La France, par l’intermédiaire de son président, Emmanuel Macron, se fait le défenseur de l’Afrique auprès des pays riches dans les domaines de la santé, de l’innovation et du financement. Pour ce faire, le chef de l’Etat français a convié à Paris, une trentaine de chefs d’Etat africains et de responsables d’institutions internationales pour un sommet sur les économies africaines.
Il faut dire que certes l’Afrique a été nettement moins touchée par rapport aux autres continents, en termes du nombre d’infections et de morts dus à la Covid-19, mais elle demeure sans doute la plus impactée économiquement.
« Les pays d’Afrique ne doivent pas être abandonnés et un important soutien financier est indispensable pour relancer leurs économies frappées par la pandémie de Covid-19 ». C’est le message principal qui s’est dégagé, mardi 18 mai 2021, à Paris lors du Sommet sur l’économie africaine qui a réuni une trentaine de chefs d’Etat africains et européens et responsables d’organisations internationales (le FMI et la SFI entre autres), à l’initiative du président français, Emmanuel Macron.
Dans le communiqué publié à l’issue du sommet, on peut également lire ceci : “Nous, les dirigeants participant au sommet, en présence d’organisations internationales, avons la responsabilité d’agir ensemble et de combattre la grande divergence qui est en train d’apparaître entre les pays et au sein de chaque pays”.
Cependant, il ne s’agit que des promesses, mais «… cet engagement doit se traduire par une accélération de la campagne vaccinale contre le Covid-19 et davantage de marges de manœuvre budgétaire pour les pays du continent africain », rapporte France 24.
Côté données chiffrées, le FMI estime que pas moins de 285 milliards de dollars de financements supplémentaires sur la période 2021-2025 seront nécessaires aux pays africains pour renforcer la réponse apportée à la pandémie, ajoute le communiqué.
Toujours selon nos confrères de France24, « … les participants au sommet envisagent une réponse en deux étapes : assurer les besoins de financement immédiats et renforcer le secteur privé, dont ils estiment que le dynamisme représentera un facteur de croissance à long terme ».
Dans son intervention, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a insisté sur le fait que « nous sommes réunis ici pour inverser ce qui s’est développé, un décalage très risqué entre les économies avancées et celles des pays en développement, en particulier en Afrique ». Et d’ajouter que le produit intérieur brut en Afrique ne croîtra que de seulement 3,2 % en 2021 contre 6 % dans le reste du monde.
Mobilisation de 100 milliards de dollars et transfert de technologies
Les participants du sommet ont abordé la question « d’une réaffectation des réserves du FMI (DTS ou droits de tirage spéciaux) des pays riches vers les économies en développement ».
A noter les ministres des Finances et gouverneurs de Banques centrales du G20, réunis en avril 2021, avaient soutenu un renforcement à hauteur de 650 milliards de dollars de ces réserves et la prolongation d’un moratoire sur le remboursement de la dette des pays les plus pauvres face à la crise du coronavirus. Seulement voilà, seulement 34 milliards de dollars de ces réserves seront allouées à l’Afrique. Donc nettement en dessous des besoins des pays africains. C’est pour cette raison que le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, plaide pour que ce montant passe à 100 milliards de dollars. Et pour donner l’exemple, il a annoncé que “la France et le Portugal ont déjà décidé de réallouer leurs DTS“.
Et ce n’est pas tout. Le président français appelle également à « des transferts de technologie et la levée des contraintes en termes de propriété intellectuelle ou de financement pour produire des vaccins contre la Covid-19 en Afrique », a-t-il indiqué lors de la conférence de presse conjointe de clôture du sommet.
Très engagé pour l’Afrique auprès des pays riches, Emmanuel Macron souhaite organiser, durant le deuxième semestre, « des mécanismes de réallocation et de financement pour atteindre l’objectif de 40 % des Africains vaccinés d’ici la fin de 2021 ».
Macron plaide pour un “New Deal” pour l’Afrique
Rappelons que ce sommet de Paris fait partie de l’initiative mise en place par le président français pour renforcer les investissements en Afrique. Et selon les prévisions, un déficit de 300 milliards de dollars attend le continent africain d’ici fin 2023. Dans ce contexte, la BAD (Banque africaine de développement) indique que quelque près de 40 millions de personnes sont menacées de tomber sous le seuil de pauvreté en 2021 pour cause de la pandémie de Covid-19.
Pour ne pas en arriver là et afin d’apporter un peu d’oxygène à ce continent, Emmanuel Macron estime nécessaire un « New Deal pour l’Afrique …».
Lors de cette conférence de presse d’après sommet, Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo et président en exercice de l’Union africaine, notera que « c’est une grande opportunité (…) de voir comment nous pouvons lever des fonds pour sauver l’Afrique, qui a été très durement touchée par cette pandémie ». Mais il invite toutefois ses compères africains à faire le nécessaire pour mettre en place des systèmes de gouvernance transparents, tout en créant des opportunités d’emploi pour la jeunesse africaine.