“Les pays africains sont appelés à redéfinir leurs modèles de développement pour mieux construire l’avenir du continent, surtout, que la pandémie et la crise climatique, ont mis à rude épreuve leur résilience sociale, économique, politique et environnementale”, a affirmé, mercredi soir, la Secrétaire générale adjointe de l’Organisation des Nations unies et Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Vera Songwe.
La responsable africaine, qui intervenait au 7ème Forum Régional Africain pour le Développement Durable (FRADD 2021) sur le thème : ” Mieux construire l’avenir : Vers une Afrique résiliente et verte pour assurer la réalisation du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 “, organisé du 1er au 4 mars 2021, à Brazzaville (République du Congo), a ajouté que la croissance moyenne du continent africain en 2020 aurait chuté à 1,8 % dans le meilleur scénario et à -2,6% dans le pire scénario en raison de l’impact économique de la COVID-19.
“L’Afrique souffre de la crise climatique qui épuise davantage les richesses du continent africain. Selon les projections de la CEA, au rythme actuel de réchauffement de la planète, les zones les plus affectées par le changement climatique perdront jusqu’à 15% de leur PIB à l’horizon 2030”, a-t-il encore dit.
D’après ses dires, les pays africains consacrent déjà entre 2 et 9% de leur PIB à la réponse aux impacts environnementaux associés au changement climatique, notamment inondations, sécheresses et glissements de terrains “a encore expliqué Vera Songwe.
Une relance verte axée sur le capital naturel est nécessaire!
Les économies du continent ont besoin d’une relance verte axée sur une prise de conscience de la véritable valeur du capital naturel, ont laissé entendre les intervenants à ce 7ème conclave africains.
Déjà, un étude sur les investissements verts réalisée par la CEA, montre que les investissements en énergie renouvelable et des solutions basées sur la nature pourraient créer 250% plus d’emplois et 450% plus de valeur ajoutée que les investissements traditionnels reposant sur les hydrocarbures.
A cet effet, les objectifs de développement durable et les aspirations et cibles énoncés dans le cadre de l’Agenda 2063 doivent être au centre des plans de relance pour l’après COVID-19 des pays africains.
Vera Songwe a exprimé, à cette occasion, l’engagement de la CEA, à continuer à mobiliser l’ensemble des partenaires techniques et financiers afin que le continent africain puisse tirer parti de la décennie d’action pour atteindre les objectifs de développement durable et réaliser la vision commune d’une Afrique plus pacifique et plus prospère.
ODD: Des obstacles avant la crise Covid-19
Un rapport sur le développement durable en Afrique de la CEA, présenté mardi dans le cadre du forum, a montré que la mise en œuvre des ODD et de l’Agenda 2063 à travers le continent souffrait de nombreuses difficultés avant même l’apparition de la crise de la Covid19.
En effet, à la veille de la pandémie, les disparités de revenus étaient à la hausse à travers le continent. Ainsi, si l’extrême pauvreté avait quasiment disparu en Afrique du Nord, elle s’élevait à plus de 50% de la population en Afrique Centrale.
Selon le rapport, la crise du Covid19 va faire basculer 5 à 29 millions de personnes supplémentaires sous le seuil de la pauvreté extrême. Aujourd’hui, environ 9 sur 10 personnes extrêmement pauvres dans le monde vivent en Afrique.
“Si l’impact de la pandémie n’est pas limité en 2021, 59 millions de personnes supplémentaires subiraient le même sort, ce qui pourrait porter le nombre total d’Africains extrêmement pauvres à 514 millions d’individus “, a encore noté le rapport.
L’Afrique continue de connaître des disparités sur le plan de l’accès universel à l’énergie, à l’électricité et même aux combustibles et technologies propres pour la cuisine.
Si le continent enregistre des progrès par rapport aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effets de serre et sont parvenus à augmenter les superficies dédiées à la biodiversité de 4,5% entre 2010 et 2020, il reste vulnérable au changement climatique avec des capacités d’adaptation limitées.
Par ailleurs, l’Afrique a perdu en moyenne 3,9 millions d’hectares de forêt par an entre 2010 et 2020 en raison de la croissance démographique, de la pauvreté et de l’expansion agricole.
Des alternatives pour sortir de la crise
Pour accélérer la sortie de la crise, les experts de la CEA ont proposé la mise en place et le renforcement des systèmes de protection sociale pour une réduction durable de la pauvreté, et l’investissement dans des catalyseurs clés tels que la santé reproductive, la santé mentale, l’accès à une couverture médicale de base ainsi que l’éducation.
Ils ont plaidé, en outre, en faveur d’une gestion améliorée de l’environnement à travers des politiques durables d’extraction et d’utilisation des ressources naturelles et pour une adoption d‘une approche centrée sur les personnes dans le traitement des problématiques liées à la gouvernance, la paix et la sécurité.
La CEA a par ailleurs présenté, lors de FRADD 2021, un outil de planification et d’évaluation intégré (OPEI), mis au point pour aider les pays africains à faciliter l’intégration des ODD et de l’Agenda 2063 dans leurs plans de développement nationaux et le suivi de leur mise en œuvre.