Le Tunisien est un homo Africanus qui est apparu sur le continent africain il y a 300 000 ans ; et il serait une sous-variante de l’homo sapiens.
Cet Homo Africanus a colonisé l’extrême nord du continent et lui a donné le nom d’“Africa“ dès le 2ème millénaire avant J.-C.
Ainsi, pour les Phéniciens qui se sont installés sur cette terre qu’on appelle aujourd’hui “Tunisie“ – terme apparu uniquement avec les conquérants arabes et musulmans au 7ème siècle après J.-C., ont utilisé le mot “Ifriqiya“ et ont appelé la population autochtone “africains“.
Ce terme sera repris par les Romains dès le 3ème siècle avant J.-C. avec l’Africa Vêtus et l’Africa Nova.
Le continent a même donné une famille africaine qui a régné à Rome, en l’occurrence les Sévères, et un empereur appelé l’Africain Septime Sévères, né à Leptis Magna, actuelle Lebda en Libye.
Tout ce rappel historique pour vous dire que l’Afrique c’est nous et que c’est notre Histoire. Sauf qu’on a été amnésiques plusieurs siècles durant.
Le commerce entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne est très ancien ; il remonte au 6ème siècle avant J.-C, avec l’expédition commerciale maritime de Hannon, selon les historiens.
Apparition de l’Homo Digitalis
Après le règne de l’Homo ecomocus pendant plusieurs siècles, il y a eu un nouveau variant qui est apparu il y a une trentaine d’années, en la personne de l’Homo Digitalis.
Cette nouvelle espèce s’est rendue compte que son prédécesseur (l’Homos economocus) avait accumulé un retard immense par rapport au reste de l’humanité, à savoir une faible connexion électrique, une faible adduction à l’eau potable, des indices de développement très faibles.
Or l’apparition du nouveau paradigme nommé “Digital“ va transformer ses rêves en réalité, en mettant en place une stratégie de raccourci technologique.
Le digital et le numérique vont donc permettre à l’Afrique de rattraper son retard. Le réseau sans fils va combler les insuffisances de la téléphonie classique. La FineTech va booster le taux de bancarisation d’un pays très pauvre comme le Niger, lequel taux de bancarisation passera de 12% à 80% de la population.
Grâce à l’internet et à la technologie 4G -et bientôt la 5G-, le digital va mettre à la disposition de l’Homo Africanus toutes les commodités de la vie moderne.
Si l’enseignement virtuel, la télé médecine, l’assurance Tech, le E-commerce, le E-administration ont un sens, c’est en Afrique qu’ils l’auront. Car il ne s’agit pas d’un luxe, d’une mode, d’un confort, d’une modernité, mais d’une nécessité vitale pour compenser des commodités qui n’existent pas encore.
Le Somaliland, où il n’existe que la monnaie digitale
La meilleure façon de faire passer mon message est de vous exposer des exemples simples et concrets, sur la manière de l’Homo Africanus d’utiliser le digital dans sa vie courante.
C’est au Somaliland, un Etat fantôme, non reconnu par l’Union africaine, encore moins par l’ONU, situé au nord de la Somalie, que la monnaie digitale est la plus utilisée.
Dans ce pseudo-pays, on n’utilise que la monnaie virtuelle, pour la simple raison que l’Etat n’a pas les moyens d’imprimer une monnaie fiduciaire.
Le transporteur El Ezza
Au Niger, un jeune transporteur de marchandises et de voyageurs a fondé une entreprise qu’il a appelée “El Ezza“ ; elle assure le transport des biens et des personnes dans un pays 3 fois plus grand que la France.
Les nigériens, ne disposant pas d’un système bancaire étoffé, ont profité de ce réseau de transport pour faire circuler et envoyer à leurs proches et leurs familles de l’argent.
En fait, ils ont utilisé un vieux concept comme la diligence qui a transporté la solde des soldats au Farwest dès le 18ème siècle, de ce qu’on appelle aujourd’hui les États-Unis d’Amérique. Ce qui a donné naissance aux premières banques wallo fargo.
