“La Banque centrale de Tunisie (BCT) a choisi d’apprécier le dinar alors que l’économie tunisienne traverse une crise sans précédent”, a affirmé l’expert économique, Ezzeddine Saidane, dans un statut publié sur sa page Facebook.
” J’ai quotidiennement suivi les cours du dollar, de l’euro et de la somme de 1 euro et de 1 dollar (appelée M ), depuis le 2 janvier 2020 à ce jour.
“Ainsi, et en traçant la courbe de M (1 Euro + 1 Dollar), qui permet d’avoir une estimation précise du taux de change du dinar en neutralisant l’effet Euro / Dollar, j’en conclus que la BCT avait choisi d’apprécier le dinar, alors que l’économie tunisienne traversait une crise sans précédent “, a-t-il noté. “Malgré l’indépendance de la Banque centrale, la politique monétaire n’est pas indépendante de la situation de l’économie. La politique monétaire ne peut donc pas ignorer ce qui se passe au niveau de l’économie”. a-t-il averti.
Il précise qu’en situation de crise économique et en présence d’un déficit important de la balance commerciale, le fait d’empêcher la baisse de la valeur de la monnaie nationale aggrave considérablement la situation.
Pour Saidane, l’appréciation est de l’ordre de 2%, alors que le dinar aurait dû baisser pour refléter la situation économique difficile et permettre un meilleur ajustement de la balance commerciale.
” Une telle politique avait deux conséquences majeures. Premièrement, favoriser les importations et pénaliser les exportations. Le déficit commercial aurait dû baisser bien plus qu’il ne l’a fait, compte tenu de la forte baisse de l’activité économique (confinement général, puis confinement ciblé), et la croissance économique négative “.
L’expert rappelle également, à ce propos, que le niveau des réserves de change n’est pas significatif car provenant exclusivement des crédits extérieurs.
” Deuxièmement, cette politique va aggraver le niveau d’endettement extérieur. Le déficit commercial, qui est la principale composante du déficit courant, doit être couvert en devises, alors que ces devises proviennent des crédits extérieurs. Il faut rappeler que le taux de change, à part le fait qu’il indique la valeur de la monnaie nationale exprimée en unités de monnaies étrangères, est une variable d’ajustement de la balance commerciale et donc de la balance des paiements “.
D’après l’expert, “si la balance commerciale (importations et exportations de biens) montre un déficit par exemple, la baisse du taux de change de la monnaie nationale permet de réajuster la balance commerciale, en favorisant les exportations et en défavorisant les importations”.
Dans le cas (théorique pour la Tunisie) d’un excédent de la balance commerciale, la monnaie nationale a tendance à s’apprécier et à faire revenir la balance commerciale à l’équilibre “.
Dans sa publication, l’expert rappelle que les deux principales monnaies de paiements extérieurs de la Tunisie sont l’euro et le dollar.
A elles seules, ces deux monnaies représentent environ 80% des paiements extérieurs de la Tunisie.