« L’innovation, c’est une situation qu’on choisit parce qu’on a une passion brûlante pour quelque chose », affirme feu Steve Jobs, le maître à penser de tous les jeunes férus de hautes technologies comme Yahya Bouhlel et pour lesquels créer par soi-même, innover et se réaliser ne relèvent pas de l’impossible.
Les jeunes tunisiens sont créatifs et sont doués pour élaborer, concevoir et développer des jeux vidéo et toutes sortes d’applications sur le Net.
Yahya Bouhlel, fondateur de « Gomycode », entré de plain-pied dans le monde des hautes technologies, à l’âge de 13 ans, le réalise à chaque fois qu’il rentre de ses périples internationaux, principalement des États-Unis.
Yahya Bouhlel qui, à 19 ans, en 2016, juste un jour après avoir obtenu les résultats du baccalauréat, quitte sa Sousse natale pour s’installer dans la capitale, a un grand amour : les hautes technologies dans toutes leurs composantes et toutes leurs dimensions. Entretien.
Racontez-nous Gomycode et vos débuts à Tunis.
Yahya Bouhlel : Après avoir décroché mon baccalauréat, j’ai décidé de prendre une année sabbatique (Gap year) pour lancer mon projet avant de poursuivre mes études universitaires, mais la start-up a rapidement évolué, nous avons gagné des concours internationaux et nous consolidons notre positionnement aussi bien national qu’en dehors de nos frontières. Nous avions commencé avec une idée très simple qui a eu le mérite de réussir.
Quelle est cette idée simple et magique ?
Il s’agit de proposer aux lycéens des stages de formation dans les jeux vidéo. Nous avons commencé par une petite niche qui a grandi. Nous avons créé la demande. Aujourd’hui, nous avons 30 parcours d’apprentissage et nous avons introduit dans nos cursus des enfants, des étudiants et des personnes actives. Nous formons des développeurs et des designers. 1 500 sont actuellement inscrits chez nous. Nous sommes une équipe de 80 personnes et nous avons 15 filiales implantées dans 8 pays.
Au démarrage de Gomycode, j’avais recruté deux bons profils pour assurer les formations avec moi, et nous avions 25 lycéens apprenants qui suivaient des stages pour le développement des jeux vidéo sur 5 semaines. J’avais moi-même conçu la première plateforme, le contenu, le site web, les bases pour l’apprentissage et la partie commerciale.
Qu’est-ce qu’il y a de spécial dans le contenu éducatif Gomycode ?
C’est la méthode qui est unique : notre modèle éducatif est interactif, c’est de l’apprentissage actif. Nos apprenants travaillent sur des projets, c’est du self learning. Notre contenu éducatif est le même que celui adopté à la Silicon Valley, et nous avons des instructeurs et non des professeurs.
De point de vue avancée technologiques et applications, nous avançons à la même vitesse que celle du fief des hautes technologies aux États-Unis. Ceci, même si la Tunisie, en tant que pays, n’avance pas à la vitesse du monde en la matière. Dans notre pays, nous discutons encore des payements en ligne humain à humain. Aux Etats-Unis, on parle de payement robot à robot ! Prenez l’exemple de la voiture intelligente Tesla, c’est elle qui règle les frais des payages.
Combien de projets avez-vous initié à Gomycode ?
Les étudiants travaillent sur différents projets, des jeux, des applications, des sites, des algorithmes qui peuvent servir aux prédictions, la prise de décisions, des moteurs de recherches et autres.
En fait, nous avons 4 écoles : l’école data-sciences (intelligence artificielle) l’école du Web (sites web, applications mobiles, plateformes), l’école de design (design interface et design produit) et école marketing digital (communication sur les réseaux sociaux et marketing technique).
Aujourd’hui, les métiers avancent à une vitesse vertigineuse avec une intervention de plus en plus importante des hautes technologies. 45% des métiers sont impactés par le digital. En Afrique, il y a plus de 400 000 postes d’emplois qui ne trouvent pas preneurs à cause de l’absence des profils adéquats. Les médias sont en train de muter, moins de lecture et plus d’audiovisuel. Aujourd’hui les journalistes doivent maîtriser les nouvelles technologies pour en user dans leurs médias comme prendre des images ou des vidéos en utilisant des drones.
A Gomycode, il y a des journalistes, des médecins et des avocats qui suivent des formations. Les nouvelles technologies sont indispensables pour pouvoir s’imposer dans le milieu professionnel. Toutes les formations visent à outiller les étudiants pour qu’ils créent leurs propres projets, et à la fin de la formation, ils sortent projets en mains.
Combien de projets ont été conçus chez vous ?
Nous avons eu plus de 10 000 étudiants, donc plus de 10 000 projets dont une grande partie peut être réalisée. Mais tout est dans l’écosystème, il faut une révolution pour changer les mentalités et les adapter à la révolution technologique et numérique mondiale.
Entretien conduit par Amel Belhadj Ali