La digitalisation demeure un terme méconnu chez les micro-entrepreneures du sud, c’est ce qui ressort des résultats préliminaires d’une enquête qualitative menée par le cabinet Emrhod Consulting, sur la perception des femmes issues des régions du sud tunisien, de l’univers numérique.
“Nous avons pu constater qu’il existe un certain déficit de connaissances et d’informations sur la digitalisation chez les femmes du sud. Pour elles, le terme “digital” renvoie systématiquement au réseau social Facebook. Aucune d’entre elles n’évoquent l’e-commerce, le télétravail ou encore les visioconférences”, a expliqué le directeur général d’Emrhod Consulting, Nebil Belaam, jeudi, à Tunis.
S’exprimant, lors d’un atelier sur le thème “L’autonomisation économique des femmes entrepreneures au cœur de nos priorités”, organisée par le bureau du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en Tunisie qui commande cette étude, Nebil Belaam a fait savoir que le financement est le deuxième obstacle entravant l’accès des femmes entrepreneures au numérique, dans la mesure où ces dernières ne disposent pas des ressources financières nécessaires pour s’équiper des outils appropriés (Ordinateurs, connexion Wifi).
D’après cette étude menée, en mars courant, auprès des micro-entrepreneures appartenant à plusieurs professions (Habillement, pâtisserie, distillation des plantes…) issues de cinq gouvernorats (Gabès, Tataouine, Médenine, Gafsa, Kébili et Tozeur), les représentations socio-culturelles demeurent un frein à l’inclusion numérique des femmes.
“Dans les régions du sud, les mentalités et les comportements qui délimitent le champ d’action des femmes dans la société, sont encore prédominants dans le sens où la réussite professionnelle est perçue comme une affaire d’hommes”, a expliqué Nebil Belaam.
Dans une déclaration à l’agence TAP, il a mis l’accent sur la nécessité d’apporter un accompagnent et une formation pour ces femmes, afin de consacrer leur inclusion numérique.
Intervenant, à cette occasion, la représentante résidente adjointe du PNUD Tunisie, Alissar Chaker a indiqué que cet atelier s’inscrit dans le cadre d’une série d’initiatives organisée en collaboration avec le Royaume de Norvège et l’Onu, qui a pour objectif de faire face aux répercussions socio-économiques liées à la pandémie (Covid-19) ayant touché les femmes, notamment, celles des régions du sud.
“Des recommandations visant à lever les freins et obstacles qui entravent l’inclusion digitale et financière des femmes micro-entrepreneures vulnérables dans le sud, seront formulées à l’issue de cet atelier”, a-t-elle encore précisé.
Depuis 2012, près de 1800 femmes du sud ont bénéficié d’appui et de formation afin de faciliter leur intégration dans le marché de travail et le lancement de leurs projets, et ce, dans le cadre de projets de partenariat avec le PNUD, a indiqué Khaled Hachicha, directeur général de l’Office du Développement du Sud.
Selon lui, le sud tunisien reste une région où le taux de chômage demeure élevé, avec un taux de 40% à Tozeur, 41% à Médenine, 41% à Gabès, 42% à Kébili , 53% à Tataouine et 58% à Gafsa.