L’urgence de créer l’université des métiers, d’adapter le système de formation professionnelle aux besoins des entreprises et d’opter pour une nouvelle gouvernance des centres de formation, a été soulevée lors d’une rencontre-débat, organisée récemment par la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI) et l’AFD sur “les métiers de demain”.
Plusieurs clusters industriels ont pris part à cette rencontre, à savoir le groupement des industries tunisiennes aéronautiques et spatiales (GITAS), la Tunisian Automotive Association (TAA), le Cluster des industries électroniques (ELENTICA), l’association tunisienne des industriels en plasturgie (ATIP), le pôle de compétitivité mécatronique de Sousse et le cluster numérique GET IT.
Le directeur adjoint de l’AFD, Bertrand Ficini, a indiqué que la Tunisie figure parmi les cinq premiers pays qui ont bénéficié de l’appui financier de l’AFD, avec un concours estimé de deux milliards d’euros, investis dans de nombreux secteurs dont notamment la formation professionnelle.
Il a souligné la nécessité d’avoir aujourd’hui, une nouvelle vision en matière de formation professionnelle, afin de mieux répondre aux besoins des entreprises. Il s’agit de changer de modèle de gouvernance des centres de formation, en impliquant directement les entreprises et/ou leurs représentants dans le système.
Pour sa part, Wassim Haj Ali, chargé de mission à l’AFD, a affirmé l’engagement de l’institution de financement publique dans la mise en œuvre de trois nouveaux projets à travers l’utilisation de nouveaux instruments. Il s’agit, en premier lieu, de l’appui à apporter à 16 centres de formation professionnelle pour leur permettre de répondre aux besoins des territoires et des secteurs.
Il s’agit, ensuite, du renouvellement de l’approche pédagogique, par le biais de la certification de 25 centres de formation professionnelle et de l’appel à projet qui sera lancé incessamment, pour la modernisation de 7 à 12, ISET.
Il s’agit, enfin, à travers le Projet “ELIFE”, promu par la fondation Tunisie pour le développement et soutenu par l’AFD, de favoriser la création de 10 centres techniques dans 10 régions intérieures, qui dispenseront un complément de formation de 6 mois, dans la spécialité numérique, au profit de jeunes diplômés en vue de faciliter leur insertion. 2 centres ont déjà été lancés respectivement à Béja et Siliana. Pour compléter ce dispositif, deux autres projets sont dans le viseur de l’AFD, a également fait savoir Haj Ali.
Le premier projet consiste en la création de l’école de la nouvelle chance pour accueillir des jeunes de 18 à 30 ans, sans diplôme ni qualifications pour faciliter leur insertion dans la vie active. Deux centres pilotes sont envisagés à Sousse et à Kairouan.
Le deuxième projet consiste à financer en collaboration avec l’état tunisien, le lancement d’un centre pilote de formation dans l’industrie agroalimentaire à Bizerte, dont la gestion sera confiée à la branche professionnelle.
Pour le responsable de l’AFD, la réussite du nouveau modèle de gestion des centres de formation professionnelle favorisera son essaimage. Les représentants des clusters présents ont mis en exergue la faiblesse de la formation actuellement dispensée par les centres de formation et son inadéquation avec les attentes des entreprises.
La question de la formation des formateurs a été soulevée par de nombreux intervenants, dans la mesure où elle se présente comme un préalable pour que les formations dispensées soient de qualité et en phase avec les évolutions des métiers.
Il a été également, question du processus de transformation digitale des entreprises, notamment des PME, qui accuse un retard souvent imputé aux profils parfois inadaptés des nouveaux diplômés des écoles d’ingénieurs. Les participants à cette rencontre ont ainsi recommandé, d’introduire la formation par alternance au profit des responsables chargés du management.