« La meilleure raison pour lancer une entreprise est de créer du sens, de créer un produit ou un service qui contribue à améliorer le monde », affirme Guy Kawasaki, responsable marketing Apple pour lequel tout produit doit servir à aider les utilisateurs.

C’est à cet impératif qu’a répondu Bassem Bouguerra, fondateur de la start-up “IntiGo“. Il s’agissait de « faciliter la vie » de ceux et celles que les transports publics ne satisfaisaient plus et qui voulaient bénéficier d’un moyen de transport rapide et pratique. 

Le démarrage d’IntiGo n’a pas été un long fleuve tranquille. Beaucoup de résistances et de pressions auprès des autorités de tutelle pour empêcher la petite start-up de naître.

Et parce que Bassem Bouguerra fait partie des “winners“, et parce que le projet le “valait bien“, il a tenu bon et a réussi.

Aujourd’hui, il emploie 100 personnes, et sur le site d’IntiGo, les offres d’emplois n’arrêtent pas.

Entretien.

WMC : Racontez-nous votre parcours avant IntiGo ? 

Bassem Bouguerra : Ingénieur de formation, j’ai travaillé pendant 5 ans dans plusieurs boîtes aux Etats-Unis d’Amérique, y compris Yahoo ! à la Silicon Valley, jusqu’au jour où j’ai décidé de rentrer en Tunisie.

J’ai fait une pause professionnelle et j’ai intégré la société civile pour 2 ans, et ensuite, j’ai créé ma première start-up spécialisée dans le logiciel intelligent pour les drones.

J’ai fondé ma 2ème start-up Jobi.tn, puis j’ai intégré le fonds d’investissement IntilaQ comme directeur exécutif jusqu’au jour où j’ai senti que le monde des start-ups me manquait. C’est ainsi que j’ai fondé IntiGo.

Comment l’idée vous est venue de créer IntiGo ?

C’est un constat après la lecture d’un rapport publié par un institut d’études sur les plus grands problèmes auxquels le Tunisien fait face au quotidien. Le rapport indiquait que le transport est de loin le problème majeur du Tunisien. Je n’ai rien inventé, j’ai juste fait une petite recherche sur des pays qui nous ressemblent et qui ont essayé de résoudre le problème de transport. J’ai trouvé la start-up indonésienne Go-Jek. Le modèle pouvait être transposé en Tunisie.

IntiGo scooter et ensuite IntiGo Taxi, comment l’évolution s’est faite et pensez-vous à IntiGo bus ?

En fait, nous avons commencé avec les taxis scooters, puis nous avons essayé quelques idées comme “voiture privée“ et “IntiGo Kids“ (pour le ramassage des écoliers). Mais faute de législation et au vu des prix exorbitants de location des bus, nous n’avons pas pu développer ces services.

Nous avons, par contre, créé « IntiGo delivery » pour la livraison rapide des colis en utilisant des voitures comme les Tuktuks et les scooters. Grâce à la belle performance de l’équipe, nous figurons parmi les meilleures sociétés de livraison en Tunisie. D’autres services verront le jour bientôt, j’en parlerai au moment opportun.

Au démarrage d’IntiGo, vous aviez rencontré des résistances. Comment y avez-vous fait face ?

A nos débuts, nous avons rencontré tous genres de problèmes puisque l’idée est innovante en Tunisie, et on a tendance, par peur, à refuser tout ce qui est nouveau.

Nos problèmes étaient avec les Unions des taxis, le ministère du Transport et le ministère de l’Intérieur. On a pu “overcome” (dépasser) nos problèmes grâce au support énorme que nous avons reçu de la part des jeunes tunisiens qui nous ont poussé à ne pas baisser les bras.

Notre argument juridique étant plus convaincant que l’argument du ministère du Transport, nous avons fini par gagner la bataille.

Quels sont les appuis les plus importants que vous avez reçus ?

Nos premiers investisseurs s’appellent en anglais “Angel Investors”. Ils étaient vraiment des anges. C’est grâce à eux que l’expérience d’intiGo a réussi et remporté tous les challenges.

Avez-vous procédé à des levées de fonds ? Et de combien ?

Oui bien sûr, on a levé un peu plus de 4 millions de dinars que j’ai pu lever auprès des amis, de la famille et du Fonds d’investissement CAPSA.

Combien de postes de travail avez-vous créés ? 

Aujourd’hui, IntiGo a créé plus de 100 emplois directs. Personnellement je pense que c’est notre plus grand exploit en si peu de temps, alors que l’économie est en train de se rétracter et que les sociétés licencient leurs collaborateurs.

Projetez-vous de vous internationaliser ? 

Oui bien sûr, et c’est le rêve de chaque entrepreneur tunisien. Il faut juste choisir le bon timing, la bonne destination et surtout un bon produit qui puisse concurrencer à l’international. Toutes les options sont ouvertes.

A.B.A