L’apport des fonds d’investissement revêt une grande importance en matière de financement des entreprises, notamment, les PME et les startups, notamment quand les autres sources de financement font défaut. C’est ce qui ressort d’un webinaire organisé par la CONECT en collaboration avec le programme de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) Tunisia Jobs autour du thème “Quels outils de financement pour la restructuration financière de la PME tunisienne impactée par la Covid-19 ? “.
Ce webinaire visant à informer les entreprises tunisiennes sur les solutions de financement existantes en dehors des circuits classiques a été l’occasion de présenter la place de marché digitale “JoussourInvest “, ayant pour objectif de rapprocher les entreprises à la recherche de financement des fonds d’investissement et de faciliter le financement par la digitalisation de la procédure, ainsi que les Fonds de restructuration “Inkadh” et “Mourafek” dédiés à accompagner la restructuration des entreprises en difficulté.
Le président de la CONECT, Tarak Cherif, a évoqué le problème récurrent d’accès au financement auquel font face les entreprises tunisiennes, notamment les PME et les startups, malgré le nombre élevé des banques tunisiennes qui sont en majorité des banques commerciales.
Ce problème est dû au manque de liquidités au niveau des banques qui ont souvent tendance à financer l’Etat à travers les BTA, les entreprises publiques sous la garantie de l’Etat et les grands groupes ayant les garanties nécessaires, et au nombre très réduit de fonds d’investissement en Tunisie, a-t-il dit.
Toujours selon Cherif, les fonds d’investissement apportent une approche différente de financement car ils prêtent beaucoup plus d’attention à l’idée du projet et à la viabilité du business model plutôt qu’aux garanties matérielles dont disposent les entreprises en quête de financement.
Cherif a formulé l’espoir que le nombre des fonds d’investissement augmente, que ces fonds s’orientent de plus en plus vers la spécialisation et vers une meilleure présence dans les régions intérieures où le potentiel de création de richesse est énorme mais mal exploité.
Il a par ailleurs, considéré que le financement via les fonds d’investissement permet aux entreprises tunisiennes d’éviter les taux d’intérêt prohibitifs appliqués par les banques, rappelant que le TMM en Tunisie, est le double de celui appliqué en Algérie et le quadruple de celui appliqué au Maroc.
Participant à cette rencontre virtuelle, Ines Allouche, chef d’équipe à USAID Tunisia Jobs, a rappelé que JoussourINVEST est la première place de marché digitale en Tunisie.
C’est une initiative de la Caisse des Dépôts et Consignations(CDC), la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis (BMVT) et l’Association Tunisienne des Investisseurs en Capital (ATIC) qui a été développée grâce au programme USAID Tunisia JOBS.
Lancée en septembre 2020, JoussourINVEST.tn a pour objectif de mettre en relation des investisseurs et des PME à la recherche de financement en capital, afin d’engager une restructuration financière suite à la crise du COVID-19, ou de renforcer et soutenir leur croissance.
Cette plateforme permet de digitaliser la soumission des demandes de financement en capital et la mise en relation entre les investisseurs en capital et les PME en quête de financement, et de faciliter les opérations de sorties des investisseurs de capital en faveur de nouveaux investissements dans les PME.
Allouche a rappelé que ” le lancement officiel de JoussourInvest a eu lieu le 24 septembre 2020. Au 7 avril 2021, 57 investisseurs y sont actifs et plus de 2100 PME y sont inscrites. 328 demandes d’investissement en capital ont été déposées via JoussourInvest “.
A cet égard, 2 opérations de cash-out ont été enregistrées pour un montant de 7 millions de dinars (MD) et 42 demandes sont en phase de ” due diligence “.
Quelque 6 transactions ont été bouclées d’un montant de 12 MD et 6 transactions sont en phase de concrétisation de levée de fonds pour 16 MD “.
Pour sa part, Jihen Ben Fadhel de MAC Private Management, a présenté le Fonds “Inkadh”, initié par l’intermédiaire en bourse Mac SA et l’Amen Bank et géré par la société de gestion Mac Private Management pour un montant global de 50 MD.
“Inkadh” qui constitue le premier fonds de retournement en Tunisie a été lancé en décembre 2020.” Le principe de ce genre de fonds est de fournir des capitaux aux sociétés en difficulté quand les autres sources de financement font défaut.
Il cible les entreprises existantes, ayant des problèmes de gestion, de vision ou stratégiques, et vise à financer leurs plans de redressement et à redéfinir leurs stratégies de développement, à travers une participation dans le capital et un pacte d’actionnariat “, a-t-elle précisé.
Et d’ajouter: “contrairement aux fonds de retournement, de par le monde, qui exigent généralement une participation majoritaire dans la société pour redéfinir sa stratégie de développement, le Fonds Inkadh se contente d’une participation minoritaire dans la société bénéficiaire et opère en collaboration avec un expert métier pour agir au niveau de la gouvernance de la société, orienter sa stratégie et engager sa restructuration”.
Le directeur général de Zitouna Capital, Mounir Fakhet a présenté le Fonds “Mourafek” géré par la société de gestion Zitouna Capital, pour un montant global de 40 MD. Ce fonds est destiné à financer la restructuration des TPE et des PME impactées par la pandémie de covid-19.
“Conforme à la charia” (Sharia-compliant), ce fonds cible les entreprises déjà établies qui ont été impactées par la pandémie, mais qui ont des business model viables et qui opèrent dans des secteurs porteurs.
Il opère à travers une prise de participation minoritaire dans le capital des sociétés bénéficiaires dans l’objectif de redresser leurs situations financières et d’équilibrer leurs fonds de roulement. Il intervient également, au niveau de la gouvernance des sociétés en question, à travers une présence dans les structures dirigeantes.
Rappelons, qu’en réponse à la crise COVID-19 en Tunisie, la CDC, avec le soutien de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) a souscrit à hauteur de 40% dans ces deux Fonds de restructuration. Ces fonds fourniront des tickets de financement de 1 à 5 millions de dinars par PME.
Ce financement aidera ces PME à restructurer leurs activités et à se positionner pour une croissance après la crise. La durée d’intervention de ces deux fonds au sein des entreprises bénéficiaires est de 5 ans en moyenne.