Et sur ce même principe que le transporteur El Ezza s’est transformé en une banque d’un nouveau type.
En effet, il existait 3 types de banques : la Banque centrale, la banque d’investissements et la banque commerciale ; et le Niger a forcé la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest), le gendarme monétaire, de valider un nouveau type de banque de transfert, totalement digitale et virtuelle.
Il ne s’agit pas de fiction ou d’un pays de l’OCDE, mais c’est bien en Afrique que cette révolution ou transformation digitale a eu lieu.
Cap Vert, le pays-modèle !
Le dernier exemple, je l’ai découvert au Cap Vert, Etat insulaire d’Afrique de l’Ouest de 300 000 habitants, qui était inhabité jusqu’au 15ème siècle avant d’être colonisé par le Portugal, dont il a hérité la langue.
La chance de ce pays qui dispose de peu de richesses naturelles, qui souffre de l’aridité et qui a même connu 2 grandes famines, dont la dernière remonte à 1974, c’est qu’il est situé en plein océan sur 3 routes maritimes majeures, entre l’Amérique latine et l’Europe, puis entre l’Europe et l’Afrique, et enfin entre l’Afrique et l’Amérique latine.
D’ailleurs, tous les voyageurs marins ont fait escale, à un moment donné, dans ses îles : Hannon le Carthaginois, Christophe Colomb dans sa quête des Indes, Vasco De Gamma en recherchant une nouvelle route pour relier les Indes, ou Magellan dans son voyage du tour du monde.
Du reste, aujourd’hui une bonne partie du revenu du Cap Vert provient des taxes aériennes des compagnies et des avions traversant son espace aérien.
Le Cap Vert est traversé par 3 câbles sous-marins en fibre optique reliant les 3 continents, et dispose de ce fait d’un des meilleurs réseaux internet en Afrique.
La fibre optique est le seul lien physique entre les 12 îles composant le Cap Vert.
Avec un réseau internet à grand débit et un système d’éducation performant, le Cap Vert dispose d’un nombre relativement important d’ingénieurs en informatique d’un bon niveau technique.
Ces 2 conditions ont permis à ce petit Etat de développer, dès les années 90, un cloud national basé sur un Datacenter où sont hébergées toutes les applications du pays.
Les ingénieurs de la NOSI – l’équivalent de notre CNI en Tunisie – ont développé toutes applications dont le Cap Vert a besoin. Dont un système fiscal totalement digitalisé, ainsi qu’un système de gestion des élections permettant d’avoir les résultats le soir même des élections (un fait très rare en Afrique).
Et cerise sur le gâteau, lors de la crise de Covid-19, le Cap Vert a été le seul pays en Afrique qui est passé à 100% en mode virtuel d’enseignement.
L’Etat a doté tous les élèves de tablettes et de connexion Internet haut débit gratuitement, ce qui a permis d’assurer de façon continue l’enseignement.
Le fait de doter les élèves de moyens de connexion internet a poussé plus de 5 000 élèves ayant abandonné l’école de reprendre le chemin des classes virtuelles.
L’Afrique, un marché de qualité pour les technologies
Pour vous dire, mesdames messieurs, que l’Homo Digitalus à colonisé l’Afrique et qu’il a profité de la technologie pour transformer sa vie et son destin.
Reste à dire que l’Afrique n’est pas un marché de quantité, car tout le continent ne représente que 4% des dépenses de l’informatique mondiale et que l’Afrique du Sud s’accapare de plus de 60% de ces dépenses.
A contrario, l’Afrique est un marché de qualité, avec beaucoup d’innovation, car la demande du marché est très spécifique. Le digital n’est pas un luxe, une mode ou une facilité, c’est plutôt une nécessité et un moyen de résoudre des problèmes de la vie courante, que ce soit dans le domaine de l’éducation, la santé ou du commerce.
Pour finir ce papier avec le sourire, je vous livre une anecdote au Cameroun il y a plus de 20 ans, où avec le lancement de la téléphonie mobile, les filles de joie ont adopté la monnaie virtuelle, plus sécurisée.
Maarouf