Les dernières prévisions de la Banque centrale de Tunisie laissent entrevoir une relative atténuation du rythme de progression des prix à la consommation en perspectives.
Sur une base annuelle, le taux d’inflation devrait revenir de 5,6% en 2020 à 4,9% en 2021 avant de passer à 5,1% en 2022.
L’inflation sous-jacente, mesurée par l’indice des prix hors produits frais et administrés, devrait évoluer au voisinage de 5,2% et 5,5% en 2021 et 2022 respectivement, après 5,6% en 2020.
Par principale composante, l’inflation des produits administrés devrait s’atténuer à 3,8% en 2021 avant de passer à 4% en 2022 et ce après avoir atteint un niveau historiquement élevé en 2020 (5,7% en moyenne annuelle et un pic de 7,1% au mois de mai).
Faut-il préciser que cette envolée des prix administrées en 2020, a résulté des augmentations importantes des prix de plusieurs produits prépondérants (lait, farine, produits pharmaceutiques, tabac) et services (transport commun privé, transport aérien, services médicaux, assurance et visite technique pour voiture).
La baisse à plusieurs reprises des prix à la pompe en 2020 n’a contribué que faiblement à l’atténuation de l’inflation des produits administrés (de -0,26 p.p.). Au-delà, un effet de base baissier important devrait contribuer à l’atténuation de l’inflation des produits administrés notamment en 2021.
Toutefois, l’orientation de l’Etat vers la réduction progressive des dépenses de subvention, et l’absence d’espace budgétaire suffisant permettant de résorber les charges additionnelles, dans un contexte de hausse des prix internationaux des produits de base et des coûts, devraient occasionner des ajustements des prix des produits administrés (alimentation, médicaments, énergie, etc.) dans la période à venir.
Quant à l’inflation des produits alimentaires frais, la révision à la baisse de perspectives de l’offre locale de plusieurs produits, notamment de la production maraîchère, et la hausse des coûts des intrants et de la main d’œuvre (hausse du SMAG de 6,5% au début de 2021) devraient atténuer la décélération graduelle de cette composante de prix, observée en 2020.
Les prévisions tablent sur un taux d’inflation moyen des produits frais de 5,3% en 2021 et 5,4% en 2022, après 5,9% en 2020.
Pour sa part, l’inflation sous-jacente, mesurée par l’indice des prix à la consommation hors produits frais et produits à prix administrés, devrait se stabiliser au voisinage de son niveau actuel durant le premier semestre 2021, avant de s’inscrire sur une tendance haussière graduelle sous l’effet des pressions inflationnistes qui se profilent à l’horizon.
En particulier, la hausse marquante, depuis fin 2020, des prix internationaux des produits de base et des matières premières devraient se diffuser progressivement aux prix à la consommation. De même, les augmentations des coûts de production, tels que les coûts de la main d’œuvre (hausse du SMIG de 6,4% au début de 2021) et de l’énergie, constituent une source de tension sur les prix à la consommation sur l’horizon de prévision. En revanche, les faibles perspectives de la demande devaient contribuer à la relative atténuation des pressions à la hausse des prix.
L’incertitude entourant la trajectoire de l’inflation demeure assez élevée et les risques sont orientés vers la hausse. En particulier, une hausse plus importante des prix internationaux des matières premières, notamment le pétrole et des perturbations au niveau des circuits d’approvisionnement et les problèmes de distribution pourraient amplifier davantage les tensions sur les prix.
De même, l’accentuation de pressions financières sur le budget de l’Etat (hausse des prix et tarifs administrés et des taxes) pourrait raviver les pressions inflationnistes à moyen terme.
La Banque centrale resterait regardante quant à l’évolution de l’inflation durant la période à venir, et s’emploiera à la contenir dans des niveaux soutenables, en usant de tous les instruments à sa disposition