Contribuer à la restauration du paysage forestier du chêne-liège qui connait une dégradation alarmante dans les subéraies de la région du Kroumirie Mogods et valoriser ce patrimoine national sont les objectifs du projet People & Cork (Gens et liège) ” Amélioration des valeurs du paysage culturel du chêne-liège en faveur d’un développement communautaire local dans les subéraies de la région du Kroumirie-Mogods “, lancé jeudi 15 avril 2021 par le WWF Afrique du Nord via la plateforme zoom.
Intervenant, la coordinatrice du projet au sein du WWF Afrique du Nord, Imen Khemiri a souligné que ce projet vise essentiellement à promouvoir les pratiques cultuelles et naturelles des utilisations traditionnelles et durables des paysages forestiers du chêne-liège en Kroumirie-Mogods et à valoriser le potentiel forestier de la région par la communication, le plaidoyer pour des politiques de soutien à la recherche et la promotion d’initiatives économiques durables et innovants.
” C’est un projet de 24 mois (Janvier 2021-Décembre 2022), qui cible la région Kroumirie-Mogods s’étalant sur trois gouvernorats (Jendouba, Béja et Bizerte) et qui sera mis en œuvre moyennant un budget de 150 mille euros mobilisé par la Fondation Mava “, a-t-elle précisé.
Ce projet ambitionne d’optimiser l’implication des populations locales dans la préservation du potentiel national du chêne liège à travers l’amélioration des connaissances sur les liens entre les pratiques culturelles et la biodiversité et le renforcement des capacités locales pour des pratiques de gestion améliorées et durables du paysage forestier du chêne-liège.
Toujours selon la coordinatrice du projet, une musée dédiée à la valorisation du chêne-liège sera créée à Tabarka en partenariat avec la municipalité outre le développement d’une stratégie de communication et d’un catalogue de paysage de la subéraie et l’application d’un système de labellisation WILD TUNISIA au paysage du chêne liège.
Les intervenants à cette journée qui sont essentiellement des représentants des organismes partenaires du projet (Institut sylvopastoral de Tabarka, Direction générale des forêts, Régie d’exploitation forestière…) ont surtout mis l’accent sur la dégradation des peuplements du chêne-liège dans les subéraies de la région du Kroumirie-Mogods ainsi que sur l’ampleur de la disparition spatio-temporelle et la vulnérabilité croissante de ces subéraies sous l’effet des activités humaines (surpâturage, coupes illicites d’arbres…), des incendies, des maladies mais aussi des changements climatiques.
Ils ont à ce titre appelé à une action coordonnée et impliquant toutes les parties prenantes ainsi que les populations locales pour préserver le paysage forestier du chêne-liège et optimiser son exploitation en prenant en considération tous les aspects environnementaux, culturels et socio-économiques.
A ce titre, Habib Kachouri de la Régie d’Exploitation forestière a fait savoir que les superficies des subéraies en Tunisie est passée de 127 mille hectares en 1950 à 99 mille hectares en 1991 et à seulement 90 423 ha en 2005. Ce chiffre devrait être encore plus bas aujourd’hui.
Il a soulevé la tendance vers la régression de la superficie des subéraies tunisienne de 22% (durant 40 ans) et 9% (durant 15 ans) soit l’équivalent d’environ 700 ha/an, contre une tendance vers l’augmentation des superficies des subéraies au Portugal et en Espagne respectivement de 25% et de 47%.
Toujours selon lui, la régression des subéraies tunisiennes est essentiellement due à l’absence de la régénération naturelle, aux incendies et aux ravageurs attaquant les peuplements, au dépérissement des feuilles et à l’absence d’un programme de plantation et de régénération assistée.
S’agissant de la production du liège, le responsable a fait savoir que la production totale du liège (liège de reproduction, déchet de liège, liège mâle, liège de ramassage) est passée de 90 655 quintaux durant la période 1959-1970 à 49 823 quintaux durant la période 2007-2018.
Il a aussi souligné le retard cumulé en matière de récolte de liège au cours des 12 dernières années (150 mille quintaux non récoltés) ce qui dégrade la qualité de liège disponible et représente un manque à gagner important sur le plan économique (recettes et emplois).