” La Tunisie a perdu une grande partie de son rayonnement en tant que destination touristique mondiale depuis longtemps, pour des raisons structurelles et conjoncturelles “. C’est ce qu’a affirmé la présidente de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH), Dorra Miled, lors d’un dialogue à l’ARP, jeudi 3 juin 2021, avec la Fédération tunisienne des agences de voyages et de tourisme (FTAV), la FTH, et la Fédération tunisienne des restaurants touristiques (FTRT).
Notre présence à l’ARP a pour objectif de tirer la sonnette d’alarme pour sauver un secteur qui a beaucoup donné à l’économie tunisienne dans les décennies passées, a-t-elle dit.
Absence d’une stratégie claire
Pour elle, la dégradation du secteur est due principalement à l’absence d’une stratégie clairement définie au cours des 20 dernières années.
En effet, au moment où les marchés concurrents diversifiaient leurs produits et développaient leurs méthodes de commercialisation de leurs destinations et se dirigeaient vers de nouveaux marchés, le sort du tourisme tunisien était toujours entre les mains des grands tour-opérateurs étrangers, lesquels continuent à imposer leurs conditions et un produit touristique dominant, accuse Dorra Miled.
Selon elle, le tourisme moderne ne se limite plus aux plages et aux hôtels, et le touriste qui visite aujourd’hui la Tunisie est à la recherche d’expériences de vie et de découvertes sur l’histoire du pays et ses richesses naturelles et culturelles, ce qui est de nature à favoriser le tourisme dans les régions.
Causes intrinsèques et extrinsèques de la crise du tourisme
S’agissant des causes conjoncturelles de la crise du tourisme tunisien, la représentante des professionnels a précisé qu’elles sont liées à des crises nationales et internationales successives, telles que les attaques terroristes, les assassinats politiques, et la détérioration de la situation environnementale, citant particulièrement, l’absence de stabilité politique, précédée par la succession d’événements et de crises depuis les années 90.
D’après Miled, à la lumière de ces facteurs, la destination tunisienne a perdu sa compétitivité sur les marchés mondiaux, et l’apparition de la pandémie de Covid-19 (début 2020) a provoqué une paralysie totale du secteur et son effondrement.
Endettement: une responsabilité partagée
En ce qui concerne l’endettement des hôteliers, Miled précisera que ce dossier constitue une responsabilité partagée entre l’Etat, le secteur bancaire et les opérateurs touristiques, précisant que contrairement, aux informations propagées, aucune annulation de l’endettement du secteur n’ a eu lieu.
Une contribution de 14% au PNB…
Se référant à une étude menée en 2019 par la FTH, en partenariat avec l’une des principales entreprises spécialisées, la présidente de la FTH indique que la contribution du secteur touristique au produit national brut (PNB) est de près de 14%, ce qui fait du tourisme, de l’agriculture et de l’industrie, les principaux secteurs de l’économie nationale. Donc, la relance du secteur du tourisme permettra de redresser l’économie tunisienne, particulièrement les réserves en devises.
A cet égard, en 2019, avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19, les recettes touristiques ont couvert 35% du déficit commercial tunisien, a-t-elle rappelé, appelant à redoubler d’efforts pour sauver ce secteur.
Promesses non tenues…
La crise qu’il connaît intervient également suite aux promesses non tenues des gouvernements successifs et à l’absence de volonté politique de résoudre ce problème, ce qui a contribué à la hausse de la dette, après une saison touristique blanche en 2020, et une autre qui s’annonce en 2021, d’après Miled.
La FTH appelle à la création d’une Commission permanente au sein du Parlement chargée du tourisme, de la culture et de l’artisanat, dans l’objectif de faire de toutes les régions de la Tunisie des destinations touristiques, et développer une stratégie claire par toutes les parties.
La FTH recommande, en outre, d’accélérer la vaccination, une condition sine qua none pour le retour de l’activité économique en général et touristique en particulier.
Enfin, Miled invite les acteurs politiques à faire preuve de responsabilité dans les discours qu’ils prononcent ici en Tunisie ou à l’étranger, et à tenir compte de l’impact de certains propos sur l’image du pays et de l’Etat tunisien à l’étranger, ainsi que sur la situation des résidents tunisiens à l’étranger et sur l’économie nationale.