Le Programme de mise à niveau (PMN) mérite d’être révisé, en vue de prévoir des actions spécifiques dédiées au renforcement de la numérisation, en tant que socle d’amélioration de la compétitivité des entreprises tunisiennes, selon une analyse sur le “Programme de mise à niveau et digitalisation de l’industrie tunisienne”, publiée par l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ).
Selon l’auteur de cette analyse, l’économiste Adel Ben Khalifa, la numérisation permet aux entreprises d’acquérir de nouveaux outils, afin d’améliorer leurs capacités managériales d’innovation et de positionnement concurrentiel.
Cette note montre que ” les interventions du PMN devraient également, allouer davantage d’appui aux entreprises des régions de l’intérieur, pour réduire la fracture numérique interrégional”.
La transition vers une économie numérique ne pourrait plus être assurée par une politique nationale basée sur les subventions
D’après l’économiste de l’ITCEQ, “la transition vers une économie numérique ne pourrait plus être assurée par une politique nationale universelle basée sur les subventions (essentiellement le PMN) qui ignore les caractéristiques spécifiques des TIC, les caractéristiques hétérogènes des entreprises et les spécificités socio-institutionnelles et technoéconomiques des régions.
Et de recommander “la conjonction d’une politique nationale avec des politiques à vocation sectorielle et régionale, qui pourra concrétiser le Plan national stratégique, Tunisie Digitale”.
” La transition de tout pays, et particulièrement celle de la Tunisie vers l’économie digitale, passe par la capacité de ses entreprises et de ses régions à innover et à se transformer sur la base des TIC, qui, elle-même, dépend de la richesse de son milieu, en ressources clés de l’économie et de la connaissance et de la dynamique territoriale d’apprentissage, permettant de faire révéler et mobiliser les ressources et les capacités cachées, éparpillées ou mal utilisées “.
Les analyses comparatives menées par l’Institut montrent que l’impact du PMN varie selon la taille, le régime et la région.
Ainsi, l’analyse par taille d’entreprise montre que les petites entreprises sont plus sensibles aux aides publiques que les sociétés de taille moyenne. Suite à leur participation au PMN, les petites entreprises ont pu augmenter leur adoption des TIC de 70%, contre 54% dans le cas des entreprises moyennes.
Quant à l’analyse par régime, elle montre que les entreprises totalement exportatrices sont les plus bénéficiaires de leur participation dans le PMN, en matière d’adoption des TIC. Elles ont pu augmenter leur niveau d’adoption des TIC de 140%, contre 76% pour les entreprises partiellement exportatrices.
Pour le cas des entreprises non exportatrices, les subventions publiques n’ont, toutefois, pas d’impacts significatifs sur leur niveau d’adoption des TIC.
Le PMN n’a aucun effet significatif sur la numérisation des entreprises dans les régions de l’intérieur
Pour ce qui est de l’analyse par région, elle montre que le PMN a fait augmenter le niveau d’adoption des entreprises compilées (mises à niveau) des TIC, de 106% pour la région du Grand Tunis, 77% pour la région du nord-est et 52% pour la région du centre-est.
Toutefois, le PMN n’a aucun effet significatif sur la numérisation des entreprises implantées dans les régions de l’intérieur. Cela peut être expliqué par le manque de ressources complémentaires (capital humain, fournisseurs des TIC, universités, laboratoire de recherche, consultants, centres techniques, esprit entrepreneurial, culture,…), pour que les entreprises de ces régions puissent adopter et s’approprier les TIC.
” Les disparités régionales en matière de diffusion des TIC ne sont, après tout, que l’expression des inégalités socioéconomiques et géographiques déjà existantes “.
L’économiste souligne qu’” il est peut-être plus réaliste et plus ambitieux de penser, d’ici à 2030, à faire de la Tunisie une économie non seulement digitale, mais aussi intelligente et soutenable (Smart Tunisia 2030) qui pourra profiter des technologies les plus avancées telles que : l’éco-TIC, le Big data, le cloud, et l’internet des objets (IdO) “.
Pour rappel, le Programme de mise à niveau a été lancé en 1995, pour soutenir l’entreprise, dans un milieu de plus en plus concurrentiel. Il s’attelle à améliorer le positionnement compétitif des entreprises et leur capacité d’adaptation, à doter les entreprises de moyens leur permettant de résister à la concurrence, à contribuer à l’effort d’exportation déployé par des entreprises, et à permettre aux entreprises de moderniser leurs moyens de production et de s’adapter aux nouvelles technologies et de développer leurs ressources humaines.