Le personnel de l’agence Tunis Afrique-Presse (TAP) décide d’observer, le 22 avril 2021, une grève générale avec présence sur les lieux de travail, pour dénoncer l’obstination de la présidence du gouvernement à nommer Kamel Ben Younes à la tête de l’institution.
Dans deux préavis de grève, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) ont appelé la présidence du gouvernement à revenir sur cette nomination et à fixer des critères professionnels pour la désignation d’un PDG à la tête de la TAP afin de garantir l’indépendance de ce média public.
Il s’agit de la première décision de ce genre, depuis la création de l’agence TAP en 1961. Elle intervient dans un climat de tension marqué par un sit-in entamé il y a six jours par le personnel l’agence, en signe de protestation contre cette nomination.
La décision de nomination de Kamel Ben Younes à la tête de la TAP a paru au Journal officiel de la République tunisienne (JORT), le 6 avril 2021, date à laquelle le personnel de la TAP avait entamé un sit-in illimité au siège de l’agence.
Les journalistes et employés de la TAP justifient le refus de traiter avec Ben Younes par “son implication, avant la révolution, dans des atteintes à la liberté de la presse et d’expression et à l’action syndicale libre et ses tentatives de saper l’indépendance de la Ligue de défense des droits de l’Homme”. Le personnel de TAP accuse Ben Younes d’avoir participé dans une propagande au service du régime dictatorial et d’avoir réagi violemment à l’égard des femmes.
Le personnel de la TAP invite le chef du gouvernement à revenir immédiatement sur cette nomination “ouvertement politique” et à tenir l’agence à l’écart des tentatives d’instrumentalisation politique.
Il appelle également la société civile et toutes les forces vives qui croient réellement en la liberté de la presse et d’expression à être aux côtés de l’agence de presse nationale en cette phase délicate, marquée par les tentatives incessantes d’entités politiques de mettre la main sur les médias publics et privés.