Exaltation “Mystère de la vie” est la première exposition de l’artiste Chahrazed Fekih qui se tiendra du 29 mai au 13 juin 2021 à la galerie Saladin à Sidi Bou Saïd.
Il s’agit, selon la commissaire de l’exposition, Rim Ben Boubaker, d'”une mutation vers une valorisation de la nature, qui débouchera sur l’exaltation de l’art contemporain”.
Révélant le mystère de la beauté, celle qui naît du geste de l’artiste ou celle de la nature, jouant sur l’ambiguïté visuelle entre l’une et l’autre de ses créations, l’exposition réunit l’art et le vivant.
“Toutes les idées sont dans la nature.. Elle est ce qui nous rattache à l’Universel, c’est ce qui fait qu’on est une part du grand Tout.” affirmait l’artiste. Interrogeant le mimétisme, la relation de réciprocité entre l’œuvre d’art et la nature, Chahrazed Fekih joue sur l’illusion et l’étonnement, éveille les sens et les perturbe. Ce vertige né de l’illusion et du doute face à ce qui naît de sa main ou ce qui apparaît comme un ” ready made ” naturel, conduit à une réflexion sur ce qu’est une œuvre d’art.
Elle pratique le dessin, exclusivement en noir et blanc, avec quelques touches de couleurs comme une promenade dans l’espace et le temps. Jouant de ses qualités plastiques, de sa relation au temps et à la narration, de ses capacités à dire le projet, le dessin est indissociable dans son travail, du dessein, de la ” chose mentale ” et toujours en relation avec une réflexion sur sa matérialité.
Ses œuvres de valeurs à l’encre noire sur le papier appellent à la contemplation de la nature réelle et imaginaire, de personnages, d’animaux, de végétaux et de chimères. La reproduction des formes de la nature est l’un des thèmes principaux de ses créations.
“Je copie et reconstruis les formes, les lignes et les mouvements des éléments naturels pour créer des ordres nouveaux…” citait l’artiste. Elle nous raconte une histoire avec des insectes créés à partir des lignes droites et courbes.
Le résultat est juste lyrique, poétique et fascinant. La nature qui représente la nature, quoi de plus beau ? Ce travail demande une vraie minutie et une rigueur à toute épreuve.
Des plantes figurent sur de nombreuses œuvres de chahrazed, signe de son observation attentive de la nature et de ses interactions avec les plantes qu’elle trouvait au quotidien.
Ses créations sont souvent allégoriques (émotionnellement, sexuellement et culturellement parlant). Elles témoignent de son esprit vif et de sa capacité à jouer avec les doubles sens. Il lui arrivait même de créer des personnages hybrides mi-plantes, mi-humains, pour se représenter elle-même, ainsi que son entourage.
Elle expose aussi la sensualité féminine dans de nombreuses de ses œuvres, elle a ainsi voué sa vie et l’ensemble de son œuvre à représenter des personnages féminins qui évoluent en fusion avec les éléments de la nature.
Les cheveux jouent également un rôle central dans les conceptions des tableaux.
Plantes, oiseaux et fleurs se confondent avec la chevelure de ses héroïnes pour offrir un symbole de paix et de cohésion. Si leur regard pourra sembler triste d’un point de vue occidental, il n’en est rien car cette neutralité peut exprimer une forme de pureté, de délicatesse et aussi de force et de maturité. A l’image d’une ” mère nature “, elles peuvent symboliser autant la fragilité du vivant que la puissance des éléments naturels.
L’exposition décline le thème de la nature, dans son sens le plus strict mais aussi lorsqu’elle prend des chemins de traverse. La diversité des formats, des techniques, des environnements artistiques ouvrent le regard vers une aventure visuelle éloignée de notre quotidien. Elle se veut un art qui rend hommage à la nature et à ses mystères dans sa dimension universelle, incluant l’humain comme partie intégrante de celle-ci.
Un art qui fait miroir à la nature et qui sonde la nature véritable de toute chose.
Si un message transpire des œuvres de Chahrazed, au-delà d’une certaine mélancolie, c’est bien que l’humain et la nature peuvent coexister. En la matière, il reste beaucoup de travail à l’humanité pour le démontrer dans le monde réel, précise la commissaire de l’exposition Rim Ben Boubaker.