Sur une tendance haussière depuis le début des années 2000, le prix du complexe oléagineux (graines, huiles, tourteaux) a considérablement augmenté au 2e semestre 2020, atteignant leur niveau le plus haut depuis 2014. Les cours ont ainsi progressé de 25% pour les graines et les tourteaux de soja, allant même jusqu’à 50% pour l’huile de soja.
Ces augmentations sont liées à plusieurs facteurs : aléas climatiques affectant la production en Amérique, importante baisse des stocks d’huile de palme en Malaisie et réduction des exportations d’huile et tourteaux de soja en provenance d’Argentine suite à des mouvements sociaux.
A cela s’ajoute la demande en soja record de la Chine. Avec la reconstitution de son cheptel porcin, ses besoins en soja ont explosé et le pays, premier consommateur mondial de soja, a importé 60 % de la production globale en 2020.
Avec des besoins moyens de 450 000 tonnes de tourteaux et 250 000 tonnes d’huiles de graines majoritairement satisfaits par des importations, la Tunisie a été lourdement impactée par la hausse des prix. S’ils se maintiennent, les cours constatés fin 2020 pourraient représenter un coût supplémentaire de 325 millions de dinars pour la balance commerciale.
Face à la volatilité des marchés mondiaux des oléagineux, la question de l’autonomie protéique en Tunisie représente un enjeu de taille. Le développement de la filière nationale de colza permet de réduire la dépendance aux importations, d’améliorer l’équilibre de la balance commerciale et de renforcer l’activité économique notamment dans les zones rurales du pays.
Mobilisation de la filière pour améliorer l’autonomie alimentaire tunisienne
Entamée en 2014, l’émergence de la filière de colza vise à développer une production nationale pour satisfaire une part croissante des besoins domestiques en huiles et protéines.
Avec un taux de croissance annuel moyen de plus de 100%, la production locale de graines est passée de seulement 610 tonnes en 2014 à 17 870 tonnes en 2020. La Tunisie a ainsi produit 5 950 tonnes d’huile de colza et 11 050 tonnes de tourteaux de colza en 2020.
Bien qu’encore faible au regard des besoins, cette production contribue d’ores et déjà à renforcer la souveraineté alimentaire du pays. En 2020, la couverture des besoins nationaux était de 2,5% pour les huiles et de 2,2% pour les tourteaux, toutefois les perspectives sont très encourageantes.
En effet, la dynamique observée depuis 2014 se confirme cette année encore avec 15 000 hectares emblavés et d’autre part, le potentiel de surface pour produire du colza en Tunisie est de 80 000 ha.
De plus, de nombreux acteurs du monde agricole s’organisent et s’investissent dans le développement de la production. A l’instar de l’INGC qui mène un travail de sensibilisation et de formation des agriculteurs depuis plusieurs années. Cet engagement s’est renforcé en 2020 avec la création d’une équipe d’ingénieurs dédiée exclusivement au colza.
Pour favoriser son usage par les marchés nationaux, l’Office national de l’huile (ONH), en accord avec le ministère de l’Agriculture, lance des appels d’offres spécifiques pour l’huile de colza et attribue à la production tunisienne une préférence tarifaire de 10%. L’objectif étant de créer un cercle vertueux pour l’économie du pays où une production locale d’huiles et tourteaux permet de contribuer à l’autonomie alimentaire, limitant ainsi le recours à l’importation.
Capitaliser sur des semences de qualité pour la Tunisie
L’accès à des semences de qualité et à fort potentiel de rendement est un levier essentiel au développement des cultures oléagineuses. Avec plus de 1 100 variétés inscrites, le catalogue européen offre aux agriculteurs tunisiens des semences garanties sans OGM et parfaitement adaptées aux spécificités des bassins de production de la Tunisie. Elles bénéficient également d’une haute faculté germinative afin d’améliorer la performance de leurs productions.
L’utilisation des semences européennes contribue ainsi à améliorer la souveraineté de la Tunisie en huiles et protéines végétales.
A Propos de Terres Univia : Terres Univia est l’interprofession Française des huiles et protéines végétales destinées à l’alimentation humaine, sans oublier de relever le défi de produire des protéines végétales destinées à l’alimentation animale, et de contribuer à l’essor des filières de la chimie du végétal.