Les chefs d’entreprises affichent un optimisme prudent quant aux perspectives de 2021 et au rebond de l’activité économique, en dépit de la gravité du contexte actuel, marqué par la COVID-19, c’est ce qui ressort du baromètre de la conjoncture économique, publié mercredi, par la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI).
Le baromètre de la CTFCI, mené du 1 au 15 février 2021 auprès de 145 entreprises adhérentes (75 dans l’industrie et 70 dans le secteur des services), dont 100 à participation française (soit 69%), montre aussi que la reprise tant attendue et souhaitée, reste néanmoins tributaire de la satisfaction d’un certain nombre de facteurs interdépendants.
En effet, la restauration de la confiance et la relance de la croissance restent tributaire, pour la majorité des chefs d’entreprise, du renforcement de la stabilité politique et de l’amélioration de la situation sanitaire et de l’environnement des affaires. Ces préalables sont à même de renforcer la confiance des opérateurs et de leur permettre d’avoir une meilleure visibilité pour tirer le meilleur parti du mouvement de relocalisation qui commence à se dessiner en Europe.
D’une manière générale, le baromètre de la CTFCI relève qu’en 2020, près de 57% des entreprises ont enregistré une baisse au niveau de leurs chiffres d’affaires, 21% s’attendent à une stagnation et 22% prévoient une légère augmentation de leurs chiffres d’affaires.
L’année 2021 se présente sous de meilleurs auspices avec une légère amélioration en perspective ,avec 35,6% des entreprises qui prévoient une hausse de leur CA, 33,6% qui s’attendent à une stagnation et 30,4% à une baisse.
En matière d’investissement, l’année 2020 a marqué un véritable coup d’arrêt sous l’effet de la COVID-19, mais également de la situation politique et de la détérioration du climat des affaires. Il ressort que 75% des entreprises ont procédé soit à une baisse soit à une pause de leurs investissements et 25% seulement, ont fait de nouveaux investissements.
L’année 2021 marquerait peut-être un brin d’espoir dans la mesure où 38% ont l’intention d’investir et 62% restent dans une sorte d’expectative. Le baromètre de la CTFCI révèle aussi que la COVID-19 a sérieusement impacté la situation de bon nombre d’entreprises. Cet impact a été fort ou très fort pour 43,7% des entreprises, moyen pour 40% d’entre elles, faible pour 13% et insignifiant pour 3%.
L’impact de la crise sanitaire a été ressenti au niveau du chiffre d’affaires des entreprises, dont 80% se déclarent impactées à des degrés divers. Les effets du COVID-19 ont particulièrement ressenti par les entreprises opérant dans le secteur du tourisme, transport, textile et aéronautique où 13% considèrent l’impact comme très fort. Il est à signaler que 20% seulement des entreprises sondées estiment n’être pas affectées par la pandémie.
En matière d’emploi, l’impact du COVID-19 a été diversement ressenti. Pour 57% des entreprises la COVID-19 n’a pas provoqué d’impact sur l’emploi. En revanche, 43% des entreprises ont été contraintes à réduire leurs effectifs (licenciements, arrêt des CDD, départ volontaire, retraite anticipée…). 3% seulement des entreprises qui opèrent surtout dans les secteurs du tourisme, transport, textile ou aéronautique jugent cet impact sévère.
Pour ce qui concerne les facteurs de compétitivité du site tunisien des affaires, trois craintes pèsent sur les entreprises pour les douze prochains mois. Pour 77,1% des entreprises le risque redouté concerne l’instabilité politique, pour 75% le risque se réfère au prolongement de la crise sanitaire et pour 47,9% l’instabilité fiscale est perçue comme une source de blocage.
Au sujet du positionnement de la Tunisie en tant que site potentiel de relocalisation pour les entreprises françaises, 52% des entreprises jugent que la Tunisie est soit très attractive , soit moyennement attractive contre 48% qui pensent que le site tunisien des affaires a perdu significativement de son attractivité.
Pour ce qui concerne la relation entreprise-administration, les structures administratives sont jugées davantage moins performantes et moins transparentes. Dans le classement des administrations les moins performantes, le peloton de tête est occupé par les services de la fiscalité avec 40% des entreprises qui déplorent la qualité des services qui leur sont rendus et leur extrême enchevêtrement.
Les services de la douane viennent en deuxième position avec 30% des entreprises sondées qui jugent négativement, la complexité des procédures et leur manque de transparence, suivis par la CNSS avec 12,5% d’entreprises qui expriment leur insatisfaction des services qui leur sont rendus par cette institution.
Le baromètre de la conjoncture économique de la CTFCI réalisé dans un contexte de crise sanitaire, de crise politique, de difficultés économiques et de tensions sociales se propose de mieux cerner les sources de compétitivité et de faiblesse de l’écosystème tunisien des affaires, telles que perçues par les adhérents de la CTFCI et d’avoir une appréciation sur l’impact de la situation politique, économique et sociale sur le sentiment des chefs d’entreprise et l’attractivité du site tunisien.