artiste et directeur artistique de l’édition 2021 Imed Alibi qui durant son riche parcours a eu plusieurs participations artistiques dans des spectacles de musique dans plus de 35 pays, a présenté sa vision du FIC, les préparatifs engagés et les grandes lignes de cette nouvelle édition qui selon ses dires, sera différentes de ses précédentes au niveau du contenu et de la forme aussi.
Crée en 1964, ce festival , a-t-il mentionné doit absolument cadrer avec la politique culturelle du pays et respecter les orientations qui ont assuré durant des décennies sa réputation et son rayonnement . L’une des actions à entreprendre c’est la numérisation de ses archives pour les mettre à la disposition des chercheurs, des artistes, des imprésarios et du large public.
Le FIC n’est pas inscrit sur la liste des festivals internationaux
Fondé sur le principe de la diversité culturelle et de l’ouverture sur l’Afrique, la Méditerranée et sur le reste du monde, le festival international de Carthage ancré aussi dans son identité nationale, n’est malheureusement pas inscrit sur la liste des festivals internationaux, note avec regret Imed Alibi.
Plus encore, il demeure absent des marchés mondiaux de musique. Cette absence est expliquée selon lui par le fait que sa programmation est différente de celle des autres festivals internationaux, qui dans leur majorité ont défini leurs propres spécificités et leurs ligne directrices et ce pour garantir leur pérennité et développer leurs positions sur la scène musicale mondiale.
Partant de ce constat, a-t-il expliqué, “le rôle du directeur artistique n’est pas de faire parvenir des spectacles de “loisirs” mais de veiller à assurer une certaine qualité de culture artistique loin des spectacles à caractère commercial vidés de tout goût artistique”.
Témoin de passage depuis sa création de grosses pointures tunisiennes et têtes d’affiche étrangères, l’amphithéâtre romain de Carthage est vraiment sacré pour les Tunisiens a estimé Imed Alibi et de ce fait il ne devrait pas être agressé par la montée sur sa scène de n’importe quel spectacle selon ses dires. “Notre mission n’est pas de remplir des gradins par des spectacles commerciaux” a-t-il insisté.
Convention avec Google Art et Culture et programmation de grands spectacles
Dans le sillage de l’entretien, Imed Alibi a parlé de la signature d’une convention avec le service en ligne Google Art et Culture mis en place depuis 2011 permettant notamment de visiter virtuellement différents lieux d’art et de culture et de visualiser des œuvres en haute définition. Le directeur artistique du FIC a qualifié la signature de cette convention de taille dès lors que c’est une première en son genre en Afrique du Nord, laquelle va contribuer au rayonnement de l’image de la Tunisie en tant que destination culturelle et touristique. “Nous devons adresser un message fort au monde afin que la Tunisie soit une destination culturelle et touristique prisée “.
C’est pour cela nous avons œuvré à la programmation de spectacles de grand calibre prévus pour la fin du mois de mai, en prévision de l’édition principale du festival de Carthage. Ces spectacles, espère-t-il sur un ton optimiste, seraient de bonne augure pour l’ouverture voire de la reprise d’une saison touristique prometteuse.
Parmi ces spectacles prévus pour le mois de mai prochain, il a cité la programmation le 21 mai 2021 du concert de l’orchestre symphonique Luigi Cherubini du conservatoire de Florence, et ce à l’amphithéâtre romain de Carthage, et ce, en hommage à la légende italienne de la musique et du cinéma Ennio Morricone, l’un des plus célèbres et prolifiques auteurs de musiques de films, décédé en juillet 2020, à la fois compositeur, producteur chef d’orchestre et est devenu grâce à la popularité de ses musiques l’une des personnalités les plus importantes et influentes du cinéma, d’aucun diront une légende.
Le 22 mai 2021, la scène du théâtre de l’opéra à la cité de la culture Chedli Klibi, sera cédée à l’artiste portugaise Sara Correi, l’une des voix majeures et grande figure du Fado tel qu’elle le conçoit qui n’est pas toujours triste et lent, c’est une âme bien trempée et une interprétation fraîche et unique
Le FIC c’est aussi des productions et des coproductions…
Évoquant les grandes lignes de la programmation du FIC pour la prochaine saison estivale, Imed Alibi a fait savoir que la part des spectacles tunisiens est à hauteur de 50 pour cent insistant sur le fait que la programmation répond à des critères purement artistiques loin de l’aspect commercial.
Il a, dans ce sens, indiqué que la direction du festival est en train de préparer des productions et des co-productions artistiques tunisiennes inédites répondant à des genres musicaux variés et ouvertes sur différentes expressions artistiques. Cette tradition de production délaissée depuis certaines années sera marquée par la signature de trois créations inédites.
En effet, cette édition a-t-il poursuivi sera ainsi marquée par le retour de l’artiste Hédi Habbouba en compagnie de Nasreddine Chebli (auteur de “Fellaga” Tanit de bronze des JMC 2016) , dans un renouveau de la musique populaire qui sera au rendez-vous à Carthage tout en gardant les fondements de l’art ancestral et à jamais indémodable.
Le public et les fidèles du FIC auront rendez-vous également avec Nebiha Karawli (Voix) et Adel Bondka (production et composition) dans “Bahr Al-Sufiya”, une mise en scène de Mohamed Ali Ben Jemaâ, Il s’agit d’une nouvelle expérience pour les deux artistes en matière d’exploration vaste et étendue du monde du soufisme.
La troisième création inédite est un spectacle vivant “Diwan Erramel” produit avec le centre d’art dramatique et scénique de Tataouine, d’après une conception de Ali Yahyaoui et une mise en scène de Lassaad Ben Abdallah.
“Diwan Erramel”, est une œuvre qui allie musique, rythmes, danse et chant des racines avec une approche contemporaine qui met au centre de nos questionnements, la part du rêve, de l’imaginaire et de l’oralité. Ce spectacle mis en scène par Lassaâd Ben Abdallah à partir de l’idée et du scénario de Ali Yahyaoui est une évocation de la mémoire des lieux, retrace sa temporalité, ses sonorités et ses récits. C’est une immersion dans cette étendue sablonneuse pour en dégager les traits et les rituels et conter son histoire peuplée de personnages hauts en couleur.
La programmation générale prévoit des représentations théâtrales, des chorégraphies et des comédies musicales de Tunisie et d’ailleurs ainsi qu’une programmation spéciale enfants sans oublier l’organisation d’une caravane artistique au grand bonheur de plusieurs régions du pays, et ce, dans le cadre de la politique de décentralisation de l’offre culturelle et artistique.