Après une contraction estimée à 3,3% en 2020, la croissance mondiale devrait s’établir à 6% en 2021, mais ralentir à 4,4% en 2022. L’économie mondiale se ressaisit, mais la reprise n’est pas la même partout dans un contexte de fortes incertitudes. C’est ce qui ressort de l’édition du mois d’avril 2021 des “Perspectives de l’économie mondiale” publiée par le FMI.
Les projections pour 2021 et 2022 sont plus favorables que dans l’édition d’octobre 2020 des PEM. La révision à la hausse s’explique par la prise de nouvelles mesures de soutien budgétaire dans quelques grands pays, par des anticipations de reprise tirée par la vaccination au second semestre de 2021 et par l’adaptation continue de l’activité économique à une mobilité réduite.
La Covid-19 devrait laisser moins de séquelles…
Ces perspectives restent cependant très incertaines, notamment en ce qui concerne l’évolution de la pandémie, l’efficacité des mesures prises par les autorités pour assurer un retour à la normale grâce à la vaccination, et l’évolution des conditions financières.
Le FMI souligne par ailleurs que grâce aux mesures sans précédent prises par les pouvoirs publics, la récession provoquée par la COVID-19 devrait probablement laisser moins de séquelles que la crise financière mondiale de 2008. Ce sont cependant les pays émergents et les pays en développement à faible revenu qui ont été le plus durement touchés, et ils devraient subir des pertes plus importantes à moyen terme.
Des conséquences divergentes
Les pertes de production ont été particulièrement marquées dans les pays tributaires du tourisme et des exportations de produits de base, ainsi que dans ceux dont la marge de réaction était limitée. Beaucoup de ces pays étaient déjà dans une situation budgétaire précaire avant la crise et avaient peu de moyens de monter une riposte sanitaire de grande ampleur ou de préserver les moyens de subsistance.
La reprise prévue succède à une contraction majeure qui a eu des conséquences particulièrement néfastes sur l’emploi et les revenus de certains groupes. Les jeunes, les femmes et les travailleurs relativement peu instruits, ainsi que les travailleurs de l’économie informelle, ont généralement été le plus durement touchés.
La pandémie va sans doute sensiblement aggraver les inégalités de revenus. Selon des estimations, près de 95 millions de personnes supplémentaires sont passées sous le seuil d’extrême pauvreté en 2020 par rapport aux projections établies avant la pandémie. De plus, les pertes d’apprentissage ont été plus marquées dans les pays à faible revenu et les pays en développement, où les élèves ont eu plus de mal à faire face aux fermetures d’établissements, en particulier les filles et les élèves de ménages à faible revenu. Les revers qu’a subis la scolarisation ont été inégaux et pourraient creuser davantage les inégalités de revenus.
De grandes incertitudes entourent les perspectives mondiales
Selon le rapport du FMI, c’est la trajectoire de la crise sanitaire qui déterminera l’évolution de la situation. Elle variera selon que les nouvelles souches de Covid-19 réagissent aux vaccins ou prolongent la pandémie et dépendra de l’efficacité des mesures que les pouvoirs publics prendront pour limiter les séquelles économiques, de l’évolution des conditions financières et des prix des produits de base, ainsi que de la capacité d’adaptation de l’économie.
Etant donné cette grande incertitude qui entoure les perspectives, les décideurs devraient privilégier des mesures qui seraient prudentes quelle que soit la situation dans le monde. Ils devraient par exemple renforcer la protection sociale en assouplissant les conditions d’admissibilité à l’assurance chômage de façon à inclure les travailleurs indépendants et les travailleurs de l’économie informelle, consacrer des moyens suffisants aux soins de santé, aux programmes de développement de la petite enfance, à l’éducation et à la formation professionnelle, et investir dans les infrastructures vertes pour accélérer la transition vers une économie moins tributaire du carbone.
De plus, ils devraient se préparer à adapter les mesures de soutien en faisant preuve de souplesse, en remplaçant par exemple les dispositifs d’urgence par une réaffectation des dépenses à mesure que la pandémie évolue, tout en préservant les dépenses sociales et en évitant de maintenir des dépenses inefficientes. Il est important d’inscrire l’aide à court terme dans des cadres crédibles à moyen terme.
Là où une dette élevée limite la marge de manœuvre, il convient aussi de chercher à en créer en augmentant les recettes (réduction des allègements fiscaux, amélioration de la couverture des registres et adoption de taxes sur la valeur ajoutée bien conçues), en rendant l’imposition plus progressive et en réduisant les subventions inutiles.
Le FMI estime en outre qu’il est essentiel de compter sur une forte coopération internationale pour atteindre ces objectifs et faire en sorte que les pays émergents et les pays en développement à faible revenu continuent de réduire l’écart entre leur niveau de vie et celui des pays à revenu élevé